Trouver le fil d’Ariane

Ça y est ! Depuis jeudi dernier, le Premier ministre, Christophe Dabiré, a son gouvernement, remanié au trois quart . Arrivé dans un contexte sécuritaire des plus tendus, le 2e chef du gouvernement de quinquennat du président Roch Marc Christian Kaboré s’est immédiatement mis à la tâche avec la tenue du Conseil des ministres de prise de contact.

« Les chantiers sont immenses, colossaux, les attentes aussi. Il faudrait vite se replonger dans les dossiers, mais surtout prendre d’assaut les chantiers », comme nous l’écrivions dans cette même rubrique.

Du reste, l’accueil globalement favorable réservé par l’opinion nationale à la composition de cet exécutif , est un atout indéniable pour faire face aux fortes attentes et préoccupations. Comme le maçon, c’est au pied du mur que l’équipe, également accueillie à leur façon par des élèves réclamant des évaluations, est désormais attendue par la population. Mais le Premier ministre en a la pleine mesure, rien qu’à en juger par sa première prise de parole, à l’issue du Conseil des ministres de prise de contact.

La question sécuritaire est certes sur toutes les lèvres, mais Christophe Dabiré entend mettre un point d’honneur au renforcement d’un dialogue social constructif car, en l’absence d’un environnement social apaisé, il est quasiment impossible de dérouler un projet de développement, fut-il ambitieux. Sans être exhaustif, ni anticiper sur sa feuille de route, on peut subodorer que la poursuite de la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES)  figure au premier rang des priorités du gouvernement Dabiré I. Cela, pour enclencher la croissance « forte, durable et inclusive » dont le pays a tant besoin pour transformer structurellement son économie.

Le défi est de taille car, la croissance, en hausse tendancielle depuis trois ans (2015, 2016,2017), a quelque peu marqué le pas en 2018, accusant le coup de l’impact des problèmes sécuritaires, des grèves perlées sur des pans entiers de l’économie nationale. Ce qui nous ramène immanquablement à la principale préoccupation : la sécurité. Même si les nombreux efforts n’ont pas permis d’enrayer les attaques terroristes sur le territoire, le renforcement des capacités opérationnelles et logistiques des FDS d’une part et de l’autre, l’asséchement des sources d’alimentation du phénomène doivent se poursuivre.

C’est tout l’enjeu, par exemple, du Plan d’urgence pour le Sahel (PUS-BF) d’un montant de 445 milliards F CFA sur 4 ans pour réduire la vulnérabilité des populations à l’extrémisme violent. Le Premier ministre et son gouvernement sont aussi attendus au tournant sur la cohésion sociale, devenue une attribution à part entière d’un département ministériel après les meurtriers affrontements à base communautaire.

Avec ce nouvel élan, on pourrait s’attendre à ce que l’Observatoire national de prévention et de gestion des conflits communautaires joue pleinement son rôle en vue de consolider le vivre-ensemble, jadis une exception burkinabè. Toujours sur le front social, les Burkinabè attendent toujours de voir le Haut conseil pour le dialogue social faire sa preuve véritablement, après la tenue, courant 2018, de la Conférence sur la réforme des rémunérations des agents publics de l’Etat.

Le Premier ministre trouvera-t-il le fil d’Ariane pour contenir dans de proportions soutenables, la croissance exponentielle de la masse salariale (de 332 milliards en 2012 à 618 milliards en 2017), celle des dépenses courantes et mettre une dose d’équité entre les travailleurs ? De la réponse à cette problématique dépendra, en partie, la trêve sociale demandée par le chef de l’Etat dans son message de fin d’année à ses compatriotes.

Aussi, un coup de pouce supplémentaire aux conclusions des enquêtes parlementaires sur le foncier urbain, le système de santé, le système éducatif et le secteur minier est bien nécessaire. Si la mise en œuvre des recommandations de ces enquêtes ont atteint un niveau globalement acceptable dans des domaines tels que la santé et les mines, le gouvernement de Christophe Dabiré doit redoubler d’efforts dans le secteur éducatif qu’il connaît très bien, mais aussi sur la sensible question du foncier urbain dont la mauvaise gestion nourrit la grogne sociale.

A court terme, l’organisation du cinquantenaire du FESPACO, l’opérationnalisation de la Caisse de dépôts et de consignation du Burkina Faso, de la Banque agricole du Faso (BADF), de la Caisse nationale d’assurance maladie universelle attendent également d’être parachevées pour répondre à des préoccupations quotidiennes.

Par Mahamadi TIEGNA

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