Les grands chantiers de Roch Kaboré

Au moment où nous tracions ces lignes, Roch Marc Christian Kaboré, nouvellement élu président du Faso, n’avait pas encore prononcé son discours d’investiture qui devrait déterminer les lignes-forces du prochain quinquennat. Il n’est pas besoin d’être grand clerc, au regard des esquisses qu’il a déjà données, notamment pendant la campagne électorale, au lendemain de la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), puis après la confirmation de ceux-ci par les sages du Conseil constitutionnel, pour savoir que celles-ci s’articuleront autour de ses dix chantiers-phares. Parmi les grands enjeux des cinq prochaines années figurent la reviviscence de la citoyenneté, mise à mal ces derniers temps par certaines actions anarcho-libertaires qui, insidieusement, sapent les bases de la République ; le rôle primordial de la justice dans un Etat de droit ; celui d’une administration publique républicaine dans l’atteinte des objectifs majeurs de développement. Et, last but not the least, le nécessaire réconciliation nationale pour panser les plaies du passé afin de regarder l’avenir avec confiance et sérénité. Aussi, il nous paraît évident que dans ce monde devenu village planétaire, le président du Faso n’occultera point l’analyse du contexte international avec les questions prégnantes du terrorisme et de la COVID-19.

Pour ainsi dire que l’une des grandes orientations du prochain gouvernement pourrait être l’inscription en lettres d’or de la culture citoyenne au rang des premières priorités, seule voie pour donner à la République toute sa grandeur d’âme. La lutte contre la corruption, l’éducation aux droits humains, la formation et l’employabilité des jeunes, la formation des forces de défense et de sécurité, le renforcement de l’opposition politique … devraient aussi faire partie des préoccupations du second mandat du président Roch Marc Christian Kaboré. Nonobstant la prise de mesures volontaristes telles que l’adoption de la loi portant prévention et répression de la corruption, les rapports de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) et des autres corps de contrôles indiquent que les résultats de la lutte contre ce fléau ces dernières années sont mitigés. Le dernier rapport du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) apparaît comme un pied-de-nez aux efforts consentis. A titre d’illustration, il indique une tendance haussière de la corruption. Alors qu’en 2016, seulement 16% de citoyens enquêtés ont déclaré qu’il y avait plus de corruption au Burkina que par le passé, en 2017, ce taux a augmenté pour atteindre 17,4%. La situation s’est dégradée davantage et selon 21% des enquêtés en 2018 et 40% en 2019, la corruption est en augmentation dans le pays. Une raison suffisante pour que nous soulignions le rôle primordial de la justice dans un Etat de droit et la nécessité d’en faire un facteur de paix, de sécurité, gage de confiance, surtout dans notre quête de réconciliation nationale.

Aussi, dans l’optique du progrès partagé, l’engagement du président à ne laisser aucun de ses compatriotes sur le bas-côté de la route du développement sera de mise avec, en ligne de mire, la nécessité de vaincre la pauvreté rurale et le chômage des jeunes. Ce, en veillant à la stabilité et au renforcement du cadre macroéconomique et à la maîtrise des dépenses publiques. En tout état de cause, les problématiques prégnantes de l’heure (la réconciliation nationale, le dialogue social, l’élaboration de la stratégie nationale de cohésion sociale l’insécurité, la gestion transparente de l’exploitation des ressources naturelles…) doivent être résolues de manière concertée en droite ligne des nouvelles orientations.
Car, rien de grand et de durable ne peut se concevoir sans l’apaisement des cœurs et des esprits et le respect de l’ordre républicain.

Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr

 

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