Au secteur 24 de Bobo-Dioulasso, capitale économique du Burkina Faso, se trouve une structure de promotion des principes écologiques dans l’agriculture de référence. Il s’agit du Centre agro-écologique et d’innovation (CAEI) du Houet. Créé en 2019, cet établissement incarne la fusion entre tradition et modernité dans le domaine de l’agriculture. Au sein de ses installations, une ferme écologique prospère où l’élevage, l’agriculture et la pisciculture sont pratiqués. A travers ces activités variées, le Centre offre des formations et accompagne des élèves, des étudiants et bien d’autres personnes qui s’intéressent à ce domaine. Immersion au cœur d’un centre promoteur de l’agro-écologie.
Le jour se lève doucement sur Bobo-Dioulasso, jetant ses premiers rayons dorés sur le Centre agro-écologique et d’innovation du Houet (CAEI), qui s’embrase d’une lueur accueillante. Ce jeudi 28 mars 2024, il est 8 heures 30 minutes. Le Centre s’anime avec l’arrivée de visiteurs avides de découvrir ses merveilles. Des enfants, éclatants de curiosité, débarquent d’une école de la place, impatients d’explorer chaque recoin de ce lieu magique.
Accompagnés par leurs éducatrices, les tout-petits entament la visite par une séance photo en capturant chaque moment enchanté parmi les canards qui vagabondent en arrière-plan, dans la canardière et les bassins regorgeant de poissons, symboles vivants de la pisciculture florissante du Centre. Pendant ce temps, deux stagiaires Ousmane Sankara et Joseph Dembélé, admis au Centre pour deux mois de perfectionnement, fraîchement sortis de l’Ecole nationale de formation agricole (ENAFA) de Matroukou, s’activent dans les jardins de tomates.
« Nous avons choisi le Centre agro-écologique et d’innovation du Houet pour parfaire nos compétences en agriculture », confie Ousmane Sankara. Sur une parcelle de 900 m2, les deux étudiants stagiaires s’attaquent à la culture de la tomate en utilisant un système d’irrigation gravitaire. Selon Joseph Dembélé, le choix de cette méthode d’irrigation se justifie pour sa simplicité et son accessibilité. Le futur agronome plein d’enthousiasme explique en détail le processus de mise en place des billons ou des buttes, avec des allées principales et secondaires pour guider l’eau vers les cultures.
Cette méthode, peu coûteuse et facile à mettre en œuvre, représente un choix judicieux dans la perspective de créer leur propre ferme agricole. Leur choix de se spécialiser dans la culture de la tomate s’explique par la forte demande sur le marché, l’écoulement facile des produits, ainsi que la relative facilité et la moindre pénibilité du travail associé. A travers leur engagement et leur détermination, Sankara et Dembélé incarnent la nouvelle génération d’agriculteurs conscients des enjeux environnementaux et économiques, prêts à relever les défis de l’agriculture moderne et durable.
Sensibiliser les enfants à l’importance de l’agro-écologie
Entre deux tâches, ils se préparent à guider les jeunes visiteurs à travers les installations du Centre offrant ainsi une expérience inoubliable où éducation, découverte et innovation se rejoignent dans un cadre verdoyant et accueillant. Les enfants, débordants de curiosité, se pressent pour explorer les diverses activités qui s’y déroulent. Ils explorent ainsi chaque recoin du Centre en s’imprégnant de son ambiance unique et de ses activités variées.
Ils découvrent avec émerveillement les différentes techniques agricoles mises en œuvre, du système de pisciculture intégrée à la culture hors sol, en passant par l’élevage de volailles et de petits ruminants. Les bassins de pisciculture, foisonnent de vie, attirent les regards émerveillés des petits visiteurs qui contemplent avec fascination les poissons qui évoluent gracieusement dans leurs eaux cristallines. Au fil des rencontres avec les animateurs du Centre, les enfants s’enrichissent de connaissances nouvelles.
Ils apprennent ainsi l’importance de préserver l’environnement et de promouvoir une agriculture respectueuse des ressources naturelles. Souvent on entend : « Qui connait cette plante ? Qui a déjà mangé son fruit ? » « Moi, moi, moi », s’empressent-ils de répondre souvent avec de fausses réponses. Chaque interaction est l’occasion d’éveiller leur curiosité et de les sensibiliser aux enjeux cruciaux de l’époque en matière de développement durable et de sécurité alimentaire.
Selon la directrice de l’école, Virginie Olga Sanou, l’objectif de cette visite est de sensibiliser les enfants à l’importance de l’agriculture écologique et de leur permettre de découvrir les différentes facettes de ce domaine. « Cette sortie permet aux enfants de découvrir un certain nombre de plantes et surtout la pratique de la culture hors-sol, ce qui enrichit leur compréhension de l’agriculture durable », affirme-t-elle.
A écouter la directrice, cette immersion dans le monde agricole offre aux enfants une expérience concrète et vivante, toute chose qui va renforcer leur compréhension et leur engagement envers les pratiques agricoles durables. « En montrant aux enfants ces pratiques innovantes et durables, nous espérons les inspirer et les encourager à prendre conscience de l’importance de préserver l’environnement et de promouvoir une agriculture respectueuse des ressources naturelles », indique Mme Sanou.
Promouvoir une agriculture écologique et durable
Selon le fondateur du Centre agro-écologique et d’innovation du Houet, Gaston Dossoun Sanou, son espace est engagé dans le développement durable et intervient dans plusieurs domaines.
« Depuis notre reconnaissance en 2020, nous avons mis en place un large éventail d’activités visant à promouvoir une agriculture écologique et durable », déclare-t-il.
En plus du rôle de formation et d’accompagnement des promoteurs dans les domaines agricoles, poursuit M. Sanou, le Centre met l’accent sur la culture hors sol et les énergies renouvelables. Dans le même ordre d’idées, la ferme écologique du Centre sert de lieu de production intégrée de poissons, de volaille, de ruminants et de cultures maraîchères. « Nous avons intégré des bassins piscicoles avec des poulaillers pour favoriser la symbiose entre la pisciculture et l’agriculture.
Cette approche permet une utilisation efficace des ressources, notamment en réutilisant l’eau des poissons pour l’irrigation des cultures », ajoute Gaston Dossoun Sanou avec fierté. Cette approche permet d’utiliser l’eau des poissons pour la production maraîchère du Centre. Cela permet une fertilisation naturelle des sols pour une production locale et durable car l’eau du poisson contient de l’engrais et permet de moins polluer l’environnement.
A l’écouter, les légumes produits au Centre sont de haute qualité et exempts de pesticides et d’autres produits chimiques. « Nos produits répondent à la demande croissante des consommateurs pour des aliments sains et écologiques », précise le fondateur. Dans la production maraîchère, le Centre pratique différents systèmes d’irrigation allant du goutte-à-goutte, en passant par l’aspersion à la gravitaire.
« Comme spéculations nous cultivons les tomates, les aubergines, les choux, les oignons, les poivrons tout en faisant d’abord les expérimentations et après la production en hors sol », fait savoir Gaston Dossoun Sanou visiblement satisfait de la production du centre. La culture des herbes fourragères est l’un des aspects essentiels de l’élevage durable pratiqué au CAEI du Houet. « Nous consacrons une superficie de 200 m2 à la production d’herbes fourragères destinées principalement à nos animaux, tels que les bœufs, les moutons et les chèvres », nous révèle l’employé du Centre, Sou Romaric Sanou.
A l’écouter, cette herbe joue un rôle « crucial » dans l’élevage au Centre, car elle permet de minimiser les coûts d’alimentation des animaux tout en assurant leur bien-être. Il met en avant la rapidité de croissance de ces herbes fourragères, qui selon lui, une fois coupées, repoussent en une semaine seulement. « Cette croissance rapide nous permet de maintenir un approvisionnement constant en fourrage frais pour nos animaux. Chaque semaine, nous procédons à la coupe, garantissant ainsi une alimentation saine et équilibrée pour nos pensionnaires », ajoute-t-il.
En ce qui concerne le cheptel du Centre, Sou Romaric Sanou compte une trentaine d’animaux, bénéficiant tous de cette alimentation naturelle et abondante en herbes fourragères. Quant à la formation, il souligne l’importance de partager les connaissances et les meilleures pratiques avec les apprenants venant de diverses écoles de formation. « Nous sommes fiers d’accueillir chaque année un nombre important d’étudiants pour nos formations en pisciculture, culture hors-sol et élevage avicole des petits ruminants », déclare-t-il. Selon ses dires, l’objectif est de former la prochaine génération d’agriculteurs conscients des enjeux environnementaux et capables d’appliquer des méthodes innovantes et durables.
Le fondateur met également en lumière l’engagement du Centre envers les énergies renouvelables, notamment l’utilisation de l’énergie solaire pour alimenter les différentes installations du Centre.
« Nous croyons fermement en l’importance de réduire notre empreinte environnementale et de promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de la planète. C’est notre façon de contribuer à un avenir plus durable pour notre communauté et notre environnement », conclut-il.
Noufou NEBIE