C’est peut-être le début du bout du tunnel dans le conflit séparatiste, qui sévit depuis bientôt trois ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest anglophones du Cameroun.
Le président, Paul Biya, a ouvert un dialogue avec les leaders séparatistes. Il vient d’instruire son Premier ministre, Joseph Dion Nguté, d’annoncer la «bonne nouvelle» aux populations de ces localités. Cette annonce sonne comme une évolution notable dans la gestion par le gouvernement du conflit armé, qui a coûté la vie, selon certaines sources, à près de 2 000 personnes et fait plus de 500 000 déplacés internes et 35 000 réfugiés au Nigéria voisin.
Plusieurs petits groupes armés revendiquent les intérêts de la minorité anglophone estimés à en-viron 20% des 23 millions de Camerounais. En effet, depuis les années 1990, les revendications anglophones se multiplient en faveur d’un référendum sur l’indépendance. En 2001, des manifestations interdites lors du 40e anniversaire de l’unification dégénèrent, avec plusieurs morts et des leaders séparatistes arrêtés.
Les tensions actuelles ont commencé en novembre 2016, avec les revendications d’enseignants qui déplorent la nomination de francophones dans les régions anglophones et de juristes. Ce qui tend au rejet de la suprématie du droit romain au détriment de la «Common Law» anglo-saxonne.
La décision gouvernementale d’aller à la négociation est bien perçue par la partie anglophone qui ne demandait pas mieux.
Le Premier ministre camerounais, lors de sa tournée dans la zone, a rencontré le leader du Social democratic front (SDF), principal parti d’opposition à l’Assemblée nationale, John Fru Ndi. Ce natif de Bamenda a fait plusieurs propositions pour mettre fin au conflit armé dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun.
Le SDF offre un cessez-le-feu immédiat et bilatéral et appelle à un retour des soldats dans les casernes. Le porte-parole de ce parti, Fobi Tchinda, a aussi réagi en précisant qu’un arrêt complet des hostilités demeure la première proposition de sortie de crise. Après le cessez-le-feu, il a évoqué la libération de tous les prisonniers politiques, la nomination d’un médiateur en la personne de Fru Ndi et le report des élections «jusqu’au retour de la paix».
Cette batterie de mesures qui ne constituent pas une mer à boire peut être perçue comme une perche tendue au pouvoir de Paul Biya, qui semble aussi aller dans la même direction. En effet, Yaoundé n’entend pas voir sur la liste de discussion les points sur les questions de séparation ou de sécession. Vu que la partie adverse n’en fait pas un préalable, vivement que ces négociations aboutissent à un compromis salutaire pour les deux parties et pour la nation camerounaise tout entière.
Abdoulaye BALBONE