La capitale française accueille du 26 juillet au 11 août 2024 les Jeux Olympiques. Durant presqu’un mois, environ 10 500 athlètes de 206 Comités nationaux olympiques participeront à ces 33e  olympiades. Le Burkina y sera avec 8 athlètes. Et pour une fois, les chances de médailles sont réelles.

Une médaille de bronze obtenue par Hugues Fabrice Zango au triple saut (17,47 m) et 86e sur près de 200 pays : tel a été le palmarès du Burkina Faso lors des Jeux Olympiques (JO) de 2020 tenus du 23 juillet au 8 août 2021 à Tokyo. Dans la capitale japonaise, 7 athlètes  dans 5 disciplines ont représenté le Faso. Pour les présents olympiades, 33e du genre qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août à Paris, 8 athlètes (dont 3 invités) défendront les couleurs du Burkina Faso. Il s’agit de Hugues Fabrice Zango, Marthe Yasmine Koala (athlétisme), de Faycal Sawadogo, Ibrahim Maïga (taekwondo) et la cycliste Awa Bamogo. Les invités à cette fête quatriennale de l’olympisme mondial sont les nageurs Souleymane Naparé, Iman Kouraogo et le judoka Carmel Koné.

 Les JO de Hugues Fabrice Zango

Porte flambeau du Burkina à Paris, Hugues Fabrice Zango, n’a pas trop forcé pour être à ce rendez-vous. Champion du monde en titre et avec plusieurs meetings remportés, c’est tout naturellement que le docteur en génie électrique de 31 ans a validé son ticket pour ces JO grâce à son Ranking. Médaillé de bronze à Tokyo il y a 3 ans, Fabrice Zongo vise  naturellement la médaille dorée. « Je suis prêt. Cette année est à moi » clame-t-il. Pour cela, le champion d’Afrique a avoué avoir mis toutes les chances de son côté, malgré le stress financier qu’il a eu entre temps avec son projet JO 24. « Projet qui n’a finalement pas pu être exécuté comme on l’avait voulu, nous obligeant à laisser Marthe Koala et Bienvenu Sawadogo en 2023 sur la route et m’obligeant à débourser des sommes de plus en plus importantes jusqu’à 40000 Euros (environ 26 millions F CFA) pour tout mon staff annuellement » informe-t-il. Tout compte fait, Hugues Fabrice Zango a apprécié à sa juste valeur le soutien de l’Etat burkinabè à travers le ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi. « Il nous a aidé comme jamais auparavant. Mais cela reste insuffisant par rapport à la réalité et aux dépenses des athlètes de très haut niveau qui sont des machines huilées » souligne-t-il. Sur sa préparation pour cette compétition, le triple-sauteur burkinabè a laissé entendre avoir passé par des hauts (beaucoup de victoires) et des bas. « Je veux gagner ces JO. J’ai les armes physiques et mentales pour cela », assure-t-il. Le recordman du triple-saut en salle (18,07 m) se marre lorsqu’il apprend que certains sont sceptiques sur le fait qu’il a du mal à  franchir la ligne des 18 m. « Qu’on me cite des athlètes qui passent les 18m à volonté. Nous parlons des limites humaines. Il y a beaucoup de paramètres à réunir pour sauter 18 m. J’ai beau être prêt à le faire, s’il pleut ce jour-là, c’est cuit. S’il n’y a pas d’adversité, c’est cuit. S’il ne fait pas plus de 26 degrés c’est cuit aussi. Si le vent est fortement négatif, c’est doublement cuit. 18 m n’est qu’un moyen de gagner », argumente-t-il. Selon lui, une performance se juge par les conditions dans lesquelles elle est réalisée. « Revoyez toutes mes performances et la météo du jour et alors vous comprendrez mieux » fait-il remarquer. Hugues Fabrice Zango prévient, il ne craint aucun adversaire à ces jeux. Pour lui, aucun athlète de très haut niveau ne regarde l’adversaire comme une menace. « Je les regarde comme des proies. Ils peuvent être forts comme ils veulent en arrivant à Paris, mais, je gagnerai. Je les ai déjà tous affrontés. Cette édition des JO est pour moi et ça sera le cas », promet-il.

 Marthe Yasmine Koala « se focalise » sur elle même

Outre Hugues Fabrice Zango, Marthe Yasmine Koala est aussi une chance de médaille pour le Burkina Faso. Celle qui a mis de côté l’heptathlon (cumul de 7 disciplines) pour se consacrer au saut en longueur est créditée de performances qui parlent en sa faveur. Médaillée d’argent aux Jeux africains et aux championnats d’Afrique, cette saison avec respectivement 6,81 m et 6,72 m, l’athlète de 30 ans, compte garnir son palmarès avec une médaille olympique. Dans l’Hexagone depuis un moment pour sa préparation, elle a informé que tout se passe bien. « J’ai déjà fait toutes les étapes d’entrainement. Il reste quelques petits réglages. Je prie Dieu pour rester en bonne santé jusqu’au jour J » souhaite-t-elle. Selon Marthe, son premier objectif à Paris est de passer l’étape des qualificatifs « le plus dur », afin de s’ouvrir les portes de la finale. Tout comme Fabrice Zango, Marthe Koala a foi en ses qualités et ne craint aucune adversaire. « Je ne me focalise pas sur mes concurrentes mais sur moi-même. Nous avons le même niveau. Je n’ai peur d’aucune de ces filles. J’ai l’habitude de sauter avec elles et nous nous connaissons. A Budapest (NDLR : derniers championnats du monde d’athlétisme), nous avons fait la finale ensemble donc je ne crains personne » prévient-elle.

Faycal Sawadogo, pour écrire l’histoire

Champion d’Afrique en titre dans les -80 kg, Faycal Sawadogo a bourlingué dans le monde avec succès à travers les Opens et autres tournois. Une sacrée course contre la montre qui lui avait permis d’optimiser sa forme pour la compétition qualificative aux JO. C’était le 10 février dernier à Dakar devant le Marocain Soufiane Elasbi. Depuis lors, le taekwondo-in de 27 ans n’a plus chômé afin d’être fin prêt à Paris pour en découdre. C’est ainsi que la dernière ligne droite de sa préparation s’est passée, non sans difficultés, en Allemagne, en France et en Angleterre avec des camps olympiques. De ses dires, il n’a pas bénéficié de la préparation dont il aurait souhaité, car, une bonne préparation prend en compte plusieurs aspects inévitables et un soutien financier réaliste des structures chargées du sport. Le champion d’Afrique estime qu’il ne doit pas y avoir de l’à peu près dans la préparation pour une grande compétition comme les JO. « La compétition des JO n’est pas comme la CAN. En réalité, c’est même beaucoup plus important et prestigieux. Et nous devrions avoir un soutien réaliste dans ce sens pour porter très haut ensemble notre pays. Surtout que les chances de nos athlètes pour ramener des médailles sont énormes », laisse-t-il entendre. Néanmoins, le médaillé de bronze aux récents Jeux africains a rassuré avoir travaillé avec son staff pour bien défendre les couleurs du Burkina Faso. « Nous avons dû nous limiter à un strict minimum pour conserver nos chances. Je me suis engagé à me battre pour mon pays, et quel qu’en soit les obstacles, nous avons décidé de rester toujours debout puisque conscient de l’impact que nous pouvons avoir sur notre pays dans ce qu’il traverse et pour la jeunesse burkinabè particulièrement », détaille-t-il. Faycal souhaite arriver à Paris dans de bonnes conditions et promet d’atteindre son objectif : « viser le sommet ». Il est d’autant plus optimiste surtout qu’il a battu de grands favoris quand il était dans un minimum de conditions. « Donc l’histoire est permise à ces JO », souligne-t-il. Même s’il n’a pas le même palmarès et le vécu de Faycal, Ibrahim Maiga, l’autre taekwondo-in aux JO ne se rendra pas à Paris en victime expiatoire.

 

Ibrahim Maïga, « créer la surprise »

A Accra lors des jeux africains, il avait raté la médaille d’argent de justesse se contentant du bronze. Cela après avoir validé son ticket pour les JO face au Sénégalais Mansour Lô dans les 68 kg à Dakar en février dernier. A la veille de ce grand rassemblement, le taekwondo-in burkinabè de 25 ans affirme s’être préparé en Côte d’Ivoire avec des compétitions en Europe et en Asie. « C’est la dernière ligne droite. Actuellement, nous travaillons à maintenir la forme et à corriger ce qui n’a pas marché aux compétitions précédentes » déclare-t-il. Il se réjouit d’être dans de bonnes mains pour avoir eu la chance de travailler avec l’un des préparateurs de la world taekwondo. A ces présents jeux, Maïga ambitionne d’écrire son nom et celui du Burkina dans l’histoire en glanant une médaille. Car, selon lui, tout peut arriver dans une compétition d’envergure comme les JO. « Je vais à cette compétition en outsider. Ce qui est une force, car, je connais plus mes adversaires qu’ils ne me connaissent. Ça sera facile de créer la surprise » analyse-t-il.

 

Awa Bamogo à la découverte

L’autre représentante burkinabè qualifiée sur le terrain est Awa Bamogo. La native de Ouahigouya va vivre une expérience exceptionnelle à Paris. Pour une première, la militaire de 25 ans sera à ces jeux pour une découverte. Car, dans les 2 épreuves (la course en ligne élite dame et le contre-la-montre individuel) auxquelles elle doit prendre part, ses chances sont très minces pour espérer être sur un podium. Mais, rien n’exclut une surprise. Car, en préparation en Belgique, Awa Bamogo montre de bonnes dispositions. Rien que samedi 20 juillet dernier, elle a participé à une compétition dans ce pays. Avec 130 cyclistes (40 abandons) en lice pour 95 km, la Burkinabè est arrivée 15e avec un point chaud remporté. Aussi, la soldate de 2e classe peut mettre à contribution son expérience acquise l’année dernière aux mondiaux de cyclisme sur route. A côté de Awa, il y a les 3 invités des JO, Souleymane Naparé, Iman Kouraogo (natation) et le judoka Carmel Koné. Tous les quatre seront à Paris pour se faire la main.

Les directeurs techniques y croient

Pour abonder dans le même sens que leurs athlètes, le Directeur technique national (DTN) de la Fédération burkinabè d’athlétisme (FBA)  Missiri Sawadogo, croit en leur chance de médailles, « parce que les performances qu’ils ont réalisées cette année les  placent parmi les médaillables au monde ». Il a expliqué que Fabrice Zango a terminé 1er ou soit 2e à toutes les compétitions auxquelles il a participé cette année. Il a laissé entendre que Marthe Koala est en train de monter en puissance. « Si elle retrouve son niveau de l’an passé, elle a également une chance de médaille » souhaite M. Sawadogo. Il n’ignore pas également la bonne préparation dont ces deux athlètes ont bénéficié. Toute chose qui vient accroitre leur chance. Et l’avant-gout de cette bonne préparation selon Missiri Sawadogo a été donné le mois passé lors des championnats d’Afrique à Douala où Fabrice avait décroché l’or et Marthe l’argent. Le DTN de la FBA a informé qu’après 2 semaines de travail intense, Hugues Fabrice Zango a rejoint le village des jeux le 22 juillet. Marthe Yasmine Koala, elle, arrive le 25 juillet. Même son de cloche du côté de la direction technique de taekwondo. Selon le premier responsable de cette direction Jean Baptiste Zongo, Faycal est champion d’Afrique et a même brisé le signe indien en terrassant le 2e mondial l’Egyptien Seif Eissa. Quant à Ibrahim Maïga, lui aussi a mis hors course l’un des favoris Massour Lô avant de se frayer un passage pour les JO. Des performances qui convainc le DTN Zongo qu’une médaille est possible. Toutes ces performances des représentants burkinabè augurent de bonnes moisson au soir du 11 août à Paris.

 

Yves OUEDRAOGO

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