Le nouveau gouvernement du Burkina Faso a amorcé les chantiers de ses priorités. De prime abord, l’on constate que l’unité des Burkinabè, la réconciliation, la justice et la paix passent comme la sève nourricière de la démocratie et de la cohésion sociale. C’est pourquoi le chef de l’Etat lui-même a installé, le mardi 22 mars 2016, les membres du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale. Une structure directement rattachée à la présidence du Faso et qui aura la lourde charge d’éplucher les dossiers de crimes de sang, économiques et politiques depuis l’indépendance du Burkina Faso à nos jours.
En actionnant cette structure, l’Etat burkinabè compte sur trois institutions principales pour éradiquer l’impunité et établir un modèle d’équité au « pays des Hommes intègres ». En plus du Haut conseil, le département de la justice est désormais «indépendant» dans son fonctionnement, et la mise en place effective de la Haute cour de justice.
« Il s’agit de partir des situations de détresse pour réussir un retour à une paix partagée et parvenir à une pacification éloquente de la société par l’apaisement des cœurs meurtris », a affirmé le président du Faso lors de l’installation des membres du Haut conseil. Cette action née de la volonté des dirigeants du Burkina de « traiter un passé douloureux pour en faire un présent fraternel » va consister à « exhumer » tous les dossiers pendants en justice afin de leur offrir un procès équitable.
Vraisemblablement, les autorités du moment entendent rompre définitivement avec les vieilles pratiques indues, autre fois, afin de réinventer la roue de la vie au Faso, pour être en phase avec les aspirations du peuple. L’établissement de cet ordre nouveau dans la vie sociopolitique et économique du pays sous-entend l’implication de toutes les couches socioprofessionnelles. On peut ainsi se réjouir par anticipation de vivre dans un Burkina Faso nouveau où les manquements aux droits de l’Homme sont atténués. A bas donc les carcans qui, jadis, faisaient du Voltaïque devenu Burkinabè, un individu dont les droits n’étaient pas toujours respectés.
En tout état de cause, il est clair que la recherche de la paix va de pair avec l’application ferme des droits des populations à la justice. Ainsi, des milliers de dossiers de crime seront recensés et traités par le Haut conseil conformément aux textes en vigueurs au Burkina Faso. Un engagement très noble au sommet de l’appareil d’Etat burkinabè. Plus d’un espère de tout cœur qu’au-delà des discours, le droit sera dit et la justice rendue à tous ceux qui ont été victimes, directement ou non, d’exactions.
Mieux que la défunte journée du pardon, qui dans la forme avait escamoté et enjambé les principes de justice, pour rechercher une réconciliation édulcorée, les Burkinabè espèrent, cette fois-ci, un pardon vrai et sincère. Reste à ce que les ambitions du Haut conseil ne soient pas de la poudre aux yeux des citoyens. Et que tous les moyens techniques et financiers soient accordés à cette institution afin de lui permettre de relever le défi. Des montagnes de dossiers sont entassés dans des tiroirs et attendent d’être dépoussiérés et passés au prétoire.
Au niveau des crimes économiques, on doit pouvoir faire la lumière sur la privatisation ou la décadence de certaines entreprises comme Faso Fani, CIMAT, SOREMIB, etc. ; faute de bonne gestion, ces entreprises sont passées entre les mains des privés ou ont fermé à jamais leurs portes. Pour les crimes de sang, les plus marquants se situent entre la période du Conseil du salut du peuple (CSP) en 1982 et la fin de l’ère Compaoré en passant par la révolution d’Août 1983. Vivement que l’engagement des autorités à élucider les différentes violations depuis des décennies aboutisse pour permettre aux Burkinabè de rompre pour de bon avec un passé sombre afin de vivre dans une cohésion sociale parfaite.
Wanlé Gérard COULIBALY
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