Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, va-t-il réussir à rétablir les relations avec les Etats-Unis, qui se sont fortement détériorées depuis le retour de Donald Trump à la Maison blanche ? La mission semble délicate, mais l’homme fort de la Nation
arc-en-ciel a décidé d’aller au charbon. Le chef de l’Etat sud-africain effectue une visite d’Etat aux USA, du 19 au 22 mai 2025, en vue d’inverser la donne.
Dans la peau du pompier pour ce déplacement important, Cyril Ramaphosa espère éteindre le feu qui consume actuellement la coopération avec les Etats-Unis. Le Pays de l’oncle Sam est remonté contre l’Afrique du Sud pour deux raisons et il va falloir user de tact pour le calmer. Washington n’a pas cautionné la loi autorisant le gouvernement sud-africain à exproprier les propriétaires terriens blancs et la plainte pour génocide déposée devant la Cour pénale international (CPI) contre son allié, Israël.
Ces deux évènements ont donné lieu à une escalade de tensions entre les deux pays. L’ambassadeur sud-africain aux Etats-Unis, Ebrahim Rasool, a été expulsé du pays, en mars dernier, accusé de « nourrir » des tensions raciales et de détester le Président Trump. Cet incident surprenant a achevé de convaincre de la dégradation des relations entre l’Afrique du Sud et son 2e partenaire commercial à l’échelle mondiale après la Chine.
En représailles à la mesure d’expropriation, le Président Trump a signé un décret permettant aux Blancs d’Afrique du Sud, victime de discrimination raciale à ses yeux, de demander le statut de réfugié aux Etats-Unis. A ce titre, 49 Sud-africains blancs, bénéficiaires de ce traitement de faveur, ont plié bagage pour le Pays de l’oncle Sam.
En plus de ces actions, le gouvernement américain a suspendu certains financements pour le développement en Afrique du Sud et s’emploie à boycotter sa présidence pour l’année 2025 du G20, organisation internationale censée favoriser le dialogue entre les pays développés et émergents. Autant dire que l’administration Trump est dans la posture de se faire entendre par tous les moyens face au régime de Ramaphosa, qui se défend de toutes pratiques malveillantes. En prenant la route des USA, Ramaphosa espère raffermir les relations avec ce pays, vu les enjeux économiques.
Il veut à tout prix protéger les intérêts de l’Afrique du Sud, avec des propositions dans sa besace, dans l’espoir d’accrocher son homologue américain, engagé dans un nationalisme économique marqué par des impositions de nouvelles taxes. Ramaphosa envisagerait, par exemple, d’accorder des tarifs douaniers avantageux à Tesla, société de fabrication de voitures électriques dirigée par l’allié de Trump, le milliardaire Elun Musk, sur ses importations en Afrique du Sud. Le président sud-africain est manifestement prêt à faire des concessions pour sauver l’essentiel et rétablir la confiance avec les Etats-Unis.
Va-t-il revenir sur la mesure d’expropriation ou la plainte déposée contre Israël à la CPI pour contenter Trump, connu pour son intransigeance, dans ce contexte d’incertitudes ? Tout est question d’intérêt en matière de relations internationales. En tous les cas, Ramaphosa doit faire bouger les lignes, car son pays pourrait pâtir davantage des mauvaises relations avec l’administration américaine.
L’accès en franchise des droits au marché américain, dont bénéficient les produits agricoles sud-africains, en vertu de la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA), est également menacé. Si cette disposition venait à être remise en cause, l’économie sud-africaine prendrait un coup supplémentaire. Pretoria et Washington vont-ils calmer les tensions et repartir sur de nouvelles bases ?
Kader Patrick KARANTAO