De KOZAF en passant par l’ASEC de Koudougou, l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo-Dioulasso (ASFB) ou encore l’AS Police, ils sont nombreux les joueurs de Ligue 1 comme Ligue 2 à quitter leur club, en fin de contrat, avec des arriérés de salaire. Un phénomène qui prend de l’ampleur de saison en saison au Burkina Faso.
Le contrat est ce qui lie un joueur à un club. Celui-ci défini les obligations des deux parties. En s’engageant avec une équipe, le joueur à l’obligation d’évoluer sous ses couleurs. En retour, le club a le devoir de lui servir des émoluments chaque mois, définis lors de la signature du contrat. Si des clubs comme l’AS Douanes, l’Union sportive des forces armées (USFA), l’AS SONABEL, SALITAS FC pour ne citer que ceux-là arrivent à respecter les termes, même en fin de contrat, ce n’est pas le cas pour bon nombre de formation en Ligue 1 comme Ligue 2. De KOZAF en passant par l’ASEC de Koudougou, l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo-Dioulasso (ASFB) ou encore l’AS Police, ils sont nombreux les joueurs qui ne perçoivent plus de salaire vers la fin de leur contrat avec les clubs auxquels ils sont engagés. Si beaucoup d’entre eux n’ont pas voulu être cités, dans cette enquête, par peur de représailles, certains ont quand même tenu à dénoncer la recrudescence d’un phénomène depuis quelques saisons au Burkina Faso. C’est le cas de Valentin Kouakou, gardien de but en Ligue 1. Lors de la saison 2022-2023, il s’est engagé avec l’ASFB en Ligue 1 pour un contrat d’un an. Mais en fin de saison, il se retrouve avec quatre mois d’arriéré de salaire. Si entre temps le club a réussi à honorer deux mois, le restant, le dernier rempart des Buffles de Sikasso-cira n’aura plus de nouvelles. « Les dirigeants nous ont rassuré que nous aurons les deux mois restants dès qu’ils rentreront en possession de la subvention du ministère en charge des sports. Jusqu’à présent, nous n’avons rien reçu », déplore-t-il. Il quitte ainsi la ville de Sya et les Jaune et noir, malgré les promesses des dirigeants, sans jamais avoir perçu le restant de ses deux mois de salaire. Après le feuilleton avec les jaune et noir de la capitale économique, Valentin Kouakou dépose ses valises dans une équipe aux mêmes couleurs à Koudougou. Dans la cité du Cavalier du rouge, Valentin Kouakou ne sera pas au bout de ses peines. Avec l’ASEC-K, le gardien de but signe encore un contrat d’une saison pour la Ligue 1 2023-2024. A l’issue d’un contrat bien rempli en fin de saison, Valentin Kouakou se retrouve avec cinq mois d’arriéré. « L’ASEC-K me doit cinq mois de salaire. Après la dernière journée du championnat, nous nous sommes quittés sans qu’il n’ait eu une rencontre de fin de saison. Et jusque-là, personne ne me dit mot. Aux dernières nouvelles, il paraitrait que les dirigeants attendent la subvention », laisse-t-il entendre.
Des dossiers au tribunal du travail
Tout comme Valentin Kouakou, Roger Sirima attend également son dû avec KOZAF. Engagé avec l’équipe du président Kassoum Ouédraogo dit Zico pour la saison 2023-2024, le défenseur central a respecté sa part de contrat en terminant la saison, même si la formation se retrouve reléguée en Ligue 2. A l’heure du bilan, il est victime de 4 mois et demi de salaire impayé et des primes de matchs non versées. Aussi, à l’AS Police pour la saison 2022-2023, tout n’a pas été clean. Rachid Coulibaly qui a évolué en Ligue 2 avec l’équipe des policiers et qui est en fin de contrat, traine un mois de salaire. Ces cas sont loin d’être isolés dans les championnats au Burkina Faso. De nombreux joueurs, en fin de contrat, quittent leur club avec des arriérés de salaire.
Et pour entrer en possession de leurs dus, certains d’entre eux, ne sachant quoi faire, se tournent vers l’Association des footballeurs du Burkina Faso (AFBF). Pour son président, Ardjouma Sirima, il n’est pas normal qu’un joueur quitte un club avec des arriérés de salaire. « Une fois que nous sommes saisis par les joueurs, nous prenons à bras le corps leur dossier. Dans un premier temps, nous rentrons en négociation avec les dirigeants des clubs. Avec certain d’entre eux, nous arrivons à trouver un terrain d’entente », explique Ardjouma Sirima.
Dans le cas contraire, poursuit-il, l’AFBF se réfère à des structures habilitées. « Quand on n’arrive pas à trouver un terrain d’entente à l’amiable, nous sommes obligés de nous tourner vers l’inspection du travail, toujours dans la même idée de la conciliation. En cas de non conciliation, l’inspection du travail envoie les dossiers au Tribunal du travail », précise-t-il. Avant d’informer : « nous sommes à l’inspection du travail avec certains clubs et d’autres en procès au Tribunal du travail. Je peux citer entre autres KOZAF, l’ASEC de Koudougou, l’ASFB, l’AS Police, l’ASK ». Et pour ne pas en arriver à ce triste dénouement qui ne fait pas honneur au Faso foot, Ardjouma Sirima propose que la Fédération burkinabè de football (FBF) instaure et exige un cahier de charges à tous les clubs. Aussi, il suggère aux joueurs d’adhérer à l’AFBF afin qu’ils puissent ensemble parler la même voix et défendre les mêmes intérêts. « Lorsqu’un joueur doit signer un contrat, il doit se faire assister par notre association, par un avocat ou par un agent de joueurs. Après la signature du contrat, le joueur doit nécessairement prendre la photo de chaque page de son contrat en attendant que le club lui remette la copie homologuée par la FBF », suggère le président de l’AFBF. Mais en attendant, l’affaire Valentin Kouakou avec l’ASFB se trouve au tribunal de travail ainsi que celle qui oppose Roger Sirima à KOZAF.
Ollo Aimé Césaire HIEN