Développement socioéconomique du Burkina: les performances agricoles et les services font baisser la pauvreté en 2024

Selon la note d’avril 2025 de la Banque mondiale sur la situation économique du Burkina Faso, le pays a réalisé, en 2024, une baisse de la pauvreté de 3 points de pourcentage pour s’établir à 23,2% et ce, pour la première depuis ces cinq dernières années. 

Malgré un contexte national et régional difficile et un environnement mondial sous hautes tensions commerciales et géopolitiques, l’économie burkinabè reste résiliente et réalise des performances fort appréciables. En effet, selon la note d’avril 2025 de la Banque mondiale sur la situation économique du Burkina Faso, le taux de croissance de l’économie nationale devrait passer de 3% en 2023 à 4,9% en 2024 et cela sous l’effet combiné de deux secteurs : l’agriculture et les services. 

Principal moteur de la croissance du pays, avec 48% de contribution au PIB, le secteur des services a contribué à hauteur de 3,1 Points de pourcentage (pp) à la croissance globale du PIB en 2024. Et cela grâce à la forte croissance des services de l’administration publique et autres services communautaires ou personnels qui représentent 22% du PIB, mais aussi grâce aux améliorations progressives de la sécurité qui ont stimulé la vente au détail, le commerce et les services de réparation, souligne la Banque mondiale. 

Quant au secteur agricole qui représente 18% du PIB, il a contribué à sa croissance globale au cours de l’année 2024 à hauteur de 1,9 point de pourcentage. Selon la note, cette contribution du secteur de l’agriculture tient à l’extension des zones cultivées, au développement rapide des plaines aménagées qui a stimulé la production du riz, et à l’amélioration de l’accès aux terres dans certaines zones touchées par l’insécurité. « Le gouvernement a également apporté un soutien efficace, notamment en fournissant à temps des semences améliorées, des engrais et des services de labour gratuits », ajoute le document de la Banque mondiale. 

Du côté de la demande, la croissance du PIB en 2024 a été principalement tirée par la consommation des ménages, à hauteur de 3,9 points de pourcentage et des administrations publiques à 1,9 point de pourcentage. « Cette performance a été principalement soutenue par l’amélioration de la situation sécuritaire et une saison agricole favorable », explique le rapport.

Une première baisse depuis 5 ans

Quant à l’investissement privé, sa contribution à la croissance en 2024 est de 1,7 point de pourcentage contre 1 point de pourcentage pour l’investissement public. Et cela reflète une augmentation des dépenses d’investissement dans les secteurs minier et agricole, en lien avec les initiatives présidentielles en cours. « En revanche, les exportations nettes ont pesé sur la croissance, retranchant 3,4 pp, en raison d’une baisse de la production aurifère et de la hausse des importations de biens d’équipement, de biens de consommation et de services », souligne la note.  

Outre ces indicateurs, l’une des performances réalisées par le Burkina en 2024 et que souligne la Banque mondiale est le résultat atteint en matière de lutte contre la pauvreté. En effet, malgré une inflation qui s’est établie à 4,2% et « portée par la hausse des prix des denrées alimentaires, elle-même imputable aux contraintes d’approvisionnement et aux perturbations du marché liées à l’insécurité, ainsi qu’à l’irrégularité des précipitations », le Burkina Faso a réalisé la prouesse de baisser le taux de l’extrême pauvreté de 3 points de pourcentage en 2024 qui s’affiche à 23,2%.  Une performance jamais réalisée depuis 2020. « Pour la première fois depuis la pandémie de COVID-19, une réduction de la pauvreté est prévue en 2024 », indique la note de la Banque mondiale. Et cette réduction de la pauvreté, en dépit d’une inflation persistante, a été rendue possible, toujours selon la Banque mondiale, grâce à la forte croissance des secteurs de l’agriculture et des services. 

Mais même si cette baisse a été généralisée dans le pays, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les populations rurales demeurent les plus touchées par le phénomène.  « La pauvreté reste cependant nettement plus élevée en milieu rural, atteignant 29,5% contre 5,5% en milieu urbain », précise le document. En plus, en raison des défis sécuritaires et des chocs climatiques, des régions comme le Sahel, la Boucle du Mouhoun et de l’Est figurent parmi les taux de pauvreté les plus élevés. 

Les services, l’agriculture et les mines comme vecteurs de croissance

En termes de perspectives, la pauvreté devrait diminuer progressivement au cours des prochaines années, avec à la clé une baisse continue du taux de pauvreté d’environ 1 point de pourcentage par an, mais le nombre de pauvres devrait rester élevé à plus de 5,5 millions, souligne la note. Cette réduction de la pauvreté devrait être tirée par la forte croissance du secteur des services et de l’agriculture, mais il est essentiel de maintenir l’inflation dans l’intervalle cible de l’UEMOA, car les prix élevés des denrées alimentaires érodent rapidement le pouvoir d’achat des ménages urbains pauvres, tout en ne profitant pas aux ménages ruraux, explique-t-elle. 

Toujours, selon les projections de la Banque mondiale, la croissance du PIB burkinabè devrait passer à 4,3% en 2025, avant d’atteindre 5% en 2027 ; et elle sera portée par la « robustesse des secteurs des services et de l’agriculture, ainsi que la reprise de la production minière, dans un contexte d’amélioration des conditions de sécurité ».

Quant à l’inflation, elle devrait amorcer une tendance baissière contenue au cours des prochaines années. Elle « devrait passer de 4,2% en 2024 à 3% en 2025, puis se maintenir dans la fourchette cible de l’UEMOA, comprise entre 1% et 3% », indique la note de la Banque mondiale. Et cette tendance à la baisse s’expliquerait par l’amélioration des conditions de sécurité et les conditions climatiques moyennes attendues qui permettraient aux agriculteurs de retourner sur leurs terres, stimulant ainsi la production agricole et contribuant à la baisse des prix des denrées alimentaires … 

Mais outre l’amélioration de la situation sécuritaire, « les perspectives économiques dépendent également des tensions commerciales mondiales qui pourraient principalement affecter indirectement les perspectives de croissance via les prix de l’or et du pétrole ». En tout état de cause, selon le document de la Banque mondiale, des options politiques existent pour améliorer les perspectives économiques et de pauvreté ; et l’engagement du gouvernement à améliorer l’environnement des affaires pourrait donner un élan supplémentaire. 

Synthèse de Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com 

 

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