Une nouvelle ère pour le Sénégal

A moins d’un changement de dernière minute, le nouveau Président sénégalais, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, 44 ans, élu au premier tour avec 54,28 % des voix, entre officiellement en fonction, ce mardi 2 avril 2024. Deux temps forts vont marquer cet évènement : la prestation de serment du chef de l’Etat entrant au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD), dans la nouvelle ville de Diamniadio et la passation de pouvoirs avec son prédécesseur, Macky Sall, au palais présidentiel à Dakar. Si, elle ne constitue pas à vrai dire une révolution, dans un Etat qui a une tradition d’alternance démocratique, l’élection de Bassirou Diomaye Faye fait l’objet de tous les superlatifs. Certains observateurs n’évoquent-ils pas une ascension fulgurante ou le destin exceptionnel d’un homme peu connu des Sénégalais ?

La trajectoire du nouveau maitre du Sénégal, qui était loin de s’imaginer à la tête du pays, fascine et fait rêver tous ceux qui nourrissent des ambitions présidentielles. Candidat de substitution de son charismatique mentor, Ousmane Sonko, Diomaye Faye est sorti de prison en compagnie de celui-ci, à dix jours de la présidentielle, avant d’être propulsé au sommet de l’Etat par ses compatriotes, dont la soif de changement ne souffre pas de débat. Jamais un opposant n’avait réussi à remporter une présidentielle au premier tour depuis l’indépendance du Sénégal en 1960. C’est la preuve patente que le programme de l’heureux gagnant porte les aspirations d’un peuple, qui n’en pouvait plus de la gouvernance à problèmes de Macky Sall.

Diomaye Faye, qui a promis un changement radical dans la conduite des affaires publiques, jouit d’une pleine confiance pour dérouler son projet de société. Il devrait, au cours de sa prise de fonction, réaffirmer son engagement à gouverner avec humilité et transparence et à combattre sans relâche la corruption, le fondement de son engagement en politique. Le nouveau chef de l’Etat sénégalais compte, entre autres, œuvrer pour la réconciliation nationale, la réduction du coût de la vie devenu presque insupportable et à faire des investissements dans les secteurs agricole et industriel en vue de faire baisser le taux de chômage estimé à 20%. En panafricaniste de gauche, Bassirou Diomaye Faye entend surtout rétablir la souveraineté du Sénégal, bradée à l’étranger, selon lui.

A ce titre, il projette quitter le franc CFA et rééquilibrer les partenariats internationaux dans un sens « gagnant-gagnant » pour sa chère patrie. Mais le nouveau président sénégalais, qui partage un idéal d’émancipation totale des peuples africains, va-t-il tourner le dos à la France dont la politique sur le continent est fortement décriée, comme le souhaitent vivement les panafricanistes ? On ne saurait le dire pour le moment. D’ores et déjà, Emmanuel Macron a déjà exprimé sa volonté de poursuivre et d’intensifier le partenariat entre le Sénégal et la France. Il reste à savoir si Bassirou Diomaye Faye ira dans ce sens, lui qui envisage peser de tout son poids pour le retour du Burkina Fao, du Mali et du Niger au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Alors que l’organisation sous régionale est considérée par une certaine opinion, comme un instrument au service de l’Hexagone. De toute évidence, les chantiers qui attendent le nouveau chef de l’Etat sénégalais sont nombreux et il devra tout faire pour ne pas décevoir ses compatriotes, impatients de voir émerger un autre Sénégal.

Kader Patrick KARANTAO karantaokader@gmail.com

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