Louanges à Allah comme il sied à la majesté de Sa face ainsi qu’à la grandeur de Son trône. Louanges infinies à Lui pour Ses innombrables bienfaits. Que Sa paix et Ses bénédictions se déversent abondamment sur Son noble Prophète Mouhammad ainsi que sur ceux qui le suivent.
Allah a installé l’homme sur terre pour être Son représentant afin de faire régner la paix, y préserver la vie, chanter Sa gloire et célébrer Ses louanges (S2V30). Pour parvenir à cette fin, Il lui montre la voie à suivre à travers Ses révélations dont la dernière, pour les musulmans, est le Coran. Ce dernier embrasse tous les aspects de la vie humaine, du plus banal comme aller aux toilettes pour ses besoins au plus important comme la relation à établir avec l’Unique.
Toutefois, il est déplorable, au regard des comportements de certains musulmans, de penser que l’Islam ne se résume qu’au culte tant on ne l’évoque qu’à la mosquée. L’Islam, dans nos contrées, a trop duré dans ces mosquées. Il est plus que jamais temps de le libérer et lui donner son sens véritable. Ailleurs et sans référence à une religion quelconque, tu n’observes et ne lis que les règles de l’Islam dans le comportement des citoyens tant ils se sont bien approprié la sincérité, le dévouement au travail, l’amour de l’humain, le désaveu du vol et de la corruption, … Alors que chez nous, l’Islam n’est Islam que par la parole et la présence aux lieux de culte. Avons-nous compris ce propos du Prophète qui définit la foi comme « une acceptation par le cœur, une attestation par la langue et la manifestation de ces deux par les actes ».
Dans les différents quartiers, les musulmans doivent cesser de n’avoir de préoccupations que ce qui concerne la mosquée. La promotion et la protection de l’environnement, par exemple, est une problématique majeure à laquelle il est plus que nécessaire d’apporter une réponse. Ils doivent s’intéresser à la salubrité, planter et entretenir les arbres, préserver les espaces verts. A côté, ils doivent avoir la cartographie des personnes vulnérables comme les orphelins, les veuves, les malades, les personnes du troisième âge, les personnes déplacées internes et organiser une conséquente aide à leur égard. N’est-ce pas l’une des belles leçons de Ramadan ?
Ils doivent s’organiser et marquer leur présence auprès de ceux qui souffrent dans les maisons d’arrêts et de correction ainsi que les malades dans les hôpitaux. L’heure n’est pas aux débats sans intérêts parce que les défis sont énormes. Au-delà de l’intérêt individuel que chacun doit porter à ces problématiques, il est plus que nécessaire de de procéder à une mutualisation des forces, des ressources pour plus d’impacts sur notre environnement. Ils doivent mettre en place des associations dans pratiquement tous les domaines comme l’alphabétisation des adultes sur lequel ils pratiquement absents. Les domaines économique, social et politique doivent être bien explorés avec un regard spécifique pour les femmes afin de leur octroyer leur véritable autonomie. Dans les services, comment ne donneraient-ils pas le meilleur d’eux-mêmes quand la foi exige la quête de la perfection. La prière, en tant qu’une obligation à des heures déterminées, est une autre école qui éduque le musulman au respect des engagements. Si ce n’est par force majeure ou en cas de nécessité, le travailleur musulman doit toujours arriver à l’heure et il ne quitte le service qu’à la descente puisqu’il est payé pour ce temps de travail. L’employeur musulman ne doit aucunement traiter ses employés comme des esclaves. Il doit leur payer leur dû avant que leurs sueurs ne sèchent selon l’enseignement du Prophète. Que dire de cet employeur qui paie toujours en retard ou qui se permet, dans ce contexte difficile, de suspendre les contrats. Où, alors, retrouver la miséricorde ?
Si demain se prépare aujourd’hui, il est plus que temps que les communautés musulmanes travaillent à mettre en place des complexes d’excellence allant de la maternelle au supérieur qui entrant dans le cadre des programmes de l’Etat mais prenant en compte les valeurs de l’Islam à inculquer aux apprenants dès le bas âge. Aussi, les mosquées, en plus du culte de la prière, doivent devenir de vraies écoles comme c’est le cas au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Tous les soirs, entre Magrib et Ichas, les enfants sont à la mosquée avec leurs enseignants. Imaginez le suivi d’un tel programme pendant dix ans. Nous formerons des érudits de la religion et qui excelleront à l’école aussi. Que dire des infrastructures sanitaires ? Est-ce que la communauté manque de ressources financières, de ressources humaines qualifiées ? Non. Il est, donc, temps de dépasser la parole pour agir. Ne serait-ce, d’abord, qu’un référent national d’excellence avec toutes les spécialités et à la portée de nos populations parce que l’Islam est une religion de miséricorde. L’Islam doit être compris et vécu non de façon restrictive mais d’une manière générale englobant tous les aspects de la vie parce qu’en réalité, il dépasse le cadre d’une religion qui définit les relations verticales entre le Créateur et Ses serviteurs pour s’intéresser, également, à l’horizontalité des relations entre les créatures. Ô notre Seigneur, fais de nous d’excellents exemples et agrée-nous. NB : La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir de présence.
Dr Inoussa COMPAORE
Imam à l’AEEMB et au CERFI