La 32e Coupe d’Afrique des Nations (CAN) s’est achevée le vendredi dernier au Caire avec le sacre des Fennecs d’Algérie. La compétition s’est déroulée en Egypte sans anicroches. Que faut retenir de cette CAN qui s’est déroulée pour la première fois à 24 équipes ?

Le président de la CAF, Ahmad Ahmad, peut pousser un ouf de soulagement. La CAN 2019 qui a cherché entre- temps un pays hôte, après le retrait du Cameroun à six mois de la compétition, vient de s’achever en Egypte. «C’est une réussite», a soufflé le Malgache, la veille de la finale. Tout le monde s’interrogeait, à juste titre, sur cette CAN à plusieurs innovations. Quel serait le niveau de la CAN à 24 équipes, au lieu de 16 et qui se déroule en juin? Qu’apportera l’introduction de la VAR à partir des quarts de finale, surtout après le fiasco de la vidéo lors de la finale de la Ligue des champions africaine ? Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a plus de peur que de mal. Même si certaines rencontres se sont disputées avec des températures avoisinant les 40 degrés. Quant à la VAR, effectivement mise en service à partir des quarts de finale, elle a permis de corriger certaines injustices. Mais pas toutes, selon certains observateurs, en référence au penalty refusé à la Tunisie en demi-finale et au Sénégal en finale après le visionnage de la vidéo. Le même débat s’est posé après la Coupe du monde en Russie et en Champions League. Rien de nouveau donc sous le soleil. En ce qui concerne le niveau de la compétition, il a été dans l’ensemble acceptable. Certains matches ont été très disputés (Sénégal-Algérie, Maroc-Côte d’Ivoire, Algérie-Côte d’Ivoire…) et des pays comme Madagascar, le Bénin, l’Ouganda, la Mauritanie n’ont pas été ridicules.

Des déceptions

La déception est plutôt venue de certaines grosses nations. L’Egypte, avec sa grande star Mohamed Salah, n’a pas réussi à accrocher une huitième étoile à son maillot. Or, en venant à la rescousse de la CAF pour l’organisation de cette 32e CAN, le pays des Pharaons n’avait pour unique objectif que de remporter le trophée au soir du 19 juillet. Mo Salah et ses coéquipiers ont été sonnés en 8e de finale par des Sud-africains insouciants. Le Maroc de Hervé Renard et de Hakim Ziyech a également essuyé une grosse désillusion en Egypte. Il a été désigné comme l’un des favoris au sacre final après un sans-faute en matchs de poules. Tout comme les Pharaons, les Lions de l’Atlas se sont fait piéger en 8e par de tenaces Ecureuils du Bénin. Le tenant du titre, le Cameroun, n’a pas non plus dépassé le second tour, surclassé par le Nigéria. Les contreperformances de ces pays, comme il fallait s’y attendre, a entrainé une valse des entraineurs dans certains pays. Le président de la Fédération égyptienne a limogé le sélectionneur mexicain, Javier Aguirre et tout son staff avant de présenter sa démission. En Guinée, Paul Put a été révoqué de ses fonctions après l’élimination du Syli en 8e de finale. Le sélectionneur du Cameroun, Clarence Seedorf, est également évincé, tout comme les entraineurs de l’Ouganda, Sébastien Desabre et de la Tanzanie, Emmanuel Amunike. Quant au Maroc, son sélectionneur, Hervé Renard, a annoncé son départ à la tête des Lions de l’Atlas via les réseaux sociaux. La liste pourrait s’allonger dans les prochains jours.

Un beau champion

Quels enseignements peut-on tirer de la victoire de l’Algérie vendredi dernier au Caire ? De toute évidence, les Fennecs sont de beaux champions et méritent amplement leur sacre. Cette victoire des garçons de Djamel Belmadi met du baume au cœur d’un peuple algérien en mouvement depuis cinq mois. La victoire de la bande à Belmadi est également un triomphe de la diversité, de la pluralité. Elle prouve que ces deux notions ne sont pas une tare, un handicap. Le tout nouveau champion d’Afrique compte dans ses rangs 14 binationaux, des joueurs ayant la double nationalité française et algérienne. C’est le cas également du sélectionneur. En France tout comme en Algérie, la bi nationalité a toujours été un sujet crispant. Le passé entre ces deux pays rend encore les positions plus délicates. Lors de l’élimination des Fennecs à la CAN 2017 dès le premier tour, les binationaux de la sélection avaient été pris à partie par certains Algériens qui n’ont pas hésité à les qualifier de «Français». La première cible avait été Riyad Mahrez. Ironie du sort, deux ans plus tard, brassard autour du bras, il ramène le trophée en Algérie, 29 ans après le dernier sacre des Verts.

Sié Simplice HIEN

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