Rupture de sucre SN-SOSUCO : Incompréhension des commerçants, la SN-SOSUCO s’explique

La SN-SOSUCO n’a pourtant pas signalé une rupture de ses stocks de sucre.

Le sucre de la Nouvelle Société sucrière de la Comoé (SN-SOSUCO) se fait rare, voire inexistant sur le marché à Bobo-Dioulasso. Dans plusieurs magasins de grossistes, demi-grossistes ou détaillants où nous sommes passés, il n’y a pas de trace du sucre blond de la « Comoé ». Les commerçants interviewés s’étonnent de ce manque, mais la direction générale de la SN-SOSUCO rassure que tout va progressivement rentrer dans l’ordre.

Trouver du sucre de la Nouvelle Société sucrière de la Comoé (SN-SOSUCO) dans les commerces à Bobo-Dioulasso relève du parcours du combattant en ce début de mois de jeûne. Zakaria Ouédraogo est un commerçant aux abords du grand marché de la capitale économique du Burkina Faso. Il vend des articles, notamment des denrées en gros, demi-gros et en détail. Assis devant son magasin ce matin du mardi 4 mars 2025, il avoue ne pas disposer d’un seul carreau de sucre SN-SOSUCO. « Pour avoir un carton de sucre SN-SOSUCO actuellement, il faut faire un sacrifice et je ne sais pas où on peut en trouver.

Il faut que le gouvernement nous situe où se trouve le problème », lance-t-il. Zakaria Ouédraogo dit avoir appelé maintes fois son fournisseur habituel sans gain de cause. « Les clients préfèrent pourtant ce sucre, mais nous ne pouvons pas en trouver. On est obligé de vendre le sucre blanc importé », affirme-t-il, avec un brin d’amertume. Abdoul Aziz Soré, un autre commerçant semi-grossiste, est du même avis que Zakaria Ouédraogo.
Le sucre SN-SOSUCO est également porté disparu dans son magasin.

« Le sucre de manière générale se fait actuellement rare, mais pour le sucre SN-SOSUCO, on n’en trouve même pas chez nos grossistes habituels », indique-t-il, ajoutant que la pénurie s’est exacerbée avec le début du Ramadan. La foire du Ramadan organisée actuellement par la Ligue islamique du Faso (LIFA) sur l’esplanade de la Bourse du travail de Bobo-Dioulasso fait les frais de cette rupture du sucre. Selon Abderamane Coulibaly, membre de la LIFA, il y a toutes les denrées de première nécessité sauf le sucre de la SN-SOSUCO. L’alternative trouvée est le sucre blanc en poudre importé.

Risque de revendre à perte

Pour Abdoul Aziz Soré, il faut renforcer la capacité de la SN-SOSUCO afin qu’elle produise davantage pour faire face à cette « crise du sucre » et répondre à la demande de la population.
« Ce n’est pas du tout intéressant qu’on n’ait pas suffisamment de sucre produit au niveau national », regrette-t-il. Dans son témoignage, le commerçant Noufou Sawadogo confie que la dernière fois qu’il a vendu du sucre SN-SOSUCO date de plus d’un mois. Ce commerçant dit n’avoir jamais vécu la situation qu’il traverse actuellement.

« Les années antérieures, la rupture se constatait vers la fin du mois de carême, mais jamais au début », souligne-t-il. Installé au côté Est du grand marché de Bobo-Dioulasso, le grossiste et détaillant Sayouba Ouédraogo confie qu’il ne dispose pas actuellement de la marque SN-SOSUCO, mais qu’il vend du sucre en poudre importé. Toute chose qui, selon l’entendement de Abdoul Aziz Soré, serait liée à la fixation des prix du sucre de la SN-SOSUCO. « Nous achetons la tonne à plus de 800 000 F CFA.

C’est difficile de revendre le kilogramme (kg) à 800 F CFA en détail », lâche-t-il. Même son de cloche chez Sayouba Ouédraogo qui estime que l’Etat, avant de fixer le prix du kg de sucre SN-SOSUCO à 800 F CFA, n’a pas étudié suffisamment les prix antérieurs sur toute la chaîne. Il explique que la tonne qu’il achetait à 820 000 F CFA auprès de ses fournisseurs n’a pas connu de changement jusque-là. C’est donc paradoxal à ses yeux de demander au petit détaillant de vendre ce sucre au consommateur en deçà du prix en gros.

« L’Etat doit s’assurer, du prix-usine au prix en détail en passant par le gros et le demi-gros, que tout le monde gagne son compte. Sinon, un commerçant ne peut pas acheter pour vendre à perte », martèle-t-il. Le dilemme qui se pose, à l’écouter, c’est soit ajouter une petite marge au risque de voir sa boutique scellée par les contrôleurs des prix ou cesser de vendre ce sucre. Le plus important pour Abdoul Aziz Soré est de produire suffisamment le sucre pour les consommateurs qui préfèrent le sucre national au sucre importé.

La relance de la SN-SOSUCO

Approché pour comprendre cette situation, le Directeur général (DG) de la SN-SOSUCO, Djakalia Ouattara Héma, explique cet état de fait par le démarrage tardif de la production et des difficultés liées notamment à la vétusté des machines. « Habituellement, nous démarrons la campagne de production en novembre, mais cette fois-ci, c’est le 27 décembre 2024 que nous avons officiellement lancé cette campagne pour commencer à produire en janvier 2025. Et depuis le démarrage, nous produisons sans arrêt. En deux mois, nous avons produit 11 000 tonnes de sucre granulé. Seulement, le démarrage a coïncidé avec la forte demande de consommation de sucre (ndlr, mois du carême), ce qui fait que la situation est accentuée », détaille Djakalia Ouattara Héma.

Si l’on devrait attendre que tout soit parfait avant de démarrer la campagne cette année, poursuit M. Héma, il n’était pas évident que la SN-SOSUCO produise, parce qu’il faut renouveler tout l’équipement de production.
« Mais comme on ne voulait pas d’un arrêt, on a démarré en résolvant au fur et à mesure les problèmes. Ce qui explique aussi les deux mois de retard », fait-il savoir. Tout de même, le DG rassure qu’avec la prise en main de la société par l’Etat, un plan de développement et de relance de la SN-SOSUCO est conçu avec une augmentation de la production et des superficies de la canne à sucre.

« Cette campagne est une campagne de transition avec les difficultés que nous connaissons. D’ici la campagne prochaine tout va rentrer dans l’ordre », rassure Djakalia Ouattara Héma. C’est pourquoi, il demande la tolérance et la compréhension des Burkinabè pour permettre à la SN-SOSUCO de retrouver ses marques. « Nous sommes tous engagés à ce que la SN-SOSUCO retrouve ses lettres de noblesse et nous allons y parvenir avec l’accompagnement de tous », a conclu le DG de la SN-SOSUCO.

Alpha Sékou BARRY
alphasekoubarry@gmail.com

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