Lu pour vous : Alix « l’Aube d’un secret »

« Alix, c'est l'exemple vivant de la réussite sociale », écrit l’auteur, Jean-Marc Badiel.

Un drame familial sur fond d’histoire d’amour constitue la trame du roman « L’Aube d’un secret » de l’écrivain burkinabè, Jean-Marc Badiel.

Donner la vie, à l’instar des autres cultures du monde, est l’acte le plus important en Afrique pour la perpétuité de la race humaine. La fécondité dans la société africaine est un signe de bénédiction, un merveilleux événement souvent entouré de rituels. La naissance d’un enfant dans une famille africaine est toujours saluée avec joie et reconnaissance envers Dieu ou les divinités tutélaires de la famille. C’est pourquoi la question de la stérilité reste centrale, problématique du point de vue social et relationnel.

Faiblesse de la nature ou phénomène lié aux conditions de vie, la stérilité reste néanmoins mal perçue en Afrique et représente un fardeau supplémentaire pour bon nombre de ménages déjà éprouvés par les vicissitudes de la vie ou les questions existentielles. Que se passe-t-il lorsqu’après plusieurs années un couple n’arrive toujours pas à avoir des enfants? La stérilité est-elle une fatalité? Ce sont ces questions d’une indéniable actualité que pose au lecteur et aux africains en général, le jeune écrivain burkinabè, Jean-Marc Badiel dans son roman « L’Aube d’un secret ». Publié aux Presses universitaires de Ouagadougou, l’ouvrage narre dans ses premières pages le triste sort du couple Yamba et Pogbi.

Malgré une union de plusieurs années, ils semblent confrontés, sous les regards suspicieux du voisinage, à un problème de stérilité. Comme en pareille circonstance en Afrique, cette infécondité est immédiatement frappée du sceau de la malédiction…Toisé d’un mauvais œil et rejeté par les proches, « le couple Yamba et Pogbi n’avait jamais la paix du cœur. Leur vie quotidienne était remplie de souffrances réelles et de joies avortées. Ils
n’essayaient même pas d’esquiver ce coup de vent violent du destin.

Devraient-ils crier leur détresse à un ciel sans pitié? Pourquoi la vie pût leur être aussi désagréable? (…) Ils se réfugièrent au pays de la Côte pour échapper au mépris des gens et enterrer l’opprobre » (P.15). Dans leur patrie d’adoption, ils connaîtront les joies de l’enfantement. Alix, un garçon, est né. Afin d’épargner à son fils toute attaque mystique, Yamba le « confie » aux divinités des montagnes. Le bébé est « rebaptisé » Bapio…l’incarnation de la montagne. Mais, à l’âge de six ans, Bapio ou Alix est rapatrié au pays d’origine de ses parents. Commencent alors une enfance et une adolescence difficiles pour Alix… »L’Aube d’un secret » est aussi la narration d’une histoire d’amour avorté (titre de l’un des 11 chapitres de l’ouvrage, ndlr) entre le jeune Alix et la belle Seraphy.

Une épaisseur romantique

Le livre met, entre autres, en exergue la dualité de l’amour
et de la haine.

Au cours d’un séjour de trois ans en France, celle-ci restée au pays, lui annonce qu’elle est enceinte d’un autre homme…Cette triste histoire sentimentale connaîtra fort heureusement un dénouement heureux: « De l’union de Alix et Lydienne naquirent deux beaux garçons, Chris et Fernan. Désormais, il avait renoué avec la prospérité. Alix, c’est l’exemple vivant de la réussite sociale (…) Avec l’aide d’amis français, il fait ériger dans son village de Bapoun un centre médical et un complexe scolaire. Il faisait la fierté de tout Bapoun. L’enfant appartient à toute la communauté et non à ses seuls géniteurs (…) Alix était l’aube du secret sur lequel la nuit devait se dissiper pour qu’il fasse jour. Un jour nouveau dans la vie de ses proches, une aube nouvelle » (P.87).

Composé de 102 pages, le livre a été préfacé par l’écrivain et ancien ministre émérite de la culture, Mahamoudou Ouédraogo. Pour lui, « L’Aube d’un secret » est inspiré des profondeurs de la vie où s’entremêlent charmes et larmes. A travers ses personnages, l’auteur a, écrit-il, mis en exergue le déchainement des passions et la force de l’amour. Du point de vue stylistique, « L’Aube d’un secret » se présente, selon l’écrivain et sémiologue, Dramane Konaté, comme un cahier poétique d’une épaisseur romantique, où les joies et les peines sont décrites avec des mots teintés d’émotions et de mélancolies, pour ancrer le lecteur dans le fil de la narration. Cet écrit consacre, ajoute-t-il, la dimension poétique de la vie, où le sujet est fait des heurs et malheurs qui ne peuvent être décrits séparément, mais plutôt vus sous l’angle du passé-présent et du présent-futur.

En effet, comme mentionné en quatrième de couverture, « L’Aube d’un secret » se veut une prose poétique où se mêlent délices et supplices de la vie, tristesses et joies, espoirs et désolations. Mais où l’amour triomphe chaque fois de la haine… Né le 16 janvier 1985 à Dassa, Jean-Marc Badiel fait son école primaire publique de Dassa « A », et au Bimbilin « B » de Ouahigouya. Après ses études secondaires à Koudougou et à Diapaga et un Bac A4 en poche, il s’inscrit à la faculté de Droit de l’Université de Ouagadougou (actuelle université Joseph-Ki-Zerbo). Ses études universitaires seront sanctionnées par une Maîtrise de droit public de l’Université Ouaga Thomas-Sankara. Il est également titulaire d’un Master II en droit public fondamental.

W. Aubin NANA
nanaubin@yahoo.fr

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