La guerre au Moyen-Orient, notamment entre Israël et l’Iran, domine l’actualité, avec ce que cela suscite comme inquiétudes dans les autres parties du monde. Des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants ont été déjà enregistrés de part et d’autre, et les jours à venir ne s’annoncent pas rassurants.
Il faut désormais craindre une mondialisation de ce conflit déclenché par l’Etat hébreux, le 13 juin, pour empêcher le régime des Mollahs, fondamentalement antisionistes, de se doter de la bombe nucléaire, une potentielle menace à son existence. En effet, les Etats-Unis, qui semblaient pourtant réticents à intervenir aux côtés de son allié israélien, sont entrés en scène, dans la nuit de samedi à dimanche dernier, en menant des frappes contre trois sites
nucléaires iraniens.
L’usine d’enrichissement de l’uranium à Natanz, celui de la ville antique d’Ispahan et l’installation de Fordo, cachée entre 80 et 110 mètres sous une montagne ont été particulièrement visés. Cette opération militaire, à laquelle l’opinion publique américaine est peu favorable, va-t-elle être la dernière ? Le Président américain, Donald Trump, n’exclut pas d’autres frappes, évoquant même l’idée d’un changement de régime en Iran. Mais Téhéran ne s’accommode pas à ce vocabulaire et promet des « conséquences éternelles » à l’acte de l’oncle Sam.
L’objectif de mettre fin aux ambitions nucléaires iraniennes, de gré ou de force, a-t-il évolué pour se résumer à obtenir le départ du pouvoir des Mollahs en Iran ? Il serait hasardeux de l’affirmer tout de go, mais l’allusion du président américain laisse planer cette possibilité. Si Washington clame avoir détruit le programme nucléaire iranien, Téhéran ne le confirme pas et cherche plutôt des options pour riposter à cet affront.
En plus de vouloir mettre à exécution sa menace de fermeture du détroit d’Ormuz, où environ 20 % de la demande mondiale en pétrole et en gaz transite, les autorités iraniennes ont engagé un branle diplomatique et pourraient rallier plusieurs pays à leur cause. La Russie et la Chine ont condamné fermement la démonstration de force américaine et pourraient peut-être aller au-delà. Le bloc antioccidental
va-t-il s’aligner derrière l’Iran et entrainer le monde dans une 3e guerre mondiale ?
Plusieurs pays seraient prêts à fournir des armes à l’Iran, à en croire le vice-président du Conseil de sécurité de Russie, Dmitri Medvedev, mais on ne saurait souhaiter un tel dénouement. Ce scénario équivaudrait à une mondialisation du conflit. Ce qui serait dommage. Il est souhaitable que toutes les parties prenantes tempèrent leurs ardeurs et reviennent à la table des négociations pour éviter toute escalade supplémentaire. Un nouveau cycle de négociations sur le nucléaire iranien était en cours et méritait d’aller au bout sans que l’on fasse recours à la force.
Le monde n’a pas fini avec les foyers de tension existants qu’il ne saurait se payer le luxe d’en rajouter d’autres, avec les conséquences humaines et économiques y afférentes. L’humanité va mal. La propension à utiliser la force pour résoudre les contradictions devient de plus en plus la règle, dans un monde où la paix est permanemment
menacée.
Dans les discours, les dirigeants n’ont de cesse de prôner la paix, mais les actes disent le contraire. Tout doit être mis en œuvre, pour que le calme revienne au Moyen-Orient, peu importe les concessions à faire. Comme l’a dit le Pape Leon XIV après les frappes américaines, « l’humanité crie et réclame la paix ». Que cet appel soit entendu par les plus puissants de ce monde…
Kader Patrick KARANTAO