
Aujourd’hui, 15 octobre 2025 marque le 38e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara. A l’occasion, le président du Comité international du mémorial Thomas-Sankara a accordé une interview à Sidwaya. Il revient sur les acquis de la Révolution sankariste, le projet du mémorial, la RPP en cours au Burkina…
Sidwaya (S) : Qui est le colonel-major Traoré ?
Daouda Traoré (D.T) : Merci d’être venu à nous. Merci pour ce sacerdoce que vous menez, pour le bien de notre pays, l’information du peuple. C’est cela aussi le combat révolutionnaire. Je suis le colonel-major à la retraite Daouda Traoré. J’ai été un compagnon du Président Thomas Sankara avant la Révolution. Et je m’efforce de devenir son camarade, un perpétuer de ses idéaux, aujourd’hui aussi. J’ai été, entre autres, membre du groupe politique du Conseil national de la Révolution (CNR). Thomas Sankara m’a fait l’honneur de me confier la Douane, que j’ai dirigée à l’âge de 24-25 ans. Il m’a aussi confié la Délégation du peuple au logement. Et j’étais aussi chargé de passer certains messages à des circonstances importantes, comme la prise du pouvoir, les mesures importantes, la communication de guerre, la malheureuse guerre qu’on a eu avec le Mali. Actuellement, je suis président du Comité international du mémorial Thomas-Sankara.
S : Comment est née justement votre amitié avec le capitaine Thomas Sankara ?
D.T : C’est un ainé à moi, un de mes devanciers au Prytanée militaire du Kadiogo(PMK). Et vous savez, quelqu’un comme Thomas Sankara, il ne passe pas inaperçu quelque part. Donc, nous avons eu connaissance de son passage au PMK quand je suis arrivé. Et puis, j’ai eu le grand privilège de l’avoir connu pendant la première guerre que le Mali nous avait déclarée en 1974. Thomas Sankara était cet officier brillant dont tout le monde parlait et qui a eu des hauts faits de guerre. Bon, j’ai dit la malheureuse guerre que Moussa Traoré nous a imposée, donc la première guerre qu’il nous a imposée. Et on entendait parler du lieutenant ou du capitaine Thomas Sankara à la radio. Quand un certain Paul Ismaël Ouédraogo, un des doyens de la presse, parle d’un personnage, de ses hauts faits, on a été très impressionné. Et puis, j’ai cherché à le voir. J’ai eu beaucoup d’admiration pour lui. Ensuite, il y a eu d’autres péripéties. On a eu des occasions de mieux se connaître. Et c’est surtout au coup d’Etat du 7 novembre 1982 que nous nous sommes connus dans le cadre du Conseil provisoire de salut du peuple (CPSP), qui est devenu après le Conseil de salut du peuple (CSP). J’y étais membre des organes, commission de contrôle, il était le Premier ministre. Le 17 mai, on connaît les péripéties. Nous avons préparé la prise de pouvoir avec lui. Malgré le fait qu’il était en détention, il était très actif. Et puis, on a pris le pouvoir. Cela a été un privilège pour moi. Je ne peux pas dire que c’était un ami. Parce que dire que c’était un ami, c’est comme si on se côtoyait, on avait la même classe d’âge. Mais évidemment, après qu’on s’est connu, c’est devenu une fraternité, une camaraderie, une amitié sincère que j’essaie de préserver jusqu’à ce jour.
S : Pressentiez-vous en lui un homme au destin national, voire mondial ?
D.T : J’avais ce souhait parce qu’il tranchait, sortait de l’ordinaire. C’était un personnage, un officier de valeur. Lorsqu’un un officier de valeur qui est très au-dessus de la mêlée, on se dit, soit c’est l’armée qui va se transformer, de par son exemple, son leadership, ou alors, c’est dans les arcanes du pouvoir qu’il va transformer les choses. Donc, nous avions notre groupe d’élèves officiers et puis, on scrutait, on suivait le personnage Sankara. Quand on l’a obligé à entrer contre son gré dans le gouvernement de Saye Zerbo , nous étions un peu déçus. Mais quand nous avons appris qu’on l’avait nommé contre son gré et qu’on lui avait fait promesse de le remplacer au bout de trois mois maximum et surtout quand il a démissionné avec fracas, nous nous sommes dits, voilà ! On savait qu’en tout cas, il y aurait quelque chose. On pouvait compter sur lui.
S : Alors, quel était le niveau de Sankara durant toutes ces années passées à ses côtés ?
D.T : Ah Sankara ! Je retiens de lui un homme intègre. Dans le vrai sens du terme, un homme intègre, un leader qui donne l’exemple. C’est-à-dire un leader qui ne dit pas, allez-y, faites ceci. Mais qui dit, venez, suivez-moi, faisons ceci. C’est aux antipodes d’un peu de ceci, un peu de cela, de quelqu’un que vous connaissez bien. Sankara était honnête et déterminé dans tout ce qu’il entreprend. Il n’entreprend pas quelque chose de mauvais. Il est déterminé. Il avance et fait avancer. Il était honnête, plein d’humilité et je cite souvent ce qu’il a dit. Il dit : « qu’il est un palmier ou un rônier ». Vous connaissez, les palmiers, les rôniers, l’ombre, c’est au loin qu’elle se ressent. Tous ceux qui étaient proches de lui n’avaient pas d’avantages particuliers, tant au niveau de sa famille que de ses camarades de lutte. J’ai passé toutes ces années avec Sankara sans avoir eu une seule décoration, une indemnité dans toutes les fonctions que j’ai occupées, que ce soit à la Douane ou à la Délégation du peuple au logement. Pas un salaire particulier, pas une quelconque indemnité. C’était cela l’homme. Un homme de confiance, rigoureux et surtout envers ceux

sur qui, il comptait. Vous savez qu’il s’est formé toute sa vie pour occuper le destin qui a été le sien. Dès le primaire, il était un leader parmi ses camarades. Vous vous rappelez cette anecdote, on dit qu’il est allé descendre très rapidement le drapeau français, parce que le pays était indépendant. Il a fait avant même l’autorisation. Il s’est formé. Il lisait beaucoup. Il s’est beaucoup cultivé. Avec ses hommes, au Centre national d’entraînement commando (CENEC), c’était un exemple. Avant cela, au niveau du Groupement d’instruction des forces armées nationales, c’était un exemple. Il formait les soldats. Il alphabétisait les soldats. Ce qui n’était pas dans ses tâches. Au CENEC, il a encore beaucoup fait et pour son peuple, il s’est sacrifié. Comme on le dit, voilà le monsieur qui s’interdisait de boire de l’alcool, de fumer, de boire du café pour que sa main ne tremble pas, en tant que chirurgien qu’il voulait devenir. Après qu’il ait opté pour être officier d’infanterie commando, il disait que son doigt ne tremble pas sur la détente. Sankara, on ne peut pas finir d’en parler ni de le qualifier.
S : Pensez-vous que si le 15 octobre 1987 n’avait pas eu lieu, la destinée du Burkina aurait fondamentalement changé ce jour ?
D.T : Oui. Je suis persuadé que la situation de ce pays aurait été meilleure, fondamentalement meilleure. Regardez ce qui a été fait en quatre ans de Révolution démocratique et populaire en termes de réalisations. Nous avons fait un recensement et on s’est rendu compte que beaucoup de choses ont été faites. Tout cela, nous l’avons présenté pour qu’il soit déclaré héros de la Nation, sur tous les plans. Que ce soit sur les plans militaire, sécuritaire, agricole, l’élevage, la révolutionnarisation de l’armée, la réforme de l’éducation…, l’aura de Sankara a touché sur tous les plans. Il n’y avait pas les réseaux sociaux comme aujourd’hui. Et ensuite, en termes de cohésion sociale, Sankara travaillait pour que l’expression et la planification des besoins des populations se fassent à la base. D’abord à travers les Comités de défense de la Révolution (CDR). Certains n’en voient que les mauvais côtés, les dérapages qu’il y a eu, mais tout ce qui a été fait sous la Révolution n’a réussi que grâce aux CDR. Ces comités devaient être mis à contribution pour, évidemment, exprimer les besoins des populations. On ne devait pas s’asseoir à Ouagadougou et dire qu’il faut faire ceci ou cela. On ne décidait qu’après que les gens de la localité aient exprimé leurs besoins. Il y avait ce que nous étions en train d’opérationnaliser, les pouvoirs révolutionnaires provinciaux. C’était des mini-gouvernements au niveau des provinces qui devaient décider de ce qui devait être fait et ensuite la planification, l’arbitrage se ferait. Avec cela, les besoins des populations ne pouvaient qu’être pris en compte. Sankara, c’était cet homme de valeurs qui n’avait pas de pacte avec qui que ce soit ne respectant pas son peuple, ne se battait pas pour la liberté, l’indépendance. C’est ainsi que des gens comme l’ex-Président libérien, Charles Taylor, ont essayé d’avoir le soutien de Thomas Sankara qui les a envoyés promener. Mais, on verra qu’après, Blaise Compaoré les a soutenus. Cela, je le cite comme exemple pour aussi dire que Sankara n’aurait jamais pactisé avec les terroristes. C’est ce que Blaise Compaoré a fait et voilà aujourd’hui, les conséquences en termes d’insécurité sur notre pays. On n’aurait pas connu cette insécurité qui nous mine depuis près de dix ans maintenant, si Sankara avait été là. Ensuite, la moralisation de la vie publique. Sous la Révolution, il ne venait plus à l’esprit de quelqu’un de traficoter ou de s’amuser. Les Tribunaux populaires de la Révolution (TPR) ont ouvert les yeux des gens et chacun se battait pour être propre, pour moraliser sa vie. Les fonds publics étaient utilisés avec parcimonie, efficacité et efficience. Tout cela évidemment dans le cadre de la bonne gouvernance. L’armée cultivait, élevait, formait le reste de la population, mais sans se départir de son rôle de défense du territoire. Sous Sankara, les régions militaires ont été déployées. L’armée de l’air a connu
un développement sans précédent, sous Sankara. Il a équipé notre pays de petits avions d’observation, de surveillance, mais aussi de combat, du type CIA Martuti. On n’en avait au moins une vingtaine. Sous Sankara, on formait les pilotes au Burkina. Il ne disait pas « faites ceci ». Il dit « suivez-moi ». Sankara pilotait. Il s’est formé à Ouagadougou comme pilote. Cela, beaucoup de gens ne le savent pas. On a formé des pilotes au Burkina. On avait des avions armés pour le combat. Et un des chefs d’Etat-major, sous Blaise Compaoré, a rappelé qu’il voulait réactiver les avions et l’attaché militaire français s’est opposé. Et il a dit : « non, je vais le faire, nous sommes indépendants ». Après, c’est Blaise Compaoré qui l’a appelé pour lui dire « pas question !» Vous imaginez ? Sankara a rendu aussi l’armée vraiment opérationnelle et toutes les unités étaient opérationnelles. Sankara s’est battu aussi pour le développement endogène et la défense de la liberté partout dans le monde. Rappelez-vous son discours aux Nations unies. Pour ce qu’il faisait à l’intérieur déjà, la conscientisation des masses, les réalisations, au niveau diplomatique et international, je pense que Sankara aurait réussi. Parce qu’il y a beaucoup de pays qui, comprenant qu’on ne pouvait pas téléguider Sankara, commençaient à venir à nous pour travailler en gagnant-gagnant.
S : Avec le recul, que représente pour vous cette fatidique date du 15 octobre 1987 ?
D.T : Le 15 octobre représente pour moi une véritable tragédie. Je suis toujours sous l’émotion et sous la colère à cause de ce 15 octobre. Le 15 octobre a vu le passage à l’acte de traîtres qui étaient dans le fruit de la Révolution, comme quand les vers sont dans le fruit. Le 15 octobre représente pour moi, un enseignement et doit servir à ceux qui dirigent aujourd’hui, ici comme ailleurs. Comme quoi, ce n’est pas parce qu’on dort sur la même natte qu’on fait les mêmes rêves. Pendant que les gens se saignaient, travaillaient sans salaire et que le président se contentait de son salaire de capitaine, menait une vie dure, austère à la limite, des gens se ‘’sucraient’’. Des gens tramaient contre la Révolution pour tuer Sankara. Le 15 octobre pour moi, des patriotes ont versé leur sang pour ensemencer la terre du Burkina. Le 15 octobre est pour moi, un enseignement, au-delà de la tragédie qu’il y a eu. Au-delà de la douleur, c’est un enseignement qu’il ne faut pas tergiverser avec les traîtres. C’est un enseignement qu’il faut être sans pitié avec les traîtres et penser au peuple, à l’intérêt supérieur de la nation. Même si on a des scrupules, des hésitations, il faut penser au peuple, au sort malheureux qui peut être celui du peuple. On doit se dire : pas de pitié pour les traîtres. Regardez les 27 ans que Blaise Compaoré a passés au pouvoir, si Sankara savait que le peuple allait traverser 27 ans de trahison, de honte, de bataille de sa dignité, peut-être qu’il aurait hésité. Mais Sankara n’a jamais voulu qu’on dise un jour que la Révolution a bouffé ses enfants, comme on le dit partout, quand les gens font la Révolution et après s’entretuent. Sankara a refusé cela. Je sais que cela a beaucoup joué sur sa décision. Il a énormément mis au diapason l’amitié. Donc, ce 15 octobre, je suis encore en colère. Je pleure les camarades qui sont morts. J’exprime ma solidarité à leurs familles. Les douze camarades qui sont tombés avec Sankara ne sont pas les seuls. Il y a au moins dix-sept autres qui ont été assassinés au Camp de Kamboinsin (Ouagadougou). Il y a eu la boucherie de Koudougou. D’autres personnes ont été assassinés à Ziou. En plus de la justice qui a été finalement rendue grâce à votre lutte, la lutte de tous ceux qui ont vécu ces périodes révolutionnaires, finalement, il y a eu gain de cause du côté de la justice et un mémorial est en train d’être érigé en hommage à Thomas Sankara et ses douze compagnons.
S : En plus de la justice qui leur a été rendu, le 17 mai 2025, le monde entier a rendu un hommage à Thomas Sankara et ses 12 compagnons en leur dédiant un mausolée. Un soulagement pour vous et le Comité international mémorial Thomas-Sankara ?
D.T : Oui. Cela nous a énormément soulagé et satisfait. Une satisfaction d’autant plus importante que nous avons vu que Sankara et ceux qui sont morts avec lui et nous autres qui avons lutté avec lui, nous n’avons pas prêché dans le désert. Il faut dire que cela faisait des années que nous cherchions à réaliser le mémorial. C’est sous l’ancien Président, Roch Marc Christian Kaboré, que nous avons eu la possibilité d’utiliser le site du mémorial. C’est lui qui nous l’a octroyé, même si on n’avait pas eu tous les documents. Il a soutenu la création du mémorial, au niveau des textes et autres. Il l’a soutenu et après c’était difficile. Le Président ghanéen Rawlings et d’autres nous ont accompagnés dans le projet. Mais souvent, selon les ministres chargés de la Culture, les choses avançaient ou reculaient sans qu’on ne puisse avoir des interventions, des directives permettant de les remettre sur les rails. Il a fallu l’arrivée du Président Ibrahim Traoré pour accepter de prendre le flambeau de la Révolution. Nous avons compris que vraiment d’autres motifs de soulagement viendraient. Et voici que le mémorial a commencé à prendre de l’ampleur, qu’il en a fait une affaire d’Etat, un projet prioritaire. Voici que Thomas Sankara et nos camarades vont reposer en paix, sur cette terre où les ennemis ne voulaient pas du tout les voir, parce qu’ils sont allés les jeter à Dagnoen, permettez-moi l’expression. Ils ont été ramenés ici, et voici que se dresse le mausolée. Une belle œuvre architecturale d’hommage et de dignité pour les gens qui ont sacrifié leur vie. Nous avons été satisfaits et nous sommes satisfaits parce que nous connaissons les plans de Son Excellence Ibrahim Traoré pour ce mémorial, qu’il a trouvé. C’était créé, mais il a donné une force inégalée et il continue. Je crois que quelque part, il y croit même plus que nous maintenant.
S : Justement, quel était l’intérêt d’offrir une sépulture digne de ce nom aux victimes du 15 octobre ?
D.T : L’intérêt, c’est d’abord saluer la mémoire de Thomas Sankara et de ses compagnons. C’est aussi dire qu’ils ne sont pas morts pour rien. Nous estimons qu’ils sont vivants parmi nous. L’intérêt, c’est aussi pour dire à ceux qui sont vivants qu’en donnant leur vie pour la patrie, elle demeure reconnaissante ; et tôt ou tard, elle les met au panthéon des Hommes dignes et intègres. Le mausolée est également un soulagement pour les familles.
S : Après l’inauguration du mausolée, quelles sont les infrastructures prioritaires à réaliser dans les prochains jours ?
D.T : Le chef de l’Etat, le gouvernement, a mis en place un projet. C’est le projet de construction des infrastructures du mémorial Isidore Noël Thomas Sankara. Ensemble, nous allons réaliser les autres infrastructures. Il y a, par exemple, la tour Thomas Sankara, qui est une tour géante de 100 mètres, qui va être liée au parc Bangr-weogo par un téléphérique. Vous voyez l’hommage qui est rendu à Sankara ! Mais aussi le service que Thomas Sankara rend aux peuples africains et au monde entier. Et, les gens viendront de partout pour voir cette tour, pour aller en hauteur, pour visiter Bangr-weogo. Ce sera une prouesse technologique. Tout cela est conçu par notre compatriote, Diébédo Francis Kéré, qu’on ne présente plus, dans le monde entier. Il a eu le prix Nobel d’architecture. C’est une fierté pour nous. Il y a le parc Thomas-Sankara qui sera réalisé dans la zone. Nous vous réservons la surprise. Il y aura une quinzaine d’infrastructures qui vont être sur ce site.
S : Disposez-vous de fonds nécessaires dans l’immédiat pour ne pas que les travaux piétinent ?
D.T : Nous disposons plus que du fonds nécessaire. Les espèces sonnantes vont venir. Mais ce qui est très important, c’est ce qu’il y a dans le cœur des gens. C’est Sankara qui est dans le cœur de millions personnes. C’est le Président Ibrahim Traoré qui est le porte-flambeau de cette initiative. Nous pensons que c’est le plus important. Nous sommes actuellement sur les mécanismes de mobilisation des ressources, des collectes populaires, institutionnelles etc. Et le 14 octobre dernier, il y a eu le lancement d’une opération dénommée « Ma brique pour Sankara ». Nous allons ainsi inviter tout le monde à contribuer. Aussi, le gouvernement, avec ses partenaires, a pris déjà les dispositions pour mobiliser, sécuriser les fonds nécessaires chaque année pour l’évolution du projet. Nous avons beaucoup d’espoir.
S : En marge de l’inauguration du mausolée, un appel à la mobilisation des ressources pour la poursuite des travaux a été lancé. Pensez-vous que les Burkinabè et même les Africains laisseront parler leur cœur ?
D.T : Je le pense. J’ai beaucoup d’espoir non seulement aux Burkinabè, aux Africains, mais aussi au monde entier. Avec cette initiative de collecte de fonds, les gens vont répondre favorablement. Je les y invite. Je lance un appel partout, à tous ceux qui ont connu Sankara, l’ont aimé, qui aiment le Burkina et qui aiment Ibrahim Traoré, à se lancer dans la collecte des fonds. En plus du Comité international mémorial Thomas-Sankara, nous souhaitons que tout le monde s’investisse. Des mécanismes sont mis en place pour contribuer en ligne, en toute transparence.
S : Si le mausolée est une réalité aujourd’hui, c’est en grande partie grâce au Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré qui a cru au projet. Que pensez-vous du président du Faso ?
D.T : On pourrait passer la journée a y parlé. Ibrahim Traoré est un homme intègre. Je risque de reprendre les propos que j’ai dits sur Thomas Sankara. Ibrahim Traoré place les intérêts du peuple avant les siens. Cela se traduit par ces actes : son salaire, son sacrifice, son combat, le fait même qu’il va sur le terrain, de combat malgré qu’il soit chef de l’Etat. Ibrahim Traoré est un anti-impérialiste convaincu. Il n’agresse pas mais, il défend son peuple. Maintenant, lorsque des individus ou des dirigeants se trouvent offusqués, parce qu’Ibrahim défend son peuple, il ne passe pas par quatre chemins pour dire la vérité. Ibrahim Traoré est un patriote. Et Ibrahim Traoré est un homme de vision. Nous, on a fait la Révolution de 1983-87. Nous sommes là, un peu comme des sentinelles ou des témoins. Nous voyons les parallèles que Ibrahim Traoré établit. Voyez les camps-vacances Faso Mêbo qui vont être généralisés, l’immersion patriotique obligatoire, le combat pour le développement endogène, le raffinage de l’or dans notre pays. Le combat pour l’agriculture qui occupe plus de 90% de nos populations.
Citez-moi où on laboure gratuitement les terres pour les populations. Où on donne les engrais gratuitement. Qui pouvait imaginer, en matière de santé, qu’on pouvait baisser les frais de soins de cette façon et rendre gratuit totalement la prise en charge des gens qui ont des problèmes rénaux, etc. Il est difficile pour moi de dire comment je trouve Ibrahim. Chaque jour, il nous révèle qui il est. C’est un grand pédagogue en plus. Il dit les choses simplement. Tout le monde comprend. Et c’est tellement juste. J’ai beaucoup d’admiration pour lui.
Je l’encourage.
S : Pensez-vous qu’il tient bien en ce moment le flambeau de Thomas Sankara ?
D.T : Vous devinez ma réponse. Il tient bien le flambeau. Je pense qu’il a démultiplié le flambeau. Non seulement, il a reçu un flambeau. C’était physique. Il avait déjà le flambeau moral et idéologique. Je dis qu’il a démultiplié le flambeau et qu’il l’a implanté dans le cœur des gens. Et cela en a fait des révolutionnaires. Le flambeau de la Révolution est dans tous les pays du monde. Et chaque jour, il convainc de la pertinence de ses actions. Il est allé bien plus loin que le flambeau que nous lui avons donné. Il est allé dans l’approfondissement de la Révolution. Il est dans les actes concrets de la gouvernance vertueuse. Il a le sens de la partie, la lutte contre l’impérialisme, la lutte contre l’insécurité, la quête du bonheur du peuple. Vraiment, le flambeau est bien tenu entre de bonnes mains.
S : Dans la conduite du navire Burkina, le Président Traoré a proclamé la Révolution progressiste populaire. A quoi cela renvoie-t-il exactement ?
D.T : Comme toute Révolution, cela procède d’une rupture avec une situation qui existait ou préexistait, une situation d’insatisfaction, en tout cas du plus grand nombre, vers une situation, beaucoup plus prospère, au profit des masses laborieuses. C’est d’abord cette rupture d’avec ce qui se fait ou se faisait et qui est négatif. Et en l’espèce, on voyait la rupture que Thomas Sankara avait amenée et que Ibrahim Traoré a amenée en recadrant l’action du MPSR, en mettant en place le MPSR2. C’est cela la Révolution progressiste, parce que le sens de toute action bien fondée, révolutionnaire, en tout cas de la vraie révolution, c’est le progrès. Regardez l’insécurité, qui a été le leitmotiv déclencheur qui a conduit le Président Ibrahim Traoré et ses camarades à prendre leurs responsabilités. Un pays qui était depuis des années dans l’insécurité, sans que des actions déterminantes ne soient menées, avec des gens qui nous voyaient pour dire qu’il faut négocier avec les terroristes. Le Président Ibrahim Traoré est arrivé. La donne a changé de façon très importante. L’armée était sans équipement. On parlait d’une Kalachnikov pour deux ou trois hommes. L’armée aujourd’hui est bien dotée des pieds à la tête et a reçu des armes lourdes, des drones …. C’est déjà une Révolution, le progrès. Au plan agricole, c’est le progrès avec la mécanisation, les engrais, le fait de labourer les terres pour les populations. Et puis le ministère de l’Agriculture qui a été élevé au rang du ministère d’Etat. Le ministre de l’Agriculture qui est devenu un ministre d’Etat à l’exemple du ministre de la Défense et autres pour montrer l’importance que le chef de l’Etat accorde à ce secteur. La situation de

santé où la mortalité maternelle et infantile sont encore à des taux insatisfaisants. Des actions sont menées à ce niveau. Malgré la situation de guerre, le FESPACO, le SIAO, le SITHO, la SNC, continuent. Si on avait beaucoup plus de temps, on aurait pris secteur par secteur pour voir les progrès qui sont enregistrés. Les enfants, les jeunes sont conscientisés pour savoir quelle est la Révolution et comment on doit mener le combat.
C’est populaire parce que d’une part, à mon avis, c’est au profit du peuple. C’est le peuple qui est bénéficiaire des actions principales qui sont menées. Mais c’est le peuple aussi qui est acteur. On ne peut pas imaginer des révolutions sans que le peuple adhère. Voilà ce qu’est la RPP. Mais, dans les grandes lignes, c’est, la rupture pour mener des actions de progrès et évidemment avec la pleine participation, l’adhésion des populations et à leur bénéfice entier.
S : Quelle différence y a-t-il avec la Révolution démocratique et populaire (RDP) sous Sankara ??
D.T : L’objectif est le même. Seulement les contextes ont changé.
Dans le Discours d’orientation politique (DOP), nous créions les ennemis du peuple, les amis du peuple, la féodalité, les chefs traditionnels. Mais aujourd’hui, même si à l’époque, il y avait des chefs que nous considérions vraiment très bien, mais aujourd’hui, cela fait combien d’années ? Plus de 40 ans. Les choses ont évolué, les forces se disposent à nouveau. Et dans ce combat contre l’insécurité, les gens se déterminent pour le pouvoir, pour la sécurité du pays et d’avoir un statut pour les chefs traditionnels.
Et comme l’expliquait quelqu’un, dans le DOP, on parlait d’un commun pays agricole, arriéré. Aujourd’hui quand même, ce n’est pas la daba qui est partout, il y a du progrès. L’impérialisme aussi essaie d’adapter ses moyens d’actions à nos combats. Mais les objectifs sont les mêmes.
S : En termes de gouvernance, à quoi doit-on s’attendre dans le cadre de la Révolution progressiste populaire ?
D.T : Je pense d’abord à une gestion vertueuse, centrée sur les intérêts du peuple, en comptant d’abord sur nos propres forces, comme le gouvernement le fait actuellement. On n’a jamais eu autant d’armement qu’aujourd’hui. C’est le peuple qui participe. Et, il y a cette gouvernance de redevabilité aussi, qui rend compte régulièrement au peuple de ce qui est fait avec son argent et le chef de l’Etat ne manque jamais l’occasion de remercier le peuple. On doit s’attendre à une gouvernance de vérité. C’est ce que fait le chef d’Etat. Qui sont nos amis ? Qui sont nos ennemis ? Et quand il dit qu’un tel nous combat, il dit que ce ne sont pas les peuples. Il trouve qu’aucun peuple n’est ennemi au peuple du Burkina Faso. Il l’a dit, c’est surtout des dirigeants qui s’opposent à notre pays.
Et une gouvernance où vraiment quand quelque chose est centré sur l’intérêt du pays, vous pouvez être sûr que cela va se faire. Moi, je sais ce que je peux demander au chef de l’Etat et ce que je ne peux pas lui demander. Par exemple, si vous voulez aller pour des questions personnelles, d’intérêt personnel, de trafic et autres, c’est mieux de ne pas y aller. Mais lorsque vous savez que ce que vous sollicitez est bien pour le peuple, s’inscrit vraiment dans l’intérêt du peuple, là vous pouvez l’exprimer. Il peut ne pas avoir les moyens de le faire. On peut dire que vous anticipez ou autre, mais on va vous dire que c’est bien, on verra plus tard. Je pense que c’est à cela qu’on peut s’attendre. Et le chef de l’Etat a donné l’exemple.
S : Après 3 ans de gestion des affaires de l’Etat pour le capitaine Traoré, selon vous le Burkina est-il sur de bons rails ?
D.T : C’est une totale évidence. On est sur la bonne voie. Je ne veux pas utiliser de la langue de bois, mais lisez sur les visages des déplacés internes qui regagnent leur localité. Lisez sur les visages de ces enfants, qui avec fierté parlent du chef de l’Etat sur les plateaux télé et en sont heureux. Lisez la joie des personnes qui étaient craintives quant à l’idée d’aller à l’immersion patriotique obligatoire et qui se trémoussent de joie aujourd’hui, qui sont très heureux. Et puis essayez de vous demander, dans cinq ans, qu’est-ce que cela va être avec des enfants, avec des jeunes qui se lèvent politiquement conscients, idéologiquement formés et qui ont un modèle à suivre. Imaginez ce que sera le Burkina, dans cinq ans, sous la conduite du chef de l’Etat. Pour moi, le Burkina avance. Je pouvais aussi vous dire de lire sur le visage des agriculteurs, des agents de santé, des malades. Des centres de santé se construisent, s’équipent. Je ne vais pas reprendre la litanie de tout ce qui se fait de bon aujourd’hui. C’est fastidieux. Evidemment, il est sur les bons rails. Nous souhaitons qu’il continue ainsi.
S : Avez-vous foi que cette 2e Révolution pourra parachever l’œuvre entreprise par feu Thomas Sankara ?
D.T : Oui ! La Révolution est une continuité. La Révolution est détermination. La Révolution est quête perpétuelle du bonheur des masses, du peuple, de l’intérêt national. La RPP va continuer à approfondir. Le président et le MPSR II vont agir, vont mener les actions nécessaires, jeter des bases solides pour que, comme le disait le Président Rawlings du Ghana, même si le diable vient demain, qu’il ne puisse rien changer. Le président inscrit ses actions dans le cœur du peuple. Et, c’est pourquoi on dit que la RPP, c’est populaire. Une fois que le peuple est engagé, vous ne pouvez plus venir pour déstabiliser. Nous avons foi que le chef de l’Etat va parachever ce que le Président Sankara avait commencé et répondre à de nouveaux défis.
S : Quels sont les atouts du chef de l’Etat en ce moment pour accomplir ou réussir au mieux cette mission ?
D.T : Parmi ses atouts, il a notamment une capacité d’analyse et d’appréhension de la situation, une capacité exceptionnelle. C’est le plus important. Il analyse. Il sait quelles sont les forces, les faiblesses et les actions à mener. Il connaît les ennemis de nos peuples, de l’Afrique. Il sait sur qui il peut compter, avec qui il peut travailler. Sur le plan interne, il sait qui tient les discours et qui peut poser les actes. C’est le plus important. Il maîtrise la situation nationale. Maintenant, il s’est fixé un cap avec comme gouverne, l’intérêt du peuple. Il ne peut que réussir. Ce sont ses atouts et surtout le fait de communiquer régulièrement. Si Ibrahim Traoré ne communiquait pas régulièrement, le monde entier n’allait pas comprendre, n’allait pas se dresser contre le général américain qui a essayé de discréditer le Burkina Faso et le chef de l’Etat. Il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. C’est extrêmement important. Au-delà des autres atouts, c’est son engagement qui fait son leadership. Il faut qu’il s’entoure de sers camarades compétents qui continuent de mener le combat, qui partagent sa vision.
S : Quels sont les conseils que vous pouvez lui prodiguer pour bien accomplir sa mission révolutionnaire ?
D.T : j’avoue que c’est très compliqué. Je vais essayer, mais en tant que personne âgée qui a été aux côtés de Sankara, je vais lui demander d’être lui-même. C’est cet Ibrahim Traoré qui a convaincu les populations, qui est venu de manière intrépide, qui a notamment parlé le jour où il a pris le pouvoir des gens qui mangeaient les feuilles des arbres. Ce sont des images frappantes. C’est le cœur, la détermination et la clairvoyance qui ont parlé. C’est très important. Je veux qu’il demeure lui-même. Mais cela, je n’en doute pas parce que cela fait trois ans qu’il est le même personnage humble, mais peut-être un peu plus endurci par les trahisons, par les adversités des gens qui s’attaquent uniquement au fait qu’il se

préoccupe de l’intérêt de son peuple et de la dignité de l’Afrique. C’est ce que je pourrais le conseiller. On dit qu’un chat échaudé craint l’eau froide. Avec ce que j’ai vécu avec Sankara, qui a été assassiné, je le conseillerai, de prêter attention à ses camarades, à tous. Que ceux qui collaborent avec lui aient la même vision que lui, en toute objectivité et à 100%. Il faut que ce soit une vision partagée. Cela permet d’éviter des dérives. Si on dort sur la même natte, qu’on fasse les mêmes rêves. Le chef de l’Etat se bat. Il lutte, mais il ne faut pas qu’il y ait des tirs au flan, qu’il ait d’autres objectifs. On a vu cet ancien DG adjoint de l’ANR, qui était un scorpion nuisible, aux côtés du pouvoir et qui a fui. Ce que je demanderais, c’est que ceux qui s’occupent de sa sécurité, son entourage, ne ménagent aucun effort pour lui faciliter la tâche. Je dis aux éventuels traîtres ou aux gens qui ont d’autres ambitions, je leur conseille de regarder ceux qui ont assassiné Sankara. Beaucoup sont morts, oubliés comme des chiens. Ceux qui sont vivants, on dit que certains ne savent même pas qui ils sont et où ils sont. Ce sont les oubliés de l’histoire et des gens dont personne ne va entendre parler. Rien que pour cela, il faut éviter de trahir. Par contre, que ceux qui se battent avec dignité, voient leurs noms inscrits dans les livres d’or de la patrie. Je demande à ceux qui sont avec lui de le soutenir sincèrement, d’avoir sa vision de probité, son humilité et d’agir dans la transparence qui l’observe.
S : Les contextes ne sont pas les mêmes, parce que le Burkina Faso ne vivait pas une crise sécuritaire. Cette donne n’est-elle pas un défi de plus pour le capitaine Traoré ?
D.T : Effectivement, c’est un défi énorme, mais que le chef de l’Etat est en train de remporter. Aujourd’hui, on a plus de 70% du territoire qui ont été libérés et des endroits où on est en train de mener la stabilisation et réinstaller les populations. Bientôt, comme l’a dit le chef de l’Etat, on n’a aucune raison d’en douter, la guerre se terminera. C’est un défi qu’il est en train de relever. Le chef de l’Etat remporte d’autres défis de développement économique et social de manière endogène. C’est ce qui est extraordinaire. Au temps de la Révolution, nous n’avions pas cette insécurité. C’est ce qui rend encore la situation beaucoup plus complexe qu’au temps de la Révolution.
S : Depuis bientôt une décennie, le Burkina est confronté à l’hydre terroriste. Comment vaincre ce mal désormais au relent impérialiste ?
D.T : Avec l’offensive militaire qui est menée actuellement, je pense que le chef de l’Etat a clarifié sa vision, on ne peut pas négocier avec des gens qui brûlent votre case. Il faut que force reste à la loi, à la patrie et d’autant plus que ces gens sont instrumentalisés par l’impérialisme qui étend ses tentacules, parce qu’ils ne parviennent plus à voler nos ressources comme ils le faisaient auparavant. Il s’agit essentiellement de mener la guerre contre ceux qui s’attaquent à son peuple, à ses intérêts. C’est aussi travailler à couper ces instruments de leurs commanditaires par différentes stratégies qu’on ne peut pas évoquer ici, notamment en coupant les sources de financement que ces gens utilisent par différents stratagèmes pour pouvoir téléguider, financer le terrorisme. Les chefs de l’Etat de l’AES ont enclenché le combat. C’est un combat multiforme mais aussi global qui doit être mené. La force de l’AES sera opérationnelle. Tout cela va contribuer à vaincre l’hydre terroriste. Les actions sont menées en termes de cohésion sociale. Il faut que tous les Burkinabè sachent qu’il n’y a pas de discrimination. Nul n’est abandonné, stigmatisé. Chaque citoyen doit participer à la défense du territoire. L’espoir est là.
S : Le mal gagne progres-sivement des pays côtiers voisins. Quels conseils avez-vous à leur donner ?
D.T : Avec ma modeste voix, si j’avais des conseils à donner, c’est simplement l’adage qui dit que : quand la case du voisin brûle, il faut l’aider à l’éteindre, sinon, le feu peut atteindre la tienne. Ceux qui ont pensé avec d’autres considérations à plutôt aggraver le mal chez nous, vont avoir l’effet boomerang sur leur visage. Si j’avais des conseils à leur donner, je leur dirais d’arrêter leurs adversités, leurs attaques inutiles contre le Burkina, le Mali et le Niger. Qu’ils développent plutôt la fraternité et refusent d’écouter les sirènes de la division impérialiste. C’est ainsi qu’ils vont préserver la paix dans leur pays, sinon, inéluctablement, les mêmes causes produiront les mêmes effets chez eux. Blaise Compaoré a pactisé avec les terroristes ici. Ils avaient gîte et couvert ici. A partir du moment où ils n’avaient plus cela, ils sont devenus nos ennemis résolus. Et c’est ce qui va se passer. Partout où de telles attitudes sont adoptées, où il y a une tolérance à leur endroit, c’est ce qui va se passer. Si je devais parler à des dirigeants de ces pays, je les supplierais de mettre bal à terre, de mener le même combat que nos pays, de comprendre que les chefs d’Etat de l’AES ne cherchent pas à bagarrer avec quelqu’un. Ils cherchent le bien de leur peuple. Quoi de mieux que de s’inscrire dans cette dynamique pour se protéger soi-même.
S : Le Burkina, le Mali et le Niger ont décidé d’unir leurs forces au sein de l’AES. Comment avez-vous accueilli ce choix ?
D.T : Comme la plupart des Africains honnêtes et en tant que Burkinabè, j’ai salué l’avènement de l’AES. Je trouve que c’est un passage obligé pour le développement, la paix et la cohésion sociale. Vous avez vu les enquêtes qui ont été réalisées par un journal, que je ne citerai pas. Il y a au moins 70 ou 80% des populations de la sous-région qui apprécient et saluent ce qui se fait au niveau de l’AES. C’est une très bonne chose pour la sécurité qui a été l’une des motivations immédiates de la création de l’AES, pour le développement économique et social, pour la fraternité et puis pour tout ce qui va venir par la suite. Je ne peux que saluer l’avènement de l’AES.
S : Quel avenir pour le Burkina dans sa marche Révolutionnaire populaire progressiste ?
D.T : Je vois un avenir de prospérité. Ce que la Révolution de Thomas Sankara a permis de faire en 4 ans, je sais qu’on fera beaucoup plus actuellement sur le plan sanitaire, social, culturel, économique, militaire, …. Je vois un avenir prospère. Je vois un pays de paix, un pays libéré. Je vois une jeunesse engagée, nourrie à la sève du patriotisme, la lutte anti-impérialiste, comptant sur ses propres forces, auprès d’un modèle qu’est Ibrahim Traoré. Je vois ces générations montantes et je sais que le Burkina Faso ne sera plus jamais le même. Je souhaite que les velléités de démocratie électorale où ceux qui pensent le monde à la place des peuples soient mis de côté et que le chef de l’Etat puisse avancer résolument avec ses compagnons, avec notre peuple vers notre bonheur. C’est pourquoi, je prie résolument que nul ne puisse venir semer le désordre dans notre pays. Je souhaite que la victoire soit pour bientôt.
S : Quel autre message souhaitez-vous faire passer à nos lecteurs ?
D.T : Je vous remercie pour votre intérêt pour le comité international du mémorial Thomas-Sankara. Je profite pour réitérer mes remerciements au chef de l’Etat, le Président Ibrahim Traoré, son Premier ministre, son gouvernement et tous ceux qui, au niveau du MPSR2, œuvrent pour notre pays et pour le mémorial Thomas-Sankara. Je lance un appel à tous pour participer à l’opération « Ma brique pour Sankara » qui sera lancée afin que chacun apporte sa contribution à la mise en œuvre des travaux prévus au niveau de la construction des infrastructures du mémorial Thomas-Sankara. J’invite les uns et les autres à venir à la commémoration, le 15 octobre, l’anniversaire de l’assassinat du Président Thomas Sankara. Je leur dis qu’il y aura vraiment des innovations d’hommage au Président Thomas Sankara, le cérémonial militaire notamment. Tout le monde gagnerait à venir.
Interview réalisée par Gérard COULIBALY