Il est bien connu dans le milieu de la petite reine pour avoir créé un club, l’AJCK, qui fait partie aujourd’hui des meilleures formations du pays. De président de club, Ignace Amédéé Béréwoudougou a décidé de franchir un palier, à savoir être président de la Fédération burkinabè de cyclisme le 15 août prochain. Le candidat s’exprime sur ses motivations et ses priorités pour le développement du cyclisme au Burkina Faso.

Comment se porte aujourd’hui l’AJCK, sept ans après sa création ?
L’AJCK se porte très bien. Je suis fier des acquis engrangés par le club depuis sa création en 2013. En sept ans, nous avons remporté trois championnats. Nous avons raflé plus d’une cinquantaine de trophées. Et l’avenir s’annonce encore plus radieux, parce que notre ambition est grande.
Malheureusement avec le coronavirus aujourd’hui, tout est à l’arrêt depuis plus de quatre mois. Nous n’avons pas eu de compétitions. Et il y a seulement un mois de cela que mon équipe a commencé les entraînements. Nous sommes en pleine préparation du championnat A qui est annoncé pour le 23 août. Nous mettons tous les moyens de notre côté pour remporter ce championnat. Pour le moment, c’est l’unique compétition en vue.

D’où vous vient cette passion pour le vélo ?
Je suis un ancien cycliste. J’ai pédalé pour le compte de Vélo club de Koudougou. Ce qui veut dire que je ne suis pas arrivé dans le cyclisme en novice. J’ai pratiqué ce sport lorsque j’étais plus jeune.

Vous êtes candidat à la présidence de la Fédération burkinabè de cyclisme. Quel diagnostic faites-vous aujourd’hui du cyclisme burkinabè ?
L’AJCK a été créée il y a sept ans, mais avant j’étais le président d’honneur de l’équipe cycliste de l’Association sportive du Faso. Ce qui veut dire que je suis dans le cyclisme il y a quand même un peu longtemps. Malheureusement, j’ai constaté que cette discipline ne fait que régresser depuis ces neuf dernières années au Burkina Faso. Pourquoi ? Parce que nous manquons cruellement de relève à cause de l’absence de formation. Or sans relève, l’on ne peut rien bâtir pour l’avenir. Vous verrez que depuis cinq ans maintenant, ce sont les mêmes coureurs que les Etalons A utilisent. Ils sont aujourd’hui vers la porte de sortie. En plus, les clubs ont d’énormes difficultés de fonctionnement. Si cela se poursuit ainsi, nous n’aurons plus de bons cyclistes dans les trois prochaines années. Pour un passionné de cyclisme comme moi, un tel état des lieux me chagrine. C’est ce qui m’a motivé à être candidat, avec pour objectif primordial d’opérer les changements nécessaires. Actuellement, beaucoup de choses demandent à être redimensionnées et recadrées dans le cyclisme burkinabè. Si je suis élu, je saurai comment redresser le cyclisme burkinabè pour qu’il soit plus rayonnant et surtout plus conquérant.

Si toutefois vous êtes élu, quels seront vos grands projets pour le cyclisme burkinabè ?
Si je suis élu, j’apporterai de grandes réformes. Une réorganisation efficiente de la discipline s’impose et est d’une nécessité vitale. Ensuite, je mettrai l’accent sur la formation. Je tiens également à une gestion transparente des ressources financières, qu’elles soient du ministère des Sports et des Loisirs ou des partenaires publics et privés. Actuellement, la gestion des fonds manque cruellement de transparence. Au final, les vrais acteurs du cyclisme ne perçoivent presque rien. La preuve, ce qui s’est passé lors du Tour du Faso en 2019. Il y a eu des dirigeants qui ont illégalement prélevé des sous sur les per diem des coureurs. Je ne suis pas d’accord avec cette manière de faire. J’estime que ce sont les acteurs principaux, c’est-à-dire les cyclistes qui doivent bénéficier des ressources allouées à la discipline. Mais si ce sont des dirigeants qui en profitent plus que les coureurs, c’est inacceptable. C’est malheureux de voir ces jeunes pratiquer une discipline aussi difficile et se retrouver en fin de compte avec des miettes, pendant que des gens à côté, en tirent largement profit.

Quelles seront vos priorités si vous êtes élu ?
La priorité majeure serait d’évaluer le besoin des clubs en matériel. Les clubs sont à un point inquiétant de dénuement total. Sous ma présidence, aucun club ne restera en marge du souffle nouveau que nous voulons insuffler au vélo. Il faut véritablement travailler à implanter et à vulgariser le cyclisme sur le territoire national. Pour cela, il faut doter les clubs en matériel et en équipement et je suis prêt à le faire. Ensuite, il faut impérativement travailler à ressembler la grande famille du cyclisme. Si tant est que nous sommes unis par la même passion, nous devons œuvrer ensemble pour le développement de la petite reine. Comme je le disais plus haut, la gestion transparente et rigoureuse des ressources sera mon leitmotiv. Le bureau se fera le devoir de rendre compte aux districts, ligues et clubs à chaque fin de saison. Décentraliser les compétitions fait partie de mes objectifs également. Une fois élu, j’organiserai régulièrement des compétitions uniquement pour les coureurs des provinces. Cela contribuera non seulement à l’animation des régions, mais aussi à la détection des talents.

Il se susurre que vous avez également le soutien de l’ancien président Alassane Ouangraoua…
Honnêtement, l’ancien président Ouangraoua me soutient. Je profite de l’occasion pour le remercier pour son soutien. C’est un homme qui a permis au cyclisme burkinabè d’être reconnu dans le monde. Je lui tire mon chapeau parce qu’il s’est beaucoup battu pour le développement du cyclisme au Burkina Faso.
Votre candidat à la présidence de la Ligue du Centre a été battu de justesse. Ce résultat vous inquiète ?
Non ! Il est bien vrai que nous avons perdu, mais tous ceux qui ont suivi le processus savent ce qui s’est réellement passé. Nous avons été simplement brimés par les textes et les mauvaises manœuvres. Les textes disent que c’est le président sortant qui réceptionne les dossiers de candidature. Vous voyez déjà que ce n’est pas fait pour une équité. Dans le cas précis de l’élection de la Ligue du Centre, le président sortant était dans le camp de mes concurrents. Ils ont donc eu le temps de voir la liste de mon candidat, ce qui leur a permis de jouer sur l’âge de leur prétendant. Il y a quatorze clubs à Ouagadougou et il y a eu une égalité parfaite, après trois essais. Je vous rappelle que les textes disent qu’en cas d’égalité, c’est le plus âgé qui l’emporte. Au départ, je connaissais bien personnellement leur candidat et le nôtre était plus âgé que lui. Ils ont changé leur candidat à la dernière minute en choisissant un plus âgé que le nôtre. Or nous, nous n’avons pas joué sur l’âge, nous avons opté pour la compétence. Mais je ne suis pas déçu, j’accepte le résultat. Par contre, pour être président de la fédération, il faut plus que cela. Ouagadougou ne compte que 14 clubs. Et les voix des autres clubs du pays dépassent quatre à cinq fois celles de la capitale. Donc il n’y a pas à s’inquiéter. Nous sommes confiant.

Vous êtes confiant malgré le fait que vous soyez face au président sortant ?
Avant tout, le président sortant est un frère, un ami. On se connaît bien et on se respecte. Mais je n’ai pas peur d’affronter le président sortant parce que ce sont les clubs qui vont voter, qui vont nous départager. Ils savent qui peut améliorer le cyclisme burkinabè. Mon équipe est prête et nous sommes sereins et confiants.

Quel genre de président serez-vous si vous êtes élu ?
En tant que président de l’AJCK, les gens savent déjà ce que je fais pour mon club et mes cyclistes. Je viens à la fédération pour apporter ma contribution au développement du cyclisme. Certains diront qu’on ne gère pas une fédération de la même manière qu’un club. Certes, mais je leur dis que je n’ai montré que 10 à 15% pour le moment, de mes compétences dans le cyclisme. J’ai encore beaucoup de choses à proposer, ils ne seront pas déçus. Une fois de plus, le principal souci demeure le matériel. J’ai constaté que de nombreux clubs au Burkina Faso ne disposent pas suffisamment de vélos. Depuis 20 à 25 ans, tous les présidents qui se sont succédé à la tête de la fédération n’ont pas pensé à ce volet très important qu’est la disponibilité du matériel. Je prends l’engagement ferme que lorsque j’arriverai à la tête de la fédération, tous les clubs en règle auront chacun trois vélos dès la première année. Les années qui suivront, les vélos seront octroyés aux clubs qui s’illustreront lors des compétitions que nous allons organiser. Je précise que les vélos seront distribués et les pièces de rechange suivront après. Ce n’est pas de la démagogie, ceux qui me connaissent savent que depuis la création de l’AJCK, de nombreux clubs de provinces (Ouagadougou également) ont bénéficié de près de 45 vélos de ma part. Ce que j’ai fait sans être un président de fédération va certainement les motiver à voter pour moi.

D’où allez-vous sortir toutes ces ressources financières quand on sait que la subvention du ministère ne suffit pas ?
Je vous informe que je suis un opérateur économique et j’ai un carnet d’adresses bien fourni. Déjà avec mon club, j’ai un partenaire solide qui finance tout. Egalement à la fédération, j’ai des partenaires qui seront prêts à me soutenir pour tenir tous mes engagements.

Quel message avez-vous à l’endroit des différents clubs ?
Avant tout, je voudrais saluer l’engagement du président du Faso aux côtés des sportifs du Burkina. Comment ne pas féliciter le ministre des Sports, Daouda Azoupiou, pour son abnégation à mettre en application la politique sportive dont il a en charge. Je suis fier de voir tant d’infrastructures sportives, tant de vélos de qualité affectés aux Etalons, et tant d’athlètes briller sur le plan international au nom du Burkina. Je voudrais également saluer Sa Majesté le Moogho Naaba Baongo pour sa contribution inestimable au développement du sport, et particulièrement du cyclisme. J’ai toujours dit que les provinces constituent la pépinière du cyclisme burkinabè. Ouagadougou est la capitale, c’est une grande ville, mais elle ne produit pas de coureurs. Ce sont les provinciaux qui forment les cyclistes pour Ouagadougou. J’ai été un cycliste de province, je connais très bien leurs difficultés. Je travaillerai à éclore cette pépinière, de sorte qu’elle produise des merveilles au profit du cyclisme. Je sais qu’ils ont épousé mon programme et sauront choisir le bon cheval.

Interview réalisée
par Sié Simplice HIEN

 

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