La performance mitigée des Etalons au Tour du Faso 2024, ainsi que dans les différents tours de la sous-région, a montré une méforme des cyclistes burkinabè ces derniers mois. Consciente que les bonnes performances dans une discipline sportive dépendent en grande partie de la politique de relève, la fédération burkinabè de cyclisme semble avoir déjà des plans pour toujours faire à nouveau du pays des Hommes intègres, le leader de l’Afrique de l’Ouest.
Dans le cyclisme, l’équipe du Burkina Faso était réputée être celle à battre à chaque fois qu’elle participait aux compétitions, surtout sous régionales. Mais cette année 2024, les performances des équipes burkinabè dans ces compétitions auxquelles elles imposaient le respect se sont avérées mitigées. Les Etalons ont été quasiment dominés dans ces compétitions. Au Tour du Togo auquel ils ont pris part, la compétition a été remportée par la Mali avec Yaya Diallo.
Vincent Monéa, seul burkinabè dans le top 10, est arrivé 3e au classement général. Notons qu’en 18 éditions de cette compétition de catégorie amateur, le Burkina Faso détient le record de 10 titres remportés. Toujours cette année au Tour du Mali, le Burkina Faso s’est contenté de victoire d’étape. La compétition a été remportée également par le malien Yaya Diallo. Le premier des burkinabè, dans ce Tour du Mali, Harouna Ilboudo, s’est pointé 4e au classement général. L’équipe burkinabè partait dans cette compétition, également amateur, avec le record de 3 victoires sur 5 éditions.
La moisson a aussi été faible au Tour de Côte d’Ivoire. Habitué à figurer dans le podium lors des 5 avant-dernières éditions, le Burkina Faso est resté sur le pied du podium avec Moucaila Rawindé (4e au général). Le 35e Tour du Faso a confirmé cette méforme du cyclisme burkinabè. Une seule victoire d’étape sur 10, pas de maillot majeur et le premier des burkinabè, issu de l’équipe C, est venu en 4e position. Le Directeur technique national (DTN), Martin Sawadogo, justifie la contreperformance des burkinabè au 35e Tour du Faso, par la présence de gros gabarits avec des équipes comme le Maroc, le Cameroun, la Belgique, la Hollande et la Russie.
Ceux-ci, a-t-il souligné, ont imprimé un rythme à la course qui a été plus fort que les Burkinabè. Alors, en l’absence de Paul Daumont, la dernière édition a laissé voir une équipe sans leader à même de tirer les autres comme au temps fort des Mathias Sorgho, Harouna Ilboudo, Rasmané Ouédraogo, Jérémie Ouédraogo, Abdul Wahab Sawadogo… Une situation, même si elle n’est pas alarmante, mérite des interrogations sur l’avenir de la discipline. Et qui parle d’avenir fait allusion à la relève et à la formation.
La Fédération burkinabè de cyclisme semble avoir pris à bras-le-corps la politique de la relève. En effet, ces dernières années on note la création de championnat de petite catégorie couplé à celui des grands. Aussi, dans son projet pour son 2e mandat à la tête de la Fédération burkinabè de cyclisme, le président Amédée Ignace Bérewoudougou a mis un point d’honneur sur la relève.
Ainsi, la direction technique nationale aura pour mission de créer un cadre de réflexion sur les compétitions de petites catégories et surtout travailler avec les différents clubs pour la création de petites catégories. Le président de la Fédération promet deux actions fortes pour booster le cyclisme à la base. C’est d’abord la mise en place d’un centre de formation et une démarche envers les chefs d’établissements secondaires en vue de la vulgarisation du cyclisme dans les lycées et collèges.
Des investissements pour la relève
Aussi, le DTN qui depuis 2008 organise les coureurs dans des catégories étagés (relève, cadet, junior espoir et sénior), reconnait la nécessité de repartir sur la formation. « La promotion des Vincent Mouni, Saturnin Yaméogo, Mohamadi Ilboudo, ont besoin d’être envoyé dans des centres continentaux à l’image de ceux d’Afrique du Sud pour renforcer leur performance et remonter l’équipe nationale vers les sommets », a ajouté Martin Sawadogo.
Le directeur technique compte travailler à une restructuration des Etalons en vue d’avoir une équipe d’élites « sans avoir pour objectif d’avoir des résultats à court termes ». Pour lui, la formation est capitale à tous les maillons de la chaine pour une bonne réussite des Etalons. Pays du vélo, les équipes d’autrefois étaient naturellement renforcées par des cyclistes venant de diverses régions du pays. Mais cela est de moins en moins le cas de nos jours. En plus, pour Martin Sawadogo, il importe de créer un environnement d’émulation et de motivation.
L’objectif étant de faire aimer la discipline par les enfants. Pour cela, le DTN ne manque pas d’idées. Seulement, a-t-il prévenu, il faut des moyens pour accompagner les actions. « Il faut des compétitions réservées aux enfants pour les amener à avoir la maitrise du vélo, comme des jeux de slalom, l’équilibre, la vitesse avec des VTT peuvent être organisée. Les meilleurs pourront après être sélectionnés et envoyés chez les cadets pour les initier aux vélos de course.
Les encadreurs leur donneront ensuite les canaux de réussite pédagogique et d’entrainement qui sied pour les rendre professionnels », explique le DTN. Dans cette quête de la relève, la Fédération peut compter sur la politique nationale de la relève sportive. A cet effet, parmi les Ecoles de formation de la relève sportive initiées par le ministère en charge des sports dans les disciplines majeures, un Centre de cyclisme a été érigé à Tenkodogo. L’Etat a créé, pour ce faire, des jeux nationaux de la relève sportive où
prennent part les scolaires de toutes les régions. Toute chose qui va sans doute impacter la relève du cyclisme nationale.
Pengdwendé Achille OUEDRAOGO