Fin de règne pour le Président Andry Rajoelina, qui a fui le pays, ces jours-ci, dans un contexte de contestation populaire. Si elle était confuse, la situation sociopolitique sur la grande île, secouée depuis quelques semaines par une grave crise politique, a tourné en défaveur de l’ancien maire d’Antananarivo. Il a été déposé, hier mardi 14 octobre 2025, par un groupe de militaires, issus du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT), dont le chef est le colonel Michael Randrianirina.
Quelques heures plutôt, les députés ont voté sa destitution à une large majorité (130 sur 161 députés). Rajoelina a tenté d’éviter ce scenario catastrophe, en dissolvant un peu plus tôt l’Assemblée nationale, mais rien n’y fit. Les carottes sont bien cuites pour « TGV », parti de Madagascar à bord d’un avion militaire français vers une destination inconnue, pour dit-il « protéger sa vie. Depuis sa cachette, il s’était adressé, lundi, à ses compatriotes, écartant toute idée de démissionner, ignorant que son sort était déjà scellé.
Au pouvoir depuis 2018 et réélu en 2023, Rajoelina cro-yait pouvoir reprendre la main, mais peine perdue. Voulait-il continuer à diriger le pays depuis l’extérieur, alors que son trône était vacant ? Comptait-il sur des tractations, avec l’implication de puissances étrangères comme la France, pour sauver sa tête et regagner son fauteuil au pays ? Le président malgache aurait tenté sans succès de calmer la contestation dirigée par le mouvement Génération Z, vent debout contre les coupures d’électricité et d’eau, la corruption et les violations de libertés.
Il a sacrifié d’abord le ministre de l’Energie, ensuite tout le gouvernement, pour enfin propulser un haut gradé à la Primature, sans aucun effet sur la colère de la rue. Malgré les calmants qu’il a administrés au patient nommé Madagascar, la fièvre n’a fait que s’empirer. L’échéance d’un an, qu’il a donnée pour mettre fin aux coupures d’eau et de courant, faute de quoi il allait le tablier, n’a pas également convaincu grand-monde. Le capitaine Rajoelina a perdu la maitrise du bateau battant pavillon Madagascar et il n’a pas réussi à redresser la barre à temps.
L’armée, avec la bénédiction de la rue, a fini par prendre ses responsabilités, ouvrant la voie à une nouvelle ère politique en terre malgache. S’il a marqué la vie sociopolitique de son pays, suscitant à un certain moment de l’espoir, Rajoelina sort de l’histoire par la petite porte, car n’ayant pas pu répondre aux attentes profondes de ses concitoyens. La mauvaise gestion de la société nationale d’eau et d’électricité, JIRAMA, symptomatique d’une gouvernance aux abois, a fini par convaincre les Malgaches que l’ex-maire d’Antananarivo ne faisait plus leur affaire.
Comment s’est-il débrouillé pour devenir si impopulaire, au point d’être « vomi » par la rue ? En tous les cas, la page de Rajoelina se tourne, à un moment où le peuple malgache a de nombreuses aspirations. Le groupe de militaires, qui prend le relais, connait parfaitement ce contexte de fortes attentes, et devrait logiquement travailler à redonner du sourire aux populations.
Kader Patrick KARANTAO