Le journaliste, Germain Bittiou Nama, a connu Bila Charles Kaboré, le père de l’actuel président du Faso, lorsqu’il était étudiant en France. Du personnage illustre qui vient de tirer sa révérence à l’âge de 90 ans, il garde le souvenir d’un homme d’une « extrême » simplicité.
Sidawaya (S) : Bila Charles Kaboré, le père de l’actuel chef de l’Etat, vient de nous quitter à l’âge de 90 ans. Quels souvenirs gardez-vous de ce grand commis de l’Etat burkinabè ?
Germain Bittiou Nama (G. B. N. 🙂 : J’ai des souvenirs extrêmement forts de Bila Charles Kaboré. J’ai accompagné une fois son fils, Roch Marc Christian Kaboré, de Dijon à Paris quand son père était vice-gouverneur de la BCEAO (NDLR : Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest). A l’époque, la BCEAO avait transféré ses locaux à Paris. Nous sommes allés dans son appartement de Neuilly. J’ai vu en M. Bila Kaboré un personnage extrêmement simple et affable. Pendant notre séjour, j’ai remarqué que lorsqu’on faisait la cuisine, c’étaient des mets de chez nous qui étaient préparés. Quand on connaît les personnes de cette catégorie qui sont extrêmement nanties, on s’attend à manger du caviar chez elles. Mais là-bas, nous avons mangé ce que nous avons l’habitude de consommer. J’ai trouvé un homme extrêmement simple aussi bien dans sa manière de vivre que dans celle d’aborder les gens.
La deuxième chose qui m’a frappé chez le vieux Kaboré, c’est, lorsqu’un jour, je m’étais rendu à la Banque internationale du Burkina (BIB), je l’ai vu dans le rang pour toucher son chèque sans doute. J’ai contourné le rang pour aller voir un agent. J’ai expliqué à celui-ci que c’était un ancien ministre de la république et un ancien gouverneur de la BCEAO. Il n’était pas question de le laisser dans le rang ainsi. Après mon intervention, j’ai vu qu’ils sont allés s’occuper de lui. Ce sont des genres d’attitudes qu’on ne rencontre pas de nos jours. C’est vrai qu’à son âge, on peut remercier le Bon Dieu de lui avoir permis de vivre aussi longtemps, mais quand on a tant de sagesse, on aurait souhaité qu’il vive encore plus pour continuer à nous inspirer. Ce sont autant d’éléments que je retiens de lui.
S : Selon certaines informations, après le soulèvement populaire de 1966, le vieux Bila Kaboré aurait été approché pour diriger le pays, mais il aurait décliné l’offre. Est-ce que vous confirmez cela ?
G. B. N: Je ne suis pas dans la confidence de la vie du vieux Kaboré pas plus que je ne le suis en ce qui concerne celle de son fils. Donc, je ne peux confirmer ni infirmer cela.
S : Vous avez séjourné avec son fils chez lui à Neuilly. Quel rapport avait-il avec son fils ?
G. B. N. : J’ai vu un père et un fils qui s’entendaient très bien, mais à la manière des rapports d’avant. Ce n’était pas la familiarité que nous constatons dans nos familles modernes, c’était le respect entre un père et un fils que j’ai pu constater. C’était en France.
Mais ici, au Burkina Faso, je n’ai pas eu de rapport ni avec l’un ni avec l’autre.
S : M. Bila Kaboré a été l’un des premiers cadres de notre pays. Quel rapport avait-il avec l’argent et la gestion de la chose publique ?
G. B. N. : Quand vous le voyiez, vous saviez quel type de rapport il avait avec l’argent. C’est quelqu’un qui était très simple et modeste. Apparemment, il a éduqué ses enfants de la même manière.
J’ai eu à vivre avec son fils, je peux témoigner que c’est un homme extrêmement simple quand il était étudiant. Je pense que vous pouvez tous témoigner que c’est un président qui n’a pas beaucoup changé du point de vue de sa simplicité. Je crois savoir que c’est un trait de famille et c’est un legs de son père.
Propos recueillis par
Karim BADOLO