Depuis l’apparition du coronavirus en fin décembre 2019 en Chine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a loué les efforts du gouvernement chinois pour circonscrire la propagation de l’épidémie et l’éliminer. Prenant la mesure de l’évolution de la situation, l’organisme onusien a déclenché « l’urgence de santé mondiale » ou « l’urgence de santé publique de portée internationale » (USPPI), le jeudi 30 janvier 2020. L’urgence de santé mondiale s’appréhende, selon le Règlement sanitaire international, comme « un événement extraordinaire » qui « constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque international de propagation de maladies et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée ». Son objectif vise à éviter la propagation internationale des maladies, de s’en protéger, de la maîtriser et d’y réagir par une action de santé publique proportionnée et limitée aux risques qu’elle présente. L’urgence de santé mondiale est décrétée lorsque la situation « est grave, soudaine, inhabituelle ou inattendue, a des implications pour la santé publique dépassant les frontières nationales de l’État affecté et pourrait nécessiter une action internationale immédiate ».
Plus qu’une simple disposition, cette décision de l’OMS sonne comme un appel à la solidarité de tous les pays du monde face à cette épidémie. Une solidarité multidimensionnelle qui implique toutes les mesures de prévention, de traitement et de surveillance contre la propagation de la maladie, et un soutien moral manifeste au peuple chinois qui enregistre le plus grand nombre de victimes actuellement. La psychose née suite à l’apparition du coronavirus ne doit pas virer à la panique où à des cas de suspicions à l’endroit des Chinois qui séjournent ou qui voyagent à travers le monde, notamment sur le continent africain.
Eviter la stigmatisation
Les mesures de contrôle prises dans les différents aéroports à cause du coronavirus doivent être exemptes de toute stigmatisation à l’encontre des Chinois. Il n’est pas question que le confinement des passagers en provenance de la Chine dans les aéroports concerne uniquement les Chinois. Il doit être étendu à tout le monde y compris les Africains qui rentrent de Chine. Cibler exclusivement les Chinois dans les mesures de contrôle aux frontières serait faire preuve de stigmatisation envers un peuple frère et ami. Même si le virus est apparu en Chine, cela ne voudrait pas dire que tous les Chinois qui arrivent dans les pays africains sont des « cas suspects » déclarés d’office. Les messages de solidarité des différents gouvernements au peuple chinois doivent dépasser le simple seuil des déclarations officielles ou d’intention. Leur portée doit se traduire dans les actions entreprises dans ce contexte de prévention contre le coronavirus. Ce dont a besoin le peuple chinois en ces moments difficiles, c’est d’un soutien moral sans faille. Depuis l’apparition du virus, les autorités chinoises n’ont ménagé aucun effort pour endiguer le mal. Des initiatives à la limite « surréalistes » ont suscité l’admiration du monde entier. La construction de deux hôpitaux, le Leishenshan (Mont du dieu du tonnerre) et le Huoshenshan (Mont du dieu du feu), avec respectivement 1 600 et 1 000 lits, en dix jours à Wuhan, l’épicentre de l’épidémie, est une illustration éloquente de la volonté de la Chine de lutter efficacement contre le mal.
Confiance et optimisme
Esprit de solidarité, confiance et optimisme devraient être les maîtres mots à l’endroit du peuple chinois. Appelée aussi « l’atelier et le marché du monde », la Chine est aujourd’hui le centre de convergence des peuples de tous les continents. Personne n’a intérêt à ce que cette épidémie prenne de l’ampleur tant ses conséquences seront désastreuses pour l’économie mondiale. Personne ne peut non plus se passer de la Chine aujourd’hui y compris ses « adversaires » les plus fervents. Dans cette épreuve, l’heure doit être à l’union sacrée et non à l’expression de sentiments de repli sur soi ou de rejet de l’autre. Il ne sied pas de frapper les autres d’ostracisme dans ce malheur commun. Le réflexe ne consiste pas à se mettre à l’abri, mais de se soutenir pour affronter le mal. Céder aux petits sentiments tels le racisme et la discrimination envers les amis et frères chinois serait faire preuve d’indifférence et de mépris. « Il n’existe pas d’autres voies vers la solidarité humaine que la recherche et le respect de la dignité individuelle », soutient Pierre Le comte du Nouÿ. La Chine a toujours été solidaire des peuples africains depuis la lutte pour les indépendances jusqu’à nos jours. A titre d’exemple, lorsque l’épidémie d’Ebola faisait des ravages en Sierra Leone et au Libéria, l’Empire du milieu a vite dépêché des médecins aux côtés de leurs collègues africains afin d’éradiquer le virus. Face au terrorisme qui sape les efforts de développements dans les pays du G5 Sahel, la Chine apporte son soutien à plusieurs niveaux.
L’on a l’habitude de dire que les épreuves révèlent les grands hommes. Elles devraient aussi révéler les grandes solidarités entre les peuples. Une chose est sûre, la Chine viendra à bout, dans des délais raisonnables, de cette épidémie au regard des moyens colossaux que les autorités déploient quotidiennement. Tout au long de son histoire, ce pays-continent a su surmonter des défis énormes. Ce n’est pas étonnant qu’il soit passé de pays arriéré de tiers-monde en l’espace de quarante ans au rang de puissance économique mondiale. Dans son élan contre ce mal, elle n’attend que le souffle encourageant de ses pays amis et frères.
Effort de transparence
Au-delà des initiatives en Chine contre le coronavirus, il faut saluer l’effort de transparence et l’esprit de communication des ambassades chinoises à l’étranger. A l’annonce de l’apparition du virus, l’ambassade de Chine au Burkina Faso travaille en étroite collaboration avec les autorités sanitaires burkinabè et la représentation locale de l’OMS pour mieux informer la population sur l’évolution de la maladie. Dans une conférence animée le mardi 4 février 2020 à Ouagadougou, le diplomate chinois au Burkina Faso, Li Jian, a insisté sur la solidarité internationale d’autant plus la maladie ne connait pas de frontière encore moins de couleur de peau. « La mission médicale chinoise travaille à partager les informations techniques sur la prévention, le traitement, la surveillance ainsi que les analyses de laboratoire de cette épidémie aux collègues burkinabè », avait-il indiqué. A cette volonté de coopérer de façon transparente sur un mal qui n’épargne personne, il est plus qu’impératif pour chaque partie de jouer sa partition dans un esprit fraternel et solidaire. Il faut surtout éviter de tomber dans le piège de la désinformation et des « fake news » qui sont légion en ces temps-ci. L’OMS qui est une source fiable communique régulièrement sur le coronavirus. Mise à part toute polémique, un front commun est indispensable dans cette lutte contre le coronavirus.
Karim BADOLO