La réorganisation territoriale a toujours été un outil efficace pour une bonne gouvernance. C’est dans ce sens que s’inscrit la dernière réforme engagée par le Président du Faso, chef de l’Etat, S.E. le capitaine Ibrahim Traoré, relative au redécoupage du pays. Tournant décisif dans l’administration du territoire national, cette nouvelle réforme n’est pas qu’une simple opération de charme. Elle traduit un acte de souveraineté, d’efficacité de l’Etat et un gage de protection pour les populations. Cela se justifie à plusieurs niveaux.
En effet, le pays traverse l’une des périodes sécuritaires les plus complexes de son histoire récente. Les limites de l’ancienne organisation administrative se sont révélées au grand jour, trop éloignée des réalités du terrain, peu adaptée aux urgences sécuritaires et en déphasage avec les spécificités socioculturelles locales. Cela a eu pour conséquences, l’inaccessibilité, parfois, de certains services publics mais aussi la marginalisation de certaines communautés dans la gouvernance.
Face à ces constats, il fallait agir afin de donner au Burkina Faso un nouveau visage administratif en phase avec les défis du moment. Les consultations menées par l’Assemblée législative de Transition (ALT), en juillet 2023, ont approuvé l’initiative. En effet, plus de 69% des participants aux consultations ont donné leur quitus pour le projet du nouveau découpage. Cette volonté, si besoin en est, traduit une attente forte qui est de rapprocher l’administration des citoyens, rendre l’Etat plus présent et porteur d’un développement local efficient.
La réforme, adoptée en Conseil des ministres, repose sur deux (02) décrets majeurs. Le premier redessine la carte : le Burkina passe de 13 à 17 régions, de 45 à 47 provinces, tout en conservant ses 350 départements. Le second change la donne symbolique : les noms de régions et de certaines provinces adoptent désormais des toponymes en langues nationales, renouant avec l’histoire et l’identité du pays.
Renforcer la présence de l’Etat dans les zones stratégiques
De ce redécoupage, quatre (04) nouvelles régions voient le jour. La région de l’Est, trop vaste et difficile à administrer, est désormais scindée en trois (03) : la région du Goulmou, la région de la Sirba et la région de la Tapoa. La région de la Boucle du Mouhoun se partage entre la région de Bankui et la région du Sourou.
La région du Sahel, elle, se subdivise en deux : la région du Liptako et la région du Soum, renforçant ainsi la présence de l’Etat dans les zones hautement stratégiques. Deux (02) nouvelles provinces complètent le dispositif : la province du Karo-Peli dans la région du Soum et la province du Dyamongou dans la région de la Tapoa.
Avec cette nouvelle carte, il est à noter deux objectifs clairs :
– renforcer la défense et la souveraineté nationale en améliorant la couverture administrative, surtout dans les zones frontalières sensibles ;
– affirmer l’identité culturelle en donnant aux entités administratives des noms enracinés dans le patrimoine national, loin des héritages coloniaux.
Un autre enjeu de cette réorganisation est qu’elle constitue un levier de développement car promettant une meilleure planification des projets, une répartition plus équitable des ressources et une gouvernance plus proche des réalités locales. En d’autres termes, elle accroit la visibilité de l’Etat, renforce sa crédibilité et sa confiance aussi bien pour ses citoyens que pour ses partenaires.
Avec cette réforme, le Burkina Faso ne se contente pas de déplacer des lignes sur une carte, il se redessine lui-même, traçant la voie d’un Etat plus agile, plus enraciné et résolument tourné vers la sécurité, la cohésion et le progrès.
DCRP/MATM