Regarde ce nourrisson en larmes, sans arme, téter sa mère sans vie sur le parvis
Penses-tu que c’est le destin ou un sort jeté à dessein sur un bambin sans avis ?
Ecoute cette vieille dame qui crame sous les gravats, sous les vivats de la java
Comprends-tu sa peine, elle qui était sans haine, tolères-tu la joie de la vendetta ?
Nous vivons dans un monde immonde sans secours ni recours, plein de détours
Nous habitons une terre délétère, austère et éphémère où l’enfer brûle autour
Nous sommes les naufragés d’un trajet de danger sans repère, loin de la bouée des pères
Nous sommes les oubliés d’une tragédie sur fond de mélodie, une comédie jouée à l’envers
Je suis né sur un champ de bataille, j’ai connu la vie des racailles, trop de peines m’assaillent
Je suis né dans la guerre, je n’ai guère connu de père ni de mère, que de vides et de failles
Trop de peines me gangrènent, il y a trop de gêne face à la géhenne des averses de flammes
Dans le regard des corps sans vie des victimes, coulent les larmes du drame qui se trame
Ma vie est un long silence dans le temps, dans le vent qui souffle sur les étangs de sang
Ma vie est un abîme intime rempli de rêves noirs et de peurs bleues, je suis innocent
Sauvez le monde des hommes des bombes qui tombent sur les hécatombes de colombes
Libérez la terre de la chaîne de haine, épargnez nos âmes des flammes qui nous surplombent.
Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr