C’est officiel. Les élections présidentielle et législatives au Burkina Faso auront lieu, le 22 novembre 2020. La tenue à bonne date de scrutins libres, transparents et crédibles constitue un exercice auquel tout pays démocratique, digne de ce nom, doit se plier. Le Burkina Faso ne déroge donc pas à la règle, avec les échéances électorales en vue. Dans cette dynamique, des efforts exceptionnels ont été déjà consentis par l’exécutif, conformément aux orientations du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. « Le gouvernement s’emploie à créer les conditions pour la tenue d’élections libres, démocratiques et transparentes et je voudrais compter sur l’engagement de tous, opposition, majorité et société civile, pour relever ce défi, dans le respect de la Constitution et du Code électoral », avait lancé le chef de l’Etat, le 31 décembre 2019, lors de son traditionnel message à la nation. Tout en se préparant à ce rendez-vous démocratique de premier plan, chaque Burkinabè ne devrait pas perdre de vue, un seul instant, la préoccupante crise humanitaire engendrée par l’insécurité, avec un flux important de déplacés internes. Dans une telle situation, l’honnêteté commande de dire qu’une élection n’est pas la priorité de l’heure. La détresse quotidienne, pour ne pas dire l’angoisse existentielle des déplacés internes, vécue aussi bien à l’intérieur du pays qu’à Ouagadougou, permet d’illustrer cette assertion. Au moment où nos politiques, toutes tendances confondues, “pinaillent” à coups de communiqués, sur des détails comme le “flop” (prévisible pour les observateurs avertis) dans l’enregistrement des électeurs de la diaspora ou sur des “calculs” supposés, auxquels se livrerait le pouvoir en place pour repousser la tenue des élections, plus de 500 000 compatriotes n’ont que pour seuls soucis d’avoir un toit et une bonne alimentation. La détresse de ces déplacés internes se mesure au quotidien, loin des querelles de chapelles, des ambitions et des discours politiques égoïstes.
Au moment où la conquête du pouvoir semble occuper les esprits, les terroristes continuent aussi de dérouler leur agenda et d’afficher leur volonté de créer des zones grises au Burkina Faso pour mieux s’adonner à divers trafics (drogues, armes, cigarettes…). C’est dire que la vraie guerre doit d’abord être menée contre les ennemis du peuple, pour pacifier le pays et espérer organiser des élections sur l’ensemble du territoire national. Cet engagement n’est pas antinomique à celui d’élire le président du Faso et les représentants du peuple, nous semble-t-il. Cependant, ne perdons pas de vue que le droit de vote est reconnu à tous et les réfugiés ne sauraient faire l’exception. Dans ce sens, il faut saluer la réflexion entamée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour examiner les voies qui permettront à ces personnes de participer aux votes sans trop de difficultés. Vivement que toutes les énergies se fédèrent pour concrétiser cette volonté.
En tous les cas, nous devons tous œuvrer pour des élections réussies. A ce sujet, les signaux sont encourageants, car jusqu’à preuve du contraire, les autorités, avec à leur tête le président du Faso, ont toujours affiché la volonté de tenir le scrutin à bonne date. Le terrain commandant la manœuvre, comme disent les militaires, cette volonté va se mesurer à l’aune de l’évolution de la situation sécuritaire. A défaut de pouvoir mobiliser tous les Burkinabè, les élections peuvent se dérouler au moins là où le minimum de sécurité est garanti. Ne dit-on pas que la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a.
Mais avant d’en arriver à là, il est nécessaire, comme l’a recommandé le Comité de l’appel de Manéga, d’organiser urgemment un dialogue démocratique avec tous les acteurs sur les enjeux des futures élections. Cela permettra d’indiquer la voie à suivre pour sauver la patrie en danger.
2020 est une année cruciale pour le Burkina Faso. La traverser paisiblement demande du sacrifice et un sens élevé de patriotisme et de tolérance, des valeurs que nous devrons tous entretenir au quotidien.
Par Mahamadi TIEGNA