Soudan : mettre fin aux supplices

Le conflit soudanais, débuté le 15 avril 2023, parfois surnommé « guerre des généraux », n’est pas près de s’arrêter. Loin s’en faut, si l’on s’en tient aux évolutions macabres de la situation qui se laissent percevoir, dans le pays, sur les champs des hostilités. Cette 4e guerre civile, survenue quelques temps après la destitution de Omar El-Béchir oppose deux factions militaires rivales dirigées par les deux hommes à l’origine du putsch d’octobre 2021. D’un côté, les Forces armées soudanaises (SAF), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, qui a accédé au pouvoir après le putsch, de l’autre coté, les Forces de soutien rapide (RSF) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit Hemetti. Pour ce que l’on sait, ces deux dernières semaines, les combats ont repris avec une rare violence à El-Fasher, la capitale de la province du Nord-Darfour, tuant au moins 123 personnes et faisant une fois de plus de nombreux déplacés.

Depuis son déclenchement en 2023, le conflit a occasionné la mort de plus de 14 000 personnes et en a blessé des milliers d’autres, pendant que les informations font état de violences sexuelles généralisées et bien d’autres atrocités. Et, plus d’une année après, les bruits des bottes se font toujours entendre. Si rien n’est fait pour mettre fin aux crépitements des armes et à la boulimie de la soldatesque, ces chiffres énoncés plus haut pourraient malheureusement encore augmenter, avec le risque réel d’aggravation de la famine et bien d’autres corolaires.

De ce qui précède, l’on peut légitimement se demander ce
que font les partenaires bilatéraux du Soudan et même la Communauté internationale pour obtenir des protagonistes un cessez- le-feu digne de ce nom et trouver un modus vivendi entre les généraux, Abdel Fattah al-Burhan et son frère d’arme, Mohammed Hamdan Daglo. Bien que des rencontres ça et là aient déjà eu lieu, par moment dans des enclaves diplomatiques en vue de trouver, une solution au conflit, l’on a l’impression que les lignes ne bougent guère. Toute chose qui laisse penser, à juste titre, que le pays semble être relégué aux oubliettes, plongeant ainsi les Soudanais dans des nuits cauchemardesques.

Il faut le dire, la situation actuelle du Soudan désole et désespère. Par voie de conséquence, plutôt que de se livrer à des discussions puériles, les acteurs internationaux devraient peser de tous leurs poids pour pouvoir mettre fin à cette entreprise meurtrière de guerre civile dans laquelle ploie désespérément le peuple soudanais. Car, sans vouloir se répéter, aucune stratégie visible tendant à concilier les positions ne s’est encore dégagée clairement. Ainsi, certains observateurs sont parvenus à se demander ce que l’on peut encore faire dans ce bourbier à l’effet de faire entendre raison à ces frères ennemis, visiblement déterminés à ne pas déposer les armes. Pourtant, la situation peut toujours se normaliser si des actions concrètes et coercitives sont posées.

Dans cette dynamique, la morale de façade et le cynisme de facto dont on accuse, souvent, certains diplomates des médiations ne devraient pas avoir droit de citer. En plus, il est impérieux que les dirigeants de cette partie du continent s’impliquent davantage dans la recherche de l’apaisement. Car, il faut sauver au plus vite le peuple soudanais qui a vécu pendant longtemps les affres des crises différentes et dont les stigmates sont toujours présents dans les esprits. Cela dit, gageons que les affrontements meurtriers qui ont eu lieu à El-Fasher puissent servir de point de départ pour enclencher une nouvelle dynamique dans la recherche de solutions durables au conflit pour sortir le peuple soudanais du supplice affreux dans lequel les politiques aux desseins sordides l’ont plongé.

Soumaïla BONKOUNGOU

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