Bientôt la fin du drame syrien ?
La guerre en Syrie a tellement fait couler beaucoup d’encre et de salive, que personne n’y prévoit encore une issue heureuse. Le bourbier dans lequel le pays du grand dictateur, Bachar El-Assad, s’est enfoncé, a achevé de convaincre plus d’un observateur qu’il court inéluctablement à sa perte. Il suffit de voir ce que la Syrie est devenue, un champ de ruines et de larmes, pour comprendre le pessimisme des uns et des autres. La crise politique et sociale en Syrie, inspirée du printemps arabe de 2011, a viré à la guerre civile, avec son lot de morts, de blessés et de réfugiés.
A ce jour, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) dénombre plus de 240 000 morts et des centaines de milliers de déplacés. Ainsi se joue le sombre destin de la Syrie, et ce, depuis que le président Assad a refusé d’écouter la voix discordante de son peuple. Son régime follement répressif et les rebelles font parler les plombs à longueur de journées, entre conquête et reconquête de territoires. A quelque chose malheur est bon, dit-on. L’Etat islamique a profité du chaos pour faire son lit en terre syrienne, compliquant davantage l’équation syrienne. Et ce qui pousse à la fatalité, c’est l’impuissance de la communauté internationale à amener les frères ennemis syriens à fumer le calumet de la paix.
Les considérations plus ou moins partisanes ont pris le dessus sur l’intérêt suprême du peuple syrien. Ces dernières semaines offrent toutefois une lueur d’espoir, puisque la Russie, allié inflexible de Bachar El-Assad, et les Etats-Unis ont annoncé, en début de semaine, un cessez-le-feu en Syrie, le 27 février 2016 à minuit. Bonne nouvelle dirons-nous, vu l’ampleur du désastre dans le pays ! Il reste que l’accord y relatif doit être validé par le régime Assad et l’opposition, avant son entrée en vigueur. Le problème djihadiste, encore plus complexe à résoudre, n’est évidemment pas pris en compte.
Les belligérants ont jusqu’à vendredi prochain pour donner leur feu vert à ce projet de cessez-le-feu, et offrir ainsi une chance à la paix tant recherchée et tant attendue. Il est à espérer donc que les parties prenantes à cet interminable conflit aient les nerfs moins vifs que ce qu’ils ont montré jusque-là. Du reste les choses semblent déjà aller dans le bon sens, puisque le régime Assad a donné, hier mardi, son accord pour le cessez-le-feu avec les ennemis d’en-face. Même si le président syrien se montrait dubitatif, quant aux conditions à réunir pour aller au cessez-le-feu.
«La République arabe syrienne annonce qu’elle accepte la cessation des hostilités, sur la base de la poursuite des opérations militaires pour lutter contre le terrorisme de Daech (…) », a indiqué le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. Cette position est pour la moins inespérée, quand on connait la réticence du dictateur à négocier avec ses pourfendeurs. Bachar El-Assad prouve donc qu’il est capable de franchir ce pas important vers la paix qu’on attendait de lui. Le maître de Damas a-t-il fait preuve de réalisme ou est-il en train de faiblir face à la pression des occidentaux ?
Dans l’un ou l’autre cas, il a affiché une surprenante et agréable volonté de renoncer à la répression aveugle aux yeux de toux ceux qui le considèrent encore comme représentant légitime du peuple syrien. La balle est maintenant dans le camp des opposants qui devraient réagir incessamment au projet de cessez-le-feu. On imagine qu’ils emprunteront également le chemin de la paix, pour mettre fin aux déluges de feu. Le Haut comité des négociations (HCN), structure rassemblant les groupes clés de l’opposition syrienne, avait conditionné l’acceptation de l’accord à l’accès aux civils dans les zones assiégées et à la livraison d’aide humanitaire ; mais des efforts ont été faits dans ce sens ces dernières heures.
Toujours est-il que la nouvelle du cessez-le-feu est réjouissante à plus d’un titre, en ce sens que l’arrêt des hostilités va «soulager les souffrances du peuple syrien », pour convenir avec le président américain, Barack Obama. Si ce projet venait à se concrétiser le 27 février, il apportera du sourire aux populations, et permettra à la coalition internationale de mieux s’organiser pour combattre l’Etat islamique. N’empêche que l’on soit habité par un certain scepticisme, étant donné qu’un premier projet de cessez-le-feu avait échoué. Une chose est de signer l’accord, une autre est de le respecter scrupuleusement. Encore faut-il que ce soit ainsi dans cette chienlit syrienne.
Kader Patrick KARANTAO
stkaderonline@yahoo.fr
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