Il a été l’un des joueurs majeurs de la belle chevauchée des Etalons, il y a une vingtaine d’années, lors de la CAN 98. Brahima Traoré alias le «professeur» a toujours été le dépositaire du jeu tant chez les Etalons que dans les clubs où il est passé. L’ancien joueur de l’USO, de l’USFA et de l’ASFA-Yennenga a pris sa retraite et passe actuellement ses diplômes d’entraîneur aux Emirats arabes unis. Invité de la rédaction de Sidwaya Sport, il raconte sa reconversion et donne son avis sur le football burkinabè.

Que devient Brahima Traoré ?
Brahima Traoré est entraîneur de football depuis 2011. Après avoir mis fin à ma carrière de footballeur professionnel en Indonésie, je suis revenu au pays en 2010. Entre-temps, j’ai contacté les dirigeants de mon ancien club à Dubaï, Sharjah club, une équipe de D1. Ils m’ont dit de leur faire parvenir mes diplômes d’entraîneur. A ce moment, j’avais participé à des stages pour entraîneur. Je leur ai envoyé les documents. C’est ainsi que j’ai pu intégrer le staff technique de mon ancienne équipe à Dubaï. Là-bas, ils sont exigeants sur les diplômes. Pourtant, je n’avais même pas la licence C. C’est ainsi que j’ai été envoyé dans une équipe de D2 appartenant à Sharjah club, Dhaid club. C’est dans ce club que j’ai eu à passer ma licence C, puis B. Aujourd’hui, j’ai la licence A asiatique. Je ne suis plus à Sharjah club. Depuis 2015, j’ai rejoint une équipe de D1 qui s’appelle Dhafra club. C’est dans cette formation que Roméo Kambou a joué quand il est arrivé à Dubaï en 1998. Je m’occupe des moins de 17 ans. Aux Emirats arabes unis, tu ne peux pas entraîner une équipe de D1 sans avoir la licence pro. Alors que j’ai eu la licence A rien qu’en 2017. Selon la réglementation de la FIFA, après la licence A, il faut trois ans pour passer la licence pro. Il me faut donc attendre 2020 pour espérer l’avoir.

Comment s’est déroulée votre saison cette année ?
La saison ne s’est pas mal passée. Nous avons occupé le milieu de tableau du classement. Il est vrai que sur le plan financier, le club est un peu nanti, mais il ne joue pas les premiers rôles. C’est un club qui appartient à la ville d’Abu Dabi. La ville d’Abou Dabi compte, à elle seule, cinq équipes. Asamoah Gyan, George Weah pour ne citer qu’eux, y ont joué. Mon objectif est d’obtenir la licence pro l’année prochaine pour entraîner une équipe d’élite. Comme j’ai assez duré dans mon club, tout reste possible. Il est fort possible qu’on me confie l’équipe première. Au pire des cas, je peux commencer comme entraîneur adjoint et être le principal par la suite.

Y a-t-il des footballeurs burkinabè qui évoluent aux Emirats ?
Ces deux dernières années, non. J’avoue que tous les footballeurs burkinabè qui y sont venus n’ont pas été retenus après des essais. D’autres sont restés bien qu’ils n’aient pas eu de club, mais ils souffrent. Souvent les jeunes se disent que le football est facile chez les arabes. Et lorsqu’ils arrivent, ils constatent que c’est carrément le contraire. Il y a en ce moment un joueur de l’ex-centre de formation Kada school, promotionnaire de Jonathan Pitroipa qui se nomme Yaya Sanogo. Présentement, il souffre aux Emirats. Il est venu me voir. Je l’avais conseillé de rentrer au bercail. Il m’a signifié qu’il ne peut pas car il n’a plus rien au pays. Il a vendu tout ce qu’il avait pour tenter cette aventure. Je me rappelle que quand je suis arrivé nouvellement dans ce club, j’avais fait signer Pierre Koulibaly et Hugues Wilfried Dah. Après eux, Aziz Djelbéogo est arrivé. L’année dernière, je devais faire venir Mohamed Koffi. Mais, il s’est trouvé qu’il était toujours sous contrat avec Al Masry d’Egypte. Ça a été le même cas qu’Aristide Bancé. Lui aussi avait été contacté par l’ancien club de mon compatriote Abdoulaye Traoré dit Ben Badi, mais il avait aussi un contrat en cours avec le même club égyptien.

Peut-on comparer le niveau du championnat émirati à celui d’Europe ?
Il n’y a pas de comparaison possible, l’Europe c’est le haut niveau. Mais le niveau est acceptable aux Emirats. La preuve est qu’une équipe de ce pays a remporté la champions league asiatique. Il y a de cela deux à trois ans, l’équipe nationale a disputé la finale de la coupe d’Asie des nations.

Le football nourrit-il son homme là-bas ? Les joueurs sont-ils bien rémunérés ?
Affirmatif. Au départ, nous étions cinq après la CAN 98 à prendre la direction de ce pays. J’étais avec Kassoum Ouédraogo Zico, Roméo Kambou, Abdoulaye Traoré dit Ben Badi et Seydou Traoré. A ce moment, le niveau était passable parce que les locaux jouaient pour le plaisir. Beaucoup étaient dans les corps militaires et paramilitaires, le football venait après. Ce n’est plus le cas en ce sens que le championnat est devenu professionnel. Ils ont assez mis les moyens et actuellement, le football Emirati nourrit bien son joueur.

Vous aviez dit tantôt que les footballeurs burkinabè qui ont fait un passage n’ont pas pu s’adapter ? Est-ce parce qu’ils ont négligé le niveau du football émirati ou prennent-ils les choses à la légère ?
Je pense que ce n’est pas une négligence. Il faudra peut-être voir comment ils sont arrivés dans ce pays. Par exemple, si le joueur est arrivé sous le couvert d’un agent qui ne veut que se remplir les poches, il est clair qu’il sera dans une situation compliquée. L’agent le fait venir, et n’arrive même pas à lui trouver un essai dans un club. Je ne ferai jamais venir un joueur burkinabè tant que les conditions ne sont pas bien réunies. Il y a souvent des équipes qui me contactent pour exprimer leur besoin en joueurs. Je cherche à voir clair dans les conditions avant de m’engager. Je pose comme première condition, la prise en charge totale du joueur. C’est-à-dire son billet d’avion, son visa, le logement et j’en passe.

Rappelez à nos jeunes lecteurs qui était Brahima Traoré ?
Brahima Traoré a commencé à jouer au football avec l’équipe minime du quartier Larlé, ex-secteur n°10 avec comme coach Kakoko. J’ai beaucoup appris avec lui. Ensuite, les minimes du secteur n°10 sont devenus les cadets et juniors de l’USO. Avec les juniors, feu le colonel Félix Tiemtarboum m’a donné la chance de monter avec l’équipe première de l’USO. Je me rappelle avoir trouvé au sein de cette équipe des aînés comme Laurent Ouédraogo, Henry Sourwema, Ambroise Tiemtoré etc. Avec eux, j’ai beaucoup appris. J’ai été meilleur buteur du championnat en 1993. J’ai été par la suite transféré à l’USFA avec l’accord du colonel Tiemtarboum. A ce moment, c’était la grande époque de l’USFA. La formation militaire avait recruté, cette année-là, les meilleurs joueurs du championnat national. J’y ai passé seulement qu’une année où nous avions terminé vice-champions. Après j’ai mis le cap sur l’ASFA-Y. Là-bas, nous avons réalisé le premier triplé en remportant le championnat, la coupe du Faso et la coupe des leaders. C’est à la fin de la saison que la présidence du Faso a reçu une correspondance d’une équipe française, Bressuire, qui demandait les deux meilleurs joueurs du championnat. Cette note a été transmise à la Fédération burkinabè de football qui a porté son choix sur Seydou Traoré et moi. C’est ainsi que nous sommes partis en France en 1995. Après la CAN 98 où nous avons fait une bonne prestation, le prince de Dubaï nous a remarqués. Il a pris contact avec le président de Bressuire et nous avons atterri à Dubaï en 1998. J’y suis resté jusqu’en 2006 avant d’aller en Malaisie puis en Indonésie où j’ai mis un terme à ma carrière.

Brahima Traoré était quel genre de joueur ?
J’étais un milieu de terrain polyvalent et technique. J’ai commencé en équipe nationale en 1991 avec l’entraîneur brésilien Carlos Barrios. C’est lui qui m’a donné ma chance. A l’époque, il y avait les Issouf Traoré, Gualbert Kaboré, les frères Gnimassou etc. En équipe nationale j’ai toujours joué comme milieu défensif. Et quand Drissa Traoré Saboteur a pris les rênes des Etalons, il m’a positionné devant la défense. En équipe nationale j’ai toujours joué comme milieu défensif. Mais quand je retourne en club je suis souvent deuxième attaquant. Raison pour laquelle à l’USO j’ai terminé meilleur buteur du championnat en 1993. A Dubaï, j’ai fini 2e meilleur buteur.

Des Emirats, est-ce que vous arrivez à suive le championnat burkinabè ?
Non. J’ai les résultats à travers les réseaux sociaux. Nous n’avons pas une chaîne aux Emirats qui diffuse le championnat burkinabè. Nous suivons seulement le championnat ivoirien sur Canal +.

Quelle comparaison faites-vous du niveau actuel du football burkinabè par rapport à votre époque ?
Ces deux dernières années je vois que le niveau est supérieur aux cinq dernières années. Comparé à notre époque, l’écart est toujours grand. Notre championnat était plus relevé même si le football aujourd’hui va vite avec beaucoup d’engagement et de mobilité. Mais à notre époque, les joueurs ne s’expatriaient pas beaucoup. Par contre aujourd’hui les joueurs sortent plus facilement et je crois que cela joue sur le niveau du championnat.

Avant vous arrivez à remplir les stades surtout lors des derbys. Selon vous pourquoi les supporters ont fui les stades ?
Beaucoup de personnes pensent que c‘est le niveau du championnat. Pour moi, par contre, c’est à cause des matches de championnats européens diffusés à la télévision. Aujourd’hui les gens préfèrent aller regarder les matches du Real ou du Barça que de venir aux stades. A notre époque à l’USO quel que soit le lieu où on allait jouer, le regretté Nabiga était toujours présent, même si le Brésil jouait à la même heure. La mentalité des supporters a beaucoup changé. Ils préfèrent rester à la maison suivre un match ou aller dans un maquis.

A l’époque, combien pouvait gagner le joueur le mieux rémunérer du championnat national ?
Je ne peux que vous parler de l’USO et de l’ASFA-Y, les clubs dans lesquels j’ai évolué. A l’ASFA-Y c’était le top des tops. C’était l’époque du président Diakité et Simon Compaoré. J’ai été recruté en compagnie du regretté Abou Ouattara, Albert Bamogo, Amadou Traoré le Rouquin. A cette époque, lors de la saison 1994-1995, nous avions signé à 400 000 FCFA plus une moto. C’était inédit. En plus, j’ai eu la chance d’avoir une moto d’un fervent supporter de l’ASFA qui se nommait Naaba. Franchement nous étions dans de bonnes conditions pour jouer au foot. C’est ce qui nous a permis cette année-là de réaliser le triplé. Les mieux payés à notre époque touchaient 60 000 FCFA par mois. Et c’est l’ASFA-Y qui avait ces salaires. Nous étions six à toucher ce montant. Aucun joueur ne gagnait plus que nous. Par contre, à l’USO, je percevais 10 000 FCFA. Quand j’ai été meilleur buteur, je suis passé de 10 000 FCFA à 15 000 FCFA. La prime de match était de 2000 FCFA. On jouait pour l’amour du maillot, du club. Même en sélection nationale, c’était le même traitement. A l’époque du regretté Kilmité Théodore Hien, lors des éliminatoires de la CAN 1992, nous sommes allés battre le Bénin et les autorités ont voulu remettre à chacun 20 000 FCFA comme prime de match. Gualbert Kaboré, le capitaine, a retourné l’enveloppe au ministère. Finalement, nous avons perçu 40 000 FCFA pour ce match.

Comment avez-vous vécu la CAN 98 ?
Je l’ai vécue avec beaucoup d’émotions de joie et de fierté. Il faut reconnaître qu’au départ, personne ne comptait sur nous. On ne nous voyait même pas franchir le premier tour. Dieu merci, nous avons eu une bonne préparation. Le sélectionneur Philippe Troussier nous a mis en confiance. Il nous a fait savoir que les autres équipes n’étaient pas meilleures que nous. Et qu’il suffisait d’être sérieux et de respecter les consignes. Après la défaite contre le Cameroun, à l’ouverture de la CAN 98, nous n’avons pas paniqué. Arrivé au COMET, Troussier a libéré tous les joueurs en tenant ce discours : « Rien n’est encore fait, nous pouvons toujours nous qualifier ». La preuve, nous avons disposé de l’Algérie et ensuite de la Guinée pour nous retrouver en quarts de finale. Nous étions fiers de notre parcours. La bonne préparation y est pour quelque chose. Aujourd’hui beaucoup nous reconnaissent à travers la CAN 98. Actuellement entraîneur, je découvre un autre métier. Souvent nous les anciens internationaux nous pensons qu’il n’est pas facile d’entraîner. Quand je prends l’exemple de Saboteur en 1992, il n’y avait pas de professionnel dans le groupe, à l’exception de Sidi Napon et Dieudonné Sanou. Le reste du groupe était constitué de locaux. Grâce au travail physique opéré par l’entraîneur, nous étions au top. Lors des préparations des éliminatoires de la CAN 96, Saboteur faisait arrêter le championnat. Cela a été le cas dans la préparation des matches contre le Maroc et la Côte d’Ivoire. A cette époque, nous étions fiers d’être en équipe nationale. Avec Saboteur tout le monde avait peur. Il ne pardonnait pas les écarts de comportement. Quel que soit ton niveau, à la moindre indiscipline, tu es libéré.

Le match de classement face à la RDC est resté en travers de la gorge de nombreux Burkinabè. Avec le recul, y a-t-il une explication à cette remontée des congolais?
En football, il suffit que l’équipe adverse réduise le score et puis vous êtes paniqués. Pendant ce match de classement, nous n’avons rien compris. Tout est allé très vite. On a été les premiers à être déçus parce qu’on voulait la médaille. Les joueurs savaient qu’il allait être difficile d’avoir une autre chance de terminer 3e d’une CAN. Nous étions d’abord déçus d’avoir perdu en demi-finale contre l’Egypte. Perdre encore la 3e place a été difficile à digérer. De nombreux joueurs ont pleuré ce jour-là.

Quelle a été l’ambiance dans les vestiaires avec l’entraîneur?
Philippe Troussier nous a félicités. Il nous a fait comprendre que le football est ainsi fait. Pour lui, au départ, personne ne nous voyait à ce niveau. Il nous a dit d’être fiers de nous-mêmes si notre objectif était de remporter la CAN. C’est à travers ses propos que nous avons compris qu’il allait partir. Il nous a laissé entendre qu’avec que le niveau que nous avons atteint, les gens allaient nous attendre aux prochaines compétitions. Nous devons être prêts à relever le défi. Ses mots d’encouragement nous ont un peu remonté ont le moral, même s’ils n’ont pas effacé la douleur de la défaite.

Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s’est passé à l’époque avec la non sélection de Mamadou Zongo dit « Bébéto » ?
Mamadou Zongo n’a pas donné les vraies explications de sa non sélection à la CAN 98. A cette époque, il était la star de l’équipe et tout le monde voyait qu’une CAN sans lui était perdue d’avance. La vérité est qu’il était blessé. Le sélectionneur Philippe Troussier voulait coûte-que-coûte l’intégrer dans l’effectif. C’est pendant notre stage de préparation à Sol Beni, le camp d’entraînement de l’ASEC d’Abidjan, que nous avons compris que Mamadou Zongo ne pouvait pas jouer. Philippe Troussier et le médecin de l’ASEC sont venus chercher Mamadou Zongo à l’hôtel. Ils l’ont amené à l’hôpital pour des examens. Ils ont trouvé que la blessure au niveau de sa cheville ne lui permettait pas de jouer. Même à travers les exercices physiques, Mamadou Zongo lui-même a laissé entendre qu’il ne pouvait pas. Or c’est lors de ce stage que le sélectionneur devait donner la liste des 23 joueurs pour la CAN 98. Nous avons continué au Libéria pour un match amical à l’occasion du 50e anniversaire de Charles Taylor et Mamadou Zongo est resté à Abidjan avec le groupe qui n’était pas sélectionné. Quand nous sommes revenus à Abidjan pour continuer au Niger livrer notre dernier match amical, Troussier a dit qu’il ne peut pas prendre un joueur blessé. Voilà comment il a libéré Mamadou Zongo. Je pense qu’en ce moment, Mamadou Zongo devait faire un point de presse pour expliquer à l’opinion publique qu’il était blessé. Mamadou Zongo n’a livré aucun match amical durant tout le stage de préparation. Il ne s’est même pas entraîné ne serait-ce qu’une fois avec nous.

On a ouï dire que bien qu’il n’ait pas été retenu pour la CAN, Mamadou Zongo a reçu les mêmes avantages que vous ?
La rumeur comme quoi Mamadou Zongo aurait reçu les mêmes avantages que les sélectionnés, je n’en sais rien. Tout ce que je sais est que l’entraîneur a fait en sorte que les titulaires et les remplaçants soient logés à la même enseigne. Tout le monde était sur le même pied et nous avons tous eu les mêmes primes.

Est-ce vrai qu’il y avait une commission wack pendant la CAN 98 ?
Je suis croyant, pratiquant. Mais en tant qu’Africain, je crois aussi au wack. Depuis l’USO, l’USFA, en passant par l’ASFA-Y, j’ai pu remarquer que toutes les équipes font le wack. Seulement, le wack seul ne suffit pas pour donner la victoire. Lors de la CAN 98, en tant que joueurs nous entendions souvent dire que des gens ont préparé le match mais nous n’étions pas impliqués. Le regretté Oumarou Kanazoé, Djnguénaba Barro, Alizèta Gando, venaient nous motiver au COMET. Je me rappelle qu’après notre victoire contre l’Algérie, Kanazoé nous a remis 7 millions F CFA en liquide qu’il a remis à Alain Nana pour le groupe.

Combien chaque joueur a pu empocher à la fin de la CAN ?
Après la CAN 98, chaque joueur a empoché 8 millions F CFA. Les primes lors de la CAN 98 de victoire s’élevaient à 400 000 francs, pour la qualification en quarts de finale, nous avons reçu chacun 1 million et 1,5 million pour les demi-finales. Les 8 millions reçus comprennent les dons que les uns et les autres nous faisaient. Certains se sont aussi vu proposer des villas AZIMO avec un rabais de 500 000 francs. Votre avis sur la non-qualification des Etalons à la CAN 2019…
A toute chose malheur est bon. Le Burkina Faso n’est pas au rendez-vous pour cette CAN, ça fait mal, mais ce n’est pas mauvais. Il faut qu’on profite de cet échec pour mieux sauter. Il y a eu le Nigéria, le Ghana, le Maroc qui ont manqué également des rendez-vous, et qui ont profité rajeunir leur effectif pour revenir forts. C’est à nous de faire la même chose. Il se peut que les Etalons ne se qualifient pas encore pour la CAN 2021. Il faut dès à présent une nouvelle génération. Les gens ont souvent peur des changements. Si une équipe est en fin de cycle, il faut avoir le courage de libérer certains joueurs et donner la chance aux jeunes.

Est-ce à dire que l’équipe est vieillissante ?
L’équipe n’est pas vieillissante. Cette équipe pouvait jouer la CAN en Egypte. Je sais qu’elle voulait jouer avant de partir. J’ai eu à échanger avec certains cadres de l’équipe à ce sujet. Et ceux avec qui j’ai échangé auraient voulu jouer la CAN avant de prendre leur retraite en équipe nationale. J’espère que ces joueurs qui avaient décidé de prendre leur retraite après la CAN vont le faire maintenant. Pour la nouvelle équipe, il faut prendre les hommes qu’il faut pour une meilleure sélection nationale. Je n’aime pas comparer notre génération à celle d’aujourd’hui. A notre temps, il n’y avait pas assez de professionnels. Aujourd’hui, on peut composer deux équipes des Etalons avec uniquement des professionnels. Mais il faut faire appel à des professionnels qui sont titulaires dans leur club. Sinon autant prendre le meilleur buteur du championnat burkinabè que d’appeler un professionnel de 3e ou de 4e division qui plus est n’est pas titulaire dans son club.

Est-ce que le staff technique n’a pas commis une erreur en n’injectant pas du sang neuf dans l’équipe nationale ?
Oui. Il fallait aussi injecter du sang neuf dans l’équipe. On ne peut pas changer cinq ou six éléments dans un noyau qu’on a composé. Mais en tant qu’entraîneur, il faut changer un ou deux éléments du noyau ou doubler les postes. Par exemple, il peut avoir deux ou trois éléments au poste qu’occupe Charles Kaboré pour préparer l’après Charles. Ainsi fait, il n’y aurait pas de problème aujourd’hui à certains postes. Le sélectionneur national n’a pas su préparer des futurs joueurs pour l’équipe nationale.

Etes-vous intéressé par le poste vacant du sélectionneur national du Burkina Faso ?
Je ne suis pas intéressé. On m’avait proposé le poste d’entraîneur adjoint avant Firmin Sanou. J’avais en son temps la licence B. J’ai rencontré le DTN Ousmane Sawadogo pour lui faire savoir que j’aimerais passer tous mes diplômes avant de prétendre à un poste de sélectionneur national. Avec le président de la Fédération, Sita Sangaré, j’ai répété ce que j’ai dit au DTN.

Cela veut dire que dans quelques années on peut vous voir comme sélectionneur national du Burkina Faso ?
Oui, ce n’est pas exclu ! Je veux être un grand entraîneur, un coach reconnu. Je n’ai pas peur de prendre mes responsabilités parce qu’il faut prendre le risque d’être un grand entraîneur. Je suis ambitieux. Je suis prêt à prendre l’équipe nationale du Burkina Faso quand j’aurais tous mes diplômes.

Quel doit être le profil du futur sélectionneur national ?
Il doit avoir du caractère et connaître le football burkinabè. J’entends par-ci par-là qu’il faut prendre un sélectionneur local. Ce sélectionneur doit avoir du caractère. Nous les entraîneurs locaux, nous nous négligeons. Saboteur a réussi avec les Etalons parce qu’il a du caractère et a confiance en lui. Egalement, il ne conçoit pas qu’on lui impose un joueur ou un système de jeu. Il a ses principes et tient à ce qu’ils soient respectés. Un sélectionneur national doit s’imposer. Il doit appliquer la discipline. Il ne doit pas être influencé par qui que ce soit.

Que pensez-vous de la décision de la FBF de confier les destinées des Etalons à un sélectionneur national local ?
Je suis pour un sélectionneur national. Il faut donner la chance aussi aux locaux. Certains diront que c’est un risque. Mais il faut prendre le risque de donner la chance aux locaux. A quoi servent les diplômes des locaux si on ne leur donne pas la chance de prendre l’équipe nationale. Nous avons acquis les mêmes connaissances que les sélectionneurs étrangers. Il n’y a aucune différence de connaissances. Peut-être que c’est le caractère de ces étrangers qui fait la différence.

Vous avez dit que nos entraîneurs locaux se sous-estiment. Pourquoi ?
C’est le manque de confiance. Kambou Malo a presque tout gagné sur le plan national. S’il est nommé sélectionneur aujourd’hui et qu’il a peur, il va échouer.

Vous pronostiquez pour Kamou Malo alors?
Pour l’instant, c’est le seul qui a plus d’expérience que les entraîneurs locaux, en dehors de Saboteur. Et c’est mon point de vue.

La rédaction

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