
La Cour des comptes a organisé une conférence de presse sur la présentation son rapport annuel 2024, vendredi 5 décembre 2025, à Ouagadougou.
Le Burkina Faso s’est engagé dans une dynamique de transparence dans la gestion des ressources publiques. Dans cette optique, après la remise du rapport public annuel 2024 au Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, le 24 novembre 2025, la Cour des comptes (CC) a convié la presse pour présenter ledit rapport, vendredi 5 décembre, à Ouagadougou. Ce document constitue une synthèse des activités menées par l’institution durant les années 2022-2023. Son objectif est d’informer le gouvernement, le parlement, les acteurs de la société civile et l’ensemble des citoyens sur la manière dont les ressources publiques sont utilisées.
Selon le premier président de la Cour des comptes, Latin Poda, le rapport couvre à la fois les activités juridictionnelles (telles que le jugement des comptes des comptables publics et les fautes de gestion) et les activités non juridictionnelles relatives à la bonne utilisation des deniers publics. Ces contrôles ont reposé sur l’analyse de dossiers, des auditions, des échanges avec les administrations concernées et ont débouché sur des constats assortis de recommandations visant à corriger les dysfonctionnements relevés. Sur le jugement des comptes de gestion, 89 comptes de gestion ont été jugés, donnant lieu à 27 arrêts.
Pour les fautes de gestion, le parquet a examiné 47 dossiers en 2024, dont 43 ont révélé des faits présumés de fautes de gestion, 4 des faits présumés d’infractions pénales impliquant divers profils d’agents publics. Sur la situation financière de l’Etat, l’encours de la dette publique affiche une tendance haussière sur la période 2017-2023, passant de 2 767,19 milliards F CFA en 2017 à 7 132,39 milliards de F CFA en 2023.
Sur la gestion financière et comptable des CSPS, la Cour a constaté des irrégularités caractérisées par l’existence d’écarts sur les montants des recettes recouvrées suivant les différentes données et le non-respect des modalités de gestion des recettes, des anomalies
dans les pièces justificatives des dépenses ou leur indisponibilité. La Cour des comptes a recommandé aux maires/ présidents de délégation spéciale des communes de prendre les mesures pour résoudre les difficultés y relatives et de veiller à la bonne exécution des tâches financières et comptables.
Des irrégularités à la CNSS
Au niveau du suivi-contrôle de la gestion financière et comptable des CSPS, la Cour des comptes a relevé que les commissaires aux comptes des Comité de gestion (COGES) n’assurent pas le contrôle interne de la gestion financière et comptable des CSPS. Dans certains CSPS, les auditeurs constatent que les dotations en médicaments essentiels et en carburant ne sont pas justifiées. La comptabilité est souvent lacunaire et les COGES fonctionnent en dehors des règles, avec des mandats dépassés et des bureaux irrégulièrement constitués.
La CC demande un renforcement des contrôles internes, un suivi rigoureux des dotations et la production obligatoire des pièces justificatives. Le rapport relève également de graves irrégularités dans la gestion des recettes minières déclarées dans le cadre de l’Initiative pour la transparence dans les Industries extractives (ITIE) : des formulaires transmis en retard, des erreurs de quittances, des données incomplètes. La Cour des comptes recommande une traçabilité renforcée et la création d’une base de données dédiée. Les constats sont tout aussi contrastés du côté des entreprises publiques.
Sur 14 sociétés contrôlées, 8 affichent des trésoreries excédentaires alors que d’autres présentent des structures financières préoccupantes. La CC recommande de réduire les trésoreries oisives, d’augmenter les fonds propres dans certaines sociétés et d’améliorer la gestion des créances. Elle souligne aussi l’absence généralisée d’outils de gouvernance essentiels, tels que les contrats-plans ou les plans stratégiques, et s’inquiète du manque de réaction de plusieurs entreprises face aux observations du contrôle externe.
Au niveau de l’audit de performance de la Caisse nationale et de sécurité sociale (CNSS), de 2020 à 2023, la Cour a révélé des insuffisances, notamment les employeurs et travailleurs non immatriculés, taxation d’office non appliquée, double enregistrements et difficultés de recouvrement. Par ailleurs, le rapport a aussi indiqué que 4 structures publiques doivent plus de 15,3 milliards F CFA en prêts non remboursés, malgré des délais déjà largement dépassés. Dans ce sens, la Cour des comptes, a recommandé au directeur général de la CNSS de prendre les dispositions pour faire procéder au remboursement des sommes dues. La Cour a insisté sur la nécessité de renforcer la discipline budgétaire, d’améliorer la gouvernance dans toutes les administrations et de suivre rigoureusement les recommandations afin d’assurer une gestion plus transparente et plus efficace des ressources publiques.
Abibata KARA
(Collaboratrice)




