
Troisième fils des neuf enfants (dont six vivants) du feu général Aboubacar Sangoulé Lamizana, idrissa Lamizana, à la fin des activités commémoratives du 20e anniversaire du décès de Aboubacar Sangoulé Lamizana, organisées par le lycée privé portant son nom à Bobo-Dioulasso, a accordé un entretien à Sidwaya le lundi 12 mai 2025. Dans cette interview, il est aussi revenu sur certaines valeurs que leur papa leur a inculquées.
S : Vous êtes le troisième fils du 2e président de la Haute-Volta aujourd’hui Burkina Faso du général Sangoulé Lamizana. Que pouvez-vous nous dire de votre papa ?
I.L: Notre papa de son vivant, était un homme simple qui nous a éduqués dans cette simplicité. Malgré qu’il ait occupé la plus haute fonction de ce pays, (ndlr président pendant presque 15 ans) il nous a toujours demandé d’être nous-mêmes, de travailler pour mériter et gagner dignement notre vie. Pour ce faire, il insistait sur les valeurs de l’intégrité et de la discipline. Papa attachait vraiment du prix à la discipline. Il nous disait chaque fois que la discipline est très importante dans tout ce qu’on fait. Il ne manquait pas aussi de nous rappeler les valeurs de l’intégrité.
Donc dans tout ce que nous devrions faire, nous devrions être intègres et transparents. Aussi, s’il y a une chose que j’ai retenu du papa, c’est sa solidarité. Il nous demandait toujours d’être solidaires envers tout le monde sans distinction aucune, surtout plus envers les personnes vulnérables. De toute sa vie, il l’a démontré. Que ce soit à domicile ou au service, ses portes étaient grandement ouvertes à toute personne qui le sollicitait. Il était toujours prêt pour les autres, notamment pour les enfants, les femmes, et les orphelins. L’autre marque dont je me souviens de mon papa, c’est sa discrétion.
S : N’avez-vous pas été (vous ses enfants) victimes de la générosité et de la solidarité de votre père ?
I.L: Au départ, on souffrait du fait que notre père n’avait pas le temps à nous consacrer. L’ayant constaté, un jour il nous a dit ceci : « ne vous inquiétez pas mes enfants, vous profiterez un jour des efforts que j’ai fournis aujourd’hui. Soyez patients et essayez de suivre mes conseils ». Mais avec le temps et l’âge, nous avons compris papa et aujourd’hui nous bénéficions de ses bienfaits.
S : Les idéaux auxquels était attaché le général Aboubacar Sangoulé Lamizana tels que le patriotisme, l’intégrité, la discipline, le travail, et j’en passe, refont surface aujourd’hui avec l’actuel chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré. Comment vous appréciez cela ?
I.L : Avec le temps beaucoup de choses se révèlent. C’est vrai qu’à cause de sa discrétion notre papa n’est pas trop connu aujourd’hui malgré qu’il ait passé pratiquement 15 ans à la tête de l’Etat. Le retour à ces valeurs ne me surprend pas parce que d’abord, notre Président Ibrahim Traoré est un militaire comme le fut papa Lamizana. Et les militaires ne badinent pas avec ces valeurs. Pour cela, je dis chapeau au capitaine Ibrahim Traoré qui ose, et qui est venu nous montrer le chemin à suivre pour la souveraineté du Burkina Faso. Et si j’ai un conseil à lui donner, c’est de lui dire d’aller, de foncer parce que nous nous reconnaissons dans ces valeurs, gages de notre prospérité.
S : Le lycée privé portant le nom de votre papa à Bobo-Dioulasso lui a rendu un hommage 20 ans après son décès du 5 au 11 mai dernier. Comment vous aviez vécu cette semaine d’hommage ?
I.L : Pour être sincère nous avons été agréablement surpris par l’idée de l’Association des parents d’élèves (ndlr APE) du lycée privé Sangoulé-Lamizana de Bobo-Dioulasso de commémorer les 20 ans du décès du papa. La question qu’on leur a posée, quand ils sont venus nous voir, était de savoir comment est-ce qu’ils se sont souvenus de la date du décès du papa. C’est là que le président de l’APE, Nouhoun Coulibaly, par ailleurs président du comité d’organisation, nous a fait comprendre que sa maman lui a dit qu’à sa naissance c’est notre papa qui s’est occupé de son baptême (dékounli en langue dioula).
Et ça, c’est un exemple palpable de l’acte de solidarité du papa. Donc avant de mourir, sa maman lui avait dit de ne jamais oublier son autre « papa » qui est Aboubacar Sangoulé Lamizana. Et c’est pour être reconnaissant que Nouhoun Coulibaly et l’APE, partis du constat que les élèves du lycée qui porte son nom ignorant beaucoup de choses de lui, ont décidé de marquer d’une pierre blanche les 20 ans de son décès. Je vous avoue que lorsqu’ils sont venus nous rencontrer à Ouagadougou courant février 2025 avec ces arguments à l’appui pour nous annoncer cette nouvelle, nous (la famille) n’avons pas hésité un instant à adhérer.
Aussi les plus hautes autorités que nous avons approchées pour réussir l’évènement n’ont pas marchandé leur participation. Cinq ministres nous ont activement soutenus ainsi que d’autres hautes personnalités. A toutes ces autorités, les personnalités et les parrains avec à leur tête l’opérateur économique Lassiné Diawara, en attendant de le faire formellement, nous disons merci, notamment au chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré et au premier ministre, Jean Emmanuel Ouédraogo, qui ont permis l’implication des membres du gouvernement à cette commémoration.
S : A chaud et en attendant de faire un bilan à tête reposée, est-ce que vous êtes satisfaits de cette commémoration et des activités qui ont meublé l’évènement ?
I.L : Nous sommes tous humains et la perfection n’est pas de ce monde. On aurait voulu beaucoup plus de mobilisation, notamment, les jeunes à qui était dédiée la commémoration. Nous avons constaté que la communication dans ce sens n’est pas passée et nous en tirons des leçons pour les futures organisations. Sinon dans l’ensemble nous sommes satisfaits du fait que la commémoration ait lieu pour rendre hommage à notre papa. Et pour cela, nous disons merci au fondateur du lycée privé Sangoulé-Lamizana, Yana Siénou, à l’association des parents d’élèves, aux élèves et à toutes les personnes qui se sont jointes à l’évènement.
S : Nous sommes à la fin de cet entretien, quel appel avez-vous à l’endroit de la jeune génération qui n’a pas connu le général Aboubacar Sangoulé Lamizana ?
I.L : Avant de venir à la nouvelle génération, je vais d’abord inviter les parents à faire de leur mieux pour éduquer les enfants de façon rigoureuse et stricte. Pour revenir à votre question, je dirai à la nouvelle génération d’intégrer le travail et bien d’autres valeurs comme nous l’a enseigné le papa, dans leur vie de tous les jours. Il faut surtout être intègre dans la vie et éviter la facilité.
Propos recueillis par
Kamélé FAYAMA