Le Premier ministre aux forces vives du Plateau central : « Il n’y a aucune raison que Blaise Compaoré ne revienne pas »

Le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré : « La réconciliation nationale ne doit pas être considérée comme un fait ponctuel».

Le Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré, a rencontré, le vendredi 16 octobre 2020, à Ziniaré, les forces vives de la région du Plateau central. Les échanges ont porté sur les élections prochaines, l’organisation du 11-Décembre 2021, le retour de l’ancien Président, Blaise Compaoré, fils de la région etc.

«C’est la première fois que nous avons l’occasion d’échanger avec le Premier ministre, depuis sa nomination. Nous avons beaucoup de choses à lui dire et à lui demander », a affirmé Mariam Compaoré, commerçante à Ziniaré, avant le début de la rencontre entre Christophe Joseph Marie Dabiré et les forces vives du Plateau central. Ce vendredi 16 octobre 2020, dame Compoaré, comme plus d’une centaine d’autres personnes, n’a pas pu avoir accès à la salle de conférence du Conseil régional, faute de place.

Au vu de l’étroitesse des lieux, le chef du gouvernement a dit qu’il donnera des instructions pour qu’à la faveur du 11-Décembre 2021, dont Ziniaré est la ville- hôte, y soit construite une salle polyvalente de 1000 places. Toutefois, il a tenu à être clair : « Je suis venu pour qu’on se parle pour se comprendre. Je ne vais pas faire de promesses ». Au parloir, les représentants des coutumiers, des religieux, des personnes du 3e âge, des femmes, des jeunes, du monde rural, des acteurs économiques, des élus, de la société civile…,ont salué les efforts de l’exécutif dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des infrastructures… Ensuite, ils ont égrené un chapelet de doléances à l’endroit du Premier ministre.

Ils ont réclamé, entre autres, des « actes concrets » de réconciliation nationale, le retour de l’ancien Président du Faso, Blaise Compaoré, leur implication effective dans l’organisation du 11-Décembre 2021, le bitumage de la route Boussé-Ziniaré-Zorgho, des élections apaisées, l’accès aux crédits, le développement de la région. Le président de la délégation consulaire régionale de la région, El hadj Hamadou Sawadogo, ne comprend pas pourquoi le Plateau central, aux portes de la capitale, est « économiquement, la dernière région du pays ? ». Pourtant, a-t-il dit : « ce ne sont pas les opportunités qui manquent ». Aux différentes revendications, Christophe Joseph Marie Dabiré a apporté des réponses. Malgré le contexte de lutte contre le terrorisme, il a estimé que de nombreuses réalisations ont été faites au profit des populations. « Sur le plan politique, nous avons maintenu la stabilité. Beaucoup n’avaient pas prévu la survie de ce régime», a-t-il dit.

Le dossier Blaise Compaoré

En ce qui concerne la réconciliation nationale, il a noté qu’au quotidien, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) travaille à apaiser le climat social et à apporter réparation à ceux qui ont été lésés à un moment donné. « La réconciliation nationale ne doit pas être considérée comme un fait ponctuel qui consacre un domaine précis. (…) Nous sommes dans une dynamique positive de réconciliation nationale », a-t-il affirmé.

Interpellé par la députée Maïmouna Ouédraogo sur le retour de Blaise Compaoré, le Premier ministre a déclaré que le gouvernement n’est pas opposé au retour de personne au Burkina. Il a ajouté que la problématique de l’ancien président préoccupe au plus haut degré le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré. « La question sera étudiée au 1er trimestre 2021. Si les assises nationales que le président du Faso va convoquer autour de cette question arrivent à une proposition concrète pour régler la question, il n’y a aucune raison que le président Blaise Compaoré ne revienne pas et tous ceux qui sont considérés comme des exilés politiques », a expliqué M. Dabiré.

Il a révélé que des discussions sont en cours pour voir comment et dans quelles conditions l’ancien chef de l’Etat rentrera. « Nous n’oublierons jamais que Blaise Compaoré a géré ce pays pendant 27 ans », a renchéri le Premier ministre. Pour ce faire, les conditions de son retour doivent être discutées avec toutes les composantes de la société burkinabè.

« Le 11-Décembre dépend de vous »

En 2021, le Plateau central sera la dernière région à abriter la célébration tournante de la fête de l’indépendance. Les forces vives de cette partie du Burkina entendent offrir « du jamais vu ». Le Premier ministre a salué leur forte mobilisation pour la réussite de cet évènement. Il a soutenu que le plan de développement de la région à cette occasion sera décidé de concert avec les filles et fils du Plateau central. « Pour l’organisation du 11-Décembre, beaucoup de choses dépendent de vous.

C’est à vous de régler beaucoup de questions entre vous dans le respect des règles en vigueur dans ce pays», a souligné M. Dabiré. Pour le bitumage de la route Boussé-Ziniaré-Zorgho, il a fait savoir que les consultations ont été lancées et les entreprises recrutées. « Il ne reste plus qu’à attribuer le marché. C’est réglé », a-t-il clamé. Pour ce qui est du développement économique de la région, il a fait remarquer que l’Etat compte sur le secteur privé pour l’industrialisation, la création d’emplois, la redistribution des richesses et la croissance économique.

A travers le Fonds national pour l’inclusion financière, l’Etat a mis 35 milliards FCFA à la disposition des petites et moyennes entreprises. Celles du Plateau central peuvent également y postuler. D’autres mécanismes seront mis en place pour aider le secteur privé. « Le développement économique est un processus dynamique », a-t-il dit. Aussi, le Premier ministre a-t-il informé les forces vives de sa décision de liquidation de la Société de transformation des fruits et légumes de Loumbila (STFL). Pour un investissement prévisionnel de 7 milliards FCFA, plus de 14 milliards FCFA y ont déjà été investis. « Aujourd’hui, il n’y a rien sur le site…

Des créanciers sont allés saisir tout ce qui y était. Nous avons de gros problèmes avec notre partenaire indien. (…) J’ai demandé de liquider la société. Nous allons trouver une autre formule. Je ne peux pas accepter qu’on continue à investir dans une société qui n’a pas d’avenir », a fait savoir Christophe Joseph Marie Dabiré. Ensuite, la convention de financement avec le partenaire a été dénoncée pour éviter que le pays continue à payer des intérêts.

A l’orée des scrutins, il a appelé à des élections apaisées, libres et transparentes, afin que le meilleur gagne. La gouverneure du Plateau central, Fatoumata Bénon, a salué le passage du chef du gouvernement qu’elle a considéré comme un messager « de paix, de réconfort, de vivre-ensemble et de cohésion sociale». « Les forces vives se sentent réconfortées et honorées de pouvoir discuter de leurs préoccupations et des défis majeurs du moment avec vous », a-t-elle soutenu.

Djakaridia SIRIBIE
dsiribie15@gmail.com

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