Centrafrique : Touadera sur un boulevard

En Centrafrique, la campagne pour la présidentielle du 28 décembre 2025 a démarré, le week-end écoulé. Mettant aux prises sept candidats dont le Président sortant, Faustin-Archange Touadera et deux anciens Premiers ministres, Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, ce scrutin, couplé à des régionales, législatives et municipales, se tient dans un contexte de tensions politiques et d’insécurité alimentée par des groupes rebelles.

S’il est candidat à sa propre succession, Touadera, 68 ans, brigue un 3e mandat, grâce à une révision constitutionnelle intervenue en 2023 et vivement décriée par l’opposition qui le soupçonne de vouloir se maintenir au pouvoir à vie. Une partie de l’opposition boycotte d’ailleurs ces élections et il faut craindre des remous.

Pour l’heure, la campagne se déroule globalement dans le calme et le souhait est qu’elle le demeure jusqu’à la fin. Les prétendants à la magistrature suprême se sont lancés à la conquête des électeurs à qui ils vont présenter leurs projets de société en vue d’obtenir leur confiance dans les urnes. Si la présidentielle, tout comme les autres élections associées, est importante pour la Centrafrique qui consolide tant bien que mal sa marche dans la démocratie, le jeu semble plié d’avance.

Il n’y a véritablement pas d’enjeu à ce scrutin présidentiel qui devrait consacrer la victoire de Touadera, à moins d’un tsunami électoral. Même le chef de file de l’opposition, Anicet-Georges Dologuélé, très critique envers sa gouvernance, ne semble pas à mesure de le faire trembler. Avec une décennie au pouvoir, Touadera, enseignant de Mathématiques et ancien recteur de l’université de Bangui, tient l’appareil d’Etat, un atout non négligeable face à une opposition divisée sur la stratégie électorale.

Elu en 2016 et réélu en 2020, le président sortant compte sur un bilan appréciable pour rempiler. Des avancées sont à mettre à son actif, en termes de réalisation dans divers domaines, et surtout en matière de lutte contre l’insécurité, avec une sécurisation de plus de 72 % du territoire par les Forces armées centrafricaines (FACA) et les forces internationales, depuis janvier 2024. S’il a engrangé des acquis et peut s’en enorgueillir, le vrai défi en Centrafrique reste la stabilisation sécuritaire et Touadera lui-même en convient.

Malgré les sacrifices consentis par le champion du Mouvement des cœurs unis (MCU), avec le soutien de certains pays amis et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique), le pays est toujours fragile sur le plan sécuritaire. L’insécurité demeure préoccupante au Nord et à l’Est du pays et sur les axes routiers, avec l’action des groupes armés, responsables de toutes sortes d’exactions et de tueries.

Plusieurs accords ont été signés avec des groupes armés, mais les menaces sécuritaires sont loin d’être écartées. Autant dire que si le Président Touadera est réélu, ce qui semble se dessiner, il devra redoubler d’effort pour ramener totalement la quiétude dans son pays. Il est temps que la Centrafrique qui a connu plusieurs guerres civiles
et vit actuellement une situation sécuritaire précaire, retrouve la stabilité tant espérée.

Kader Patrick KARANTAO

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