Aller jusqu’au bout

Bientôt une loi sur la dépolitisation de l’administration publique et le renforcement de la méritocratie au Burkina Faso. L’information a été donnée à la suite du Conseil des ministres, du mercredi 30 novembre 2022 après l’adoption d’un projet de loi. La loi pose les bases pour le recrutement et la responsabilisation des agents publics, fondées sur les principes d’équité, de probité, d’intégrité et de compétences techniques. Désormais, la vision d’encourager la méritocratie dans le recrutement, nomination et promotion des agents publics, comme « système de gouvernance ou d’organisation qui promeut, suivant une procédure transparente et équitable, les agents en fonction de leur mérite » apparait comme non seulement un impératif de bonne gouvernance, mais également une source de motivation au sein des travailleurs.

Elle proscrit tout favoritisme fondé sur les appartenances politiques, idéologiques, ethniques, religieuses et régionales. C’est en cela que des agents publics devraient applaudir l’avènement d’une telle loi si tant est que la motivation première est d’établir une certaine justice au sein des institutions publiques, de sorte à reconnaitre, à récompenser le dévouement, l’abnégation de ceux qui font leur travail, qui rendent à l’Etat leur place dans la fonction publique et leur salaire reçu chaque mois et qui ne voient pas leur tâche quotidienne comme un supplice. On s’achemine donc vers la fin des passe-droits et autres intouchables qui sapent l’effort collectif d’agents dévoués qui peinent à s’exprimer du fait du diktat de chapelles inavouées. Dans les mêmes services, des agents croupissent sous le poids du travail pendant que d’autres se tournent les pouces pour diverses raisons : soit l’agent manque d’humilité ou de compétences et s’agrippe à un prétendu mentor comme une bouée de sauvetage, soit conscient de ses limites, il se soustrait à la tâche et devient grincheux pour se dérober définitivement de toute responsabilité et paradoxalement s’installe dans les récriminations et plaintes de toutes natures, sans pour autant apporter une quelconque piste de résolution.

Bien au contraire, ceux qui ont une attitude opposée sont traités de zélés et font l’objet de railleries. A côté se trouve une catégorie qui n’attend que d’être valorisée, pas forcément par une promotion, mais la reconnaissance de leurs efforts au quotidien. Ils sont indexés et écartés parce qu’ils ne mordent pas à l’appât du clanisme et du clientélisme, autres vices de l’administration, qui n’ont cure de compétences, ni d’aptitudes professionnelles de l’agent. Ces bonnes volontés sont contournées et sombrent dans l’oisiveté. Las, ils finissent par rejoindre le camp des désœuvrés et des acrimonieux. L’administration a fini par créer toute sortes d’employés ; l’effort au travail préoccupe moins que la recherche de postes et autres avantages. On arbore fièrement son affiliation plutôt que sa compétence et on affiche sa casquette. En retour, on attend tout sans rien donner. Bientôt, cette loi permettra de changer les paradigmes, car tout en reconnaissant à l’agent public ses libertés d’opinions, elle lui refuse le plaisir d’afficher et d’en user dans l’exercice de ses fonctions. La loi est claire : la compétence seule ne suffit pas non plus pour prétendre aux responsabilités, mais beaucoup d’autres paramètres sont à prendre en compte.

La question est comment mesurer ces paramètres dans une administration qui n’applique pas ses propres textes. Les mécanismes internes de régulation des agents ne fonctionnent toujours pas. Rien que le conseil de discipline aurait pu amoindrir les subversions. Mais hélas ! S’il est vrai que tous les agents doivent bénéficier de façon équitable au même traitement, il appartient aussi à chacun de comprendre que la carrière est individuelle. Que chacun est maitre de son destin et que l’agent devrait apprendre à être un modèle afin de se faire valoir. L’administration pour sa part, au-delà de faire voter cette loi, devrait s’obliger à la vulgariser, à sensibiliser les agents et à l’appliquer.

Par Assetou BADOH badohassetou@yahoo.fr

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