Il y a deux mois que l’avènement du COVID-19 a chamboulé toutes les disciplines sportives du Burkina Faso et du monde entier. Le football est officiellement à l’arrêt dans le pays, mais quid des autres sports non moins importants qui attirent les foules ? Nous avons rencontré quelques fédérations-phares du pays des Hommes intègres pour nous enquérir des répercussions du coronavirus sur leurs programmes.

La petite reine burkinabè (le cyclisme) est sans contexte la deuxième discipline la plus adulée après le football. Elle donnait rendez-vous presque tous les trois week-ends, voire deux, aux cyclistes autour des grands prix sur l’avenue Charles-de-Gaulle de Ouagadougou. Mais à cause de la crise sanitaire mondiale à coronavirus, toutes les activités de la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC) ont été reportées. Pour le président de la FBC, le commandant Yasnémanégré Sawadogo, au sein de sa structure faîtière, comme chaque année, elle n’a pas mal d’activités nationales et internationales. « En ce qui concerne les activités nationales, il y a l’organisation des courses et des formations. Durant cette période de COVID-19, on avait quatre grandes activités. Ce sont le Grand prix de Siyana à Banfora, la course de la CEDEAO, le Grand prix des réseaux des caisses populaires.

Aussi, il faut ajouter la compétition organisée par la FBC dans la préparation des cyclistes pour les championnats d’Afrique », a-t-il informé. Au cyclisme, les championnats nationaux se déroulent dans la dernière semaine du mois de juin. Mais au vu de la situation sanitaire cette année, les championnats nationaux ont été reportés par l’Union cycliste internationale du 20 au 23 août en espérant que le contexte s‘améliore, selon le commandant Yasnémanégré Sawadogo. Avec tous ses reports, il faut s’attendre à des répercutions à plusieurs niveaux. Pour le président de la FBC, ses reports ont des répercussions sur l’évolution des cyclistes. « Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a le Tour du Faso en fin d’année. Pour être en forme, cela commence par un programme depuis le début de l’année. Sur le plan sportif, il faut reconnaître qu’il y aura un problème de forme. Sur le plan économique aussi, les compétitions permettaient aux coureurs d’avoir de quoi survenir à leurs besoins », a avoué le commandant Yasnémanégré Sawadogo.

Avant de conclure : « Nous sommes une fédération à parent pauvre. Nous sommes conscients que nous devons accompagner les acteurs mais pour le moment, ce n’est pas encore fait. Nous sommes en train de développer des initiatives pour que les acteurs soient en forme. Le monde du sport n’est pas en reste de cette pandémie, le cyclisme en particulier. Nous sollicitons les bonnes volontés pour nous accompagner ». La Fédération burkinabè d’athlétisme (FBA) fait également partie des plus actives du pays. A preuve, de nombreux athlètes atteignent des performances ces dernières années qui suscitent l’admiration. Cependant, la FBA traverse, comme les autres fédérations, des moments difficiles depuis l’avènement du COVID-19.

Sauver la journée des écoles d’athlétisme et les championnats

Hormis les Jeux Olympiques pour lesquels le Burkina Faso avait mis les bouchées doubles pour réussir une participation remarquable en athlétisme avec certains athlètes au mieux de leur forme, plusieurs rendez-vous majeurs ont fait les frais du COVID-19. Sont de ceux-ci, le tournoi régional de la solidarité. A la dernière édition à Niamey, le pays des Hommes intègres avait été classé en tête avec 16 médailles d’or, 8 en argent et 9 en bronze. Egalement le championnat de la région II en U20 et en séniors. Selon le Directeur technique national (DTN) de la Fédération burkinabè d’athlétisme, Missiri Théophile Sawadogo, le Burkina Faso s’était aussi bien préparé pour les championnats d’Afrique à Alger au mois de juin et les championnats du monde junior initialement prévus du 7 au 12 juillet au Kenya. Il en a été de même pour la 18e édition des championnats du monde d’athlétisme en salle où le Burkina était attendu.

L’événement qui devait se dérouler en Chine du 13 au 15 mars a été reporté au mois de mars 2021. Sur le plan national, a indiqué le DTN, les activités- phares de la saison sont les championnats nationaux des moins de 18 ans, juniors et séniors ainsi que la journée des écoles d’athlétisme et le meeting international de la ville de Ouagadougou. Ces compétitions qui réunissent chaque année plusieurs centaines de sportifs de toutes les régions faisaient de la fédération, l’une des plus actives. Pour la première fois, la fédération avait réussi la prouesse de coupler les championnats et la journée des écoles d’athlétisme réservée aux minimes et aux benjamins. Et pour M. Sawadogo, la priorité est de sauver les différents championnats nationaux et la journée des écoles d’athlétisme dans la mesure du possible. « Mais tout cela reste tributaire de l’évolution de la situation. Sinon, je viens de suivre une correspondance de l’IAAF cette semaine qui nous recommande d’aller dans ce sens vers le mois d’août si toutefois la pandémie venait à s’amenuiser », a-t-il confié. Quant à la Fédération burkinabè de pétanque (FBP), elle vit des réalités semblables à ses homologues.

Le championnat pris en otage par le COVID-19

A l’instar d’autres fédérations, elle n’a pas pu exécuter son programme de saison, puisque dès l’apparition du premier cas de COVID-19 le 9 mars, toutes les activités sportives ont été suspendues. Par ailleurs à cette période, la FBP n’avait pas encore programmé de date pour le déroulement du championnat, à en croire son Directeur technique national (DTN), Madi Ouédraogo. Il explique cette situation par le fait que la subvention du ministère des Sports et des Loisirs n’était pas encore tombée. D’ailleurs, elle est du reste insuffisante, environ sept millions de francs CFA, alors qu’il faut au moins dix millions pour l’organisation du championnat. La fédération doit chercher le reliquat ailleurs avant toute programmation de date du championnat. Dans sa politique de délocalisation du championnat afin de mieux vulgariser le jeu de boules, la Fédération comptait tenir son championnat 2020 dans la cité de Yendabli, à Fada N’Gourma. Et ce n’est pas le championnat seulement qui est pris en otage. Dans son programme d’activités également, le Burkina Faso devait participer à la CAN début avril en Egypte. Aussi, cette compétition a fait les frais du COVID-19, indépendamment donc de la volonté des boulistes burkinabè. Au titre des activités concluantes, la fédération, sous l’égide de la nouvelle Confédération africaine de pétanque, a pu envoyer une quinzaine d’encadreurs en stage à Niamey en janvier.

Le championnat pourra-t-il toujours se jouer ? Selon le DTN de la FBP, la fédération a les yeux tournés vers les nouvelles directives du ministère des Sports et des Loisirs, sans oublier les renouvellements des structures sportives dont l’échéancier calendaire est aussi faussé à cause du coronavirus. Il y a également la coupe Flag et celle de la CEDEAO qui doivent avoir lieu. C’est donc le wait and see du côté de la fédération. Si sur le plan national les boulistes attendent le championnat, des compétitions ont été organisées sur le plan régional, et c’est ainsi que la Ligue régionale du Centre de pétanque (LRCP) était très sollicitée en supervisant techniquement une cinquantaine de compétitions de promoteurs privés, un record jamais égalé en matière de compétitions de ligue, selon son secrétaire général chargé de l’organisation, Djibi Ouédraogo. La LRCP également comptait organiser sa coupe, mais c’était sans compter sur le coronavirus.

Des pertes à la Fédération de karaté

A l’exemple des autres fédérations sportives, la Fédération burkinabè de karaté n’a pas pu tenir ses activités comme prévu, au cours de la saison 2019-2020 à cause de la maladie à coronavirus. « La pandémie du COVID-19 a eu et continue d’avoir un grand impact sur les activités de la Fédération burkinabè de karaté aussi bien au niveau national qu’international », a d’entrée entamé le DTN et arbitre mondial de karaté, Corneille Maré. Il a poursuivi que sur le plan national, il y avait le championnat des petites catégories prévu initialement pour fin mars 2020, avec des éliminatoires dans les différents ligues et districts. Ces activités ont toutes été suspendues. Il en est de même du championnat national et du super championnat prévus pour fin juillet. Au niveau des maîtres de jeu (arbitres), le technicien burkinabè a rappelé qu’un stage de renouvellement des licences devait se dérouler en mars et en avril. Dans la même suite des activités annulées, le DTN Maré a fait savoir que la formation continue de l’équipe nationale kumité et Kata était une priorité pour participer aux différentes rencontres qui étaient en cours depuis 2 mois.

Enfin, mentionne dit-il, la tournée des experts nationaux dans les différentes ligues et districts pour animer des stages techniques de relèvement de niveau des pratiquants, prévue en mars jusqu’en fin mai a été suspendue. Sur le plan international, Corneille Maré a indiqué que les arbitres hauts gradés du Burkina devaient participer à un stage international à Dakar (Sénégal) au mois de mars. Malheureusement, ce stage a été purement et simplement annulé. Il explique également que les Etalons de la discipline devaient participer au Karaté one de Rabat (Maroc) en avril, et au tournoi qualificatif des Jeux Olympiques en avril à Paris (France). En ce qui concerne les Jeux Olympiques (JO) Tokyo 2020, reportés à 2021, auxquels le Burkina Faso « pouvait avoir la chance de participer avec des athlètes qui sont déjà dans le Ranking mondial », la maladie a eu raison de cet événement interplanétaire.

Pour le DTN, sur le plan structurel, les différentes rencontres, démarches de recherche de fonds auprès des partenaires, l’organisation du renouvellement des structures, ont toutes été suspendues à cause de la pandémie. A tout cela s’ajoute la suspension des entraînements dans les clubs ; ce qui va entraîner la baisse, voire la chute du niveau technique des pratiquants. La maladie à coronavirus a des impacts sur le plan économique. Le DTN a mentionné que les responsables de clubs qui en ont fait leur activité principale se retrouvent sans revenu depuis la fermeture des clubs. Le président de la fédération a dû, à un moment donné, apporté un petit soutien à certains d’entre eux. « Les démarches que nous avions engagées auprès des partenaires pour obtenir des financements ont été suspendues, ce qui va avoir un impact sur la santé économique et financière de la fédération », a-t-il soutenu.

Barthélemy KABORE
Adama SALEMBERE
Ollo Aimé Césaire HIEN
Voro KORAHIRE

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