Un vent nouveau souffle sur le Royaume-Uni. Comme les sondages l’avaient prédit, le parti travailliste, le Labour, a remporté haut la main, les législatives du 4 juillet dernier, avec 412 sièges sur 650. C’est un plébiscite pour cette formation de gauche dont le leader, Keir Starmer, 61 ans, a été immédiatement nommé Premier ministre par le roi Charles III. Ce spécialiste du droit a déjà formé un gouvernement à la hauteur de ses ambitions et des défis du moment. Au Royaume-Uni, tout va généralement vite en matière de mise en place des équipes gouvernementales après les élections. Keir Starmer s’installe donc au 10, Downing Street (Primature), au détriment de son prédécesseur, Rishi Sunak et de ses camarades conservateurs, désavoués dans les urnes par un peule qui n’en pouvait de subir les dures réalités du quotidien. Depuis le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), le 31 janvier 2020 ou Brexit, de ce projet à rebondissements, du reste porté par les conservateurs, l’économie britannique souffre. Au lieu de soulager les populations, cette opération a manifestement contribué à renchérir le coût de la vie, à pénaliser le commerce extérieur et à rendre difficile la disponibilité de la main-d’œuvre.
Plusieurs domaines, tels la santé et l’éducation ont pris un gros coup, les accords entrant dans le cadre de l’Union européenne ayant été rompus. Selon des sondages récents, entre 55% et 60% de Britanniques regrettent le Brexit, pour ne pas dire qu’ils sont prêts à revenir en arrière.
Comprenons alors, pourquoi l’après Brexit est apparu comme un calvaire aux yeux de nombre de Britanniques, au point que les conservateurs ont perdu le pouvoir. Censée faire leur affaire, la question du Brexit a contribué à rendre impopulaires les conservateurs qui devront désormais se battre comme de beaux diables pour se refaire une image. A quelque chose, malheur est bon, dit-on. Les travaillistes reviennent donc au-devant de la scène politique, après leur traversée du désert depuis l’ère Tony Blair, mais dans un contexte problématique.
La charge qui repose sur les épaules de Keir Starmer est immense, puisqu’il doit travailler à ce que ses compatriotes retrouvent le sourire et regrettent moins la sortie de l’UE. Il doit œuvrer à redonner confiance aux Britanniques qui croient de moins en moins à des lendemains plus enchanteurs. Les conservateurs ont fait la promesse, entre autres, de rapprocher le Royaume-Uni de l’UE sans pour autant revenir sur le Brexit, de relancer la croissance économique, de renforcer les droits des travailleurs, de redresser les services publics et de contenir l’immigration. Aussi, se sont-ils engagés à ne pas augmenter les impôts. Keir Starmer a d’ailleurs donné un signal fort pour un début de gouvernance, en tenant une promesse de campagne. A peine promu, le nouveau chef du gouvernement britannique a affiché sa ferme volonté de ne pas poursuivre l’option du précédent gouvernement conservateur d’expulser des migrants au Rwanda. Controversé, ce projet n’a jamais été exécuté. Autant dire qu’il est mort-né. Pour le moment, Keir Starmer incarne un espoir de changement et on peut miser sur lui, eu égard au fait qu’il a réussi à unifier et à discipliner le parti travailliste. Pourra-t-il tenir le pari face à des compatriotes sombrant dans le pessimisme ?
Kader Patrick KARANTAO