Le ministère de la Santé a organisé du 28 septembre au 1er octobre 2020, une caravane de presse dans les régions du Centre, du Plateau central et des Hauts-Bassins. A l’occasion, les actions mises en œuvre par le département dans le cadre de la gratuité des soins de santé des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes et de la planification familiale ont été expliquées aux hommes des médias.
Le ministère de la Santé veut apprécier l’impact de la mesure de la gratuité des soins de santé chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes en vigueur depuis avril 2016. A cet effet, la Direction de la communication et de la presse ministérielle (DCPM) dudit département, a organisé du 28 septembre au 1er octobre 2020, une caravane de presse dans les régions du Centre, du Plateau central et des Hauts-Bassins. Cette tournée a permis aux journalistes de s’imprégner des actions de mise en œuvre de la mesure dans six formations sanitaires. Il s’agit du Centre hospitalier universitaire (CHU) pédiatrique Charles- de-Gaulle, du CHU de Bogodogo dans la région du Centre, du Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Do, du CHU Souro-Sanou, du CMA de Koumbia dans les Hauts-Bassins et du Centre hospitalier régional (CHR) de Ziniaré dans le Plateau central. La stratégie de la prise en charge de la gratuité des soins a démarré le 1er mai 2016 au CHU pédiatrique Charles-de-Gaulle. Selon sa directrice générale, Céline Christine Kaboret/Ouédraogo, l’hôpital pédiatrique a, depuis cette date jusqu’au 31 août 2020, pris en charge gratuitement, 93 000 enfants de 0 à 5 ans, toutes pathologies confondues. La prise en charge est évaluée à 2 326 301 245 F CFA sur la même période. Le CHU de Bogodogo a ouvert ses portes en janvier 2017. En trois ans et demi de fonctionnement, la formation sanitaire a pris en charge 47 222 enfants, a indiqué la DG du CHU de Bogodogo, Diane Kaboré. « Nous avons aussi reçu 31 518 femmes prises en charge dont plus de 30 000 femmes enceintes et plus de 8 000 césariennes », a-t-elle expliqué. Mme Kaboret a aussi relevé que l’ensemble des prestations entrant dans le cadre de la gratuité est estimé à près de 1 700 000 FCFA dont 35 % du volume concerne le coût des médicaments.
La planification gratuite au CMA de Koumbia
Le CHU Souro-Sanou de Bobo-Dioulasso, de l’avis du responsable du département de génécologie, d’obstétrique et de médecine de la reproduction, Pr Moussa Bambara, prend en charge gratuitement en moyenne près de 5000 accouchements par an, environ 2000 césariennes et 100 grossesses extra- utérines. Au CMA de Do, la fréquentation est aussi importante du fait de l’accessibilité de l’hôpital. « Situé au secteur 22 de Bobo-Dioulasso, au bord d’une voie bitumée, sa position géographique favorable fait que les patients viennent aussi des autres provinces de la région », a confié le Médecin-chef de district (MCD), Dr Julien Bouda. La semaine du 20 au 27 septembre, a-t-il poursuivi, le CMA a effectué, 125 accouchements et 19 césariennes. La même semaine, 495 enfants en consultation ambulatoires ont été enregistrés. Le CMA de Koumbia à une trentaine de km de Bobo-Dioulasso sur la Route nationale n°1 n’est pas en reste de la mesure de gratuité des soins en faveur des enfants et des femmes enceintes. Selon le responsable du centre, Adama Zan, la mesure est effective depuis, le 2 avril 2016 et la planification est aussi gratuite depuis, le 1er juillet 2020. « Nous avons fait 1 800 accouchements dont le coût est estimé à 6 678 300. Nous avons consulté 38 936 enfants avec un coût de 42 356 886. Les enfants mis en observation sont au nombre de 1 167 enfants avec un coût de 6 238 338 FCFA », a-t-il détaillé. Concernant la gratuité de la planification, le CMA de Koumbia a pu placer du 1er juillet 2020 à nos jours, 12 dispositifs intra-utérins, 40 implants et 35 dépôts proverat.
Pas de plafond pour la gratuité
Le CHR de Ziniaré qui a ouvert ses portes, le 5 décembre 2019 a pris en marche, le train de la mise en œuvre de la gratuité des soins en mars 2020. La structure de référence en matière sanitaire dans la province de l’Oubritenga offre gratuitement aux publics-cibles, divers types de services tels que la pédiatrie, la consultation des femmes enceintes et les services de laboratoire. « Pour l’instant, nous ne réalisons pas d’accouchements pour la simple raison que nous sommes en train de mettre en route l’activité chirurgicale », a précisé le DG, Mady Zorné. Cette mesure de gratuité est bien appréciée aussi bien par le personnel soignant que par les bénéficiaires directes. Pour le Pr Moussa Bambara du CHU Souro-Sanou, cette mesure facilite la charge du travail. « Avant, il fallait poser le diagnostic, aller chercher les médicaments en pharmacie, souvent loin de l’hôpital, avant de rentrer au bloc opératoire. Aujourd’hui, tous les produits sont disponibles et il n’y a plus de retard dans la prise en charge », s’est-il réjoui. Pour le Pr Charlemagne Ouédraogo du CHU de Bogodogo, la gratuité est un vrai soulagement pour les familles. A l’écouter, l’Etat n’a pas fixé de plafond dans la mise en œuvre de la gratuité. « Le coût d’une césarienne dans le secteur privé avoisine 800 000 FCFA. Dans les hôpitaux publics, l’Etat a subventionné la césarienne et le plafond est 100 000 F CFA. Mais avec la gratuité, le patient ne débourse aucun copeck », a-t-il confié. Et M. Zan de soutenir que cette mesure est une épine de moins pour les populations qui vont désormais affecter les ressources prévues pour la santé des enfants et femmes enceintes dans d’autres dépenses de la famille. Ce qu’atteste Odette Kambiré dont l’enfant est pris en charge gratuitement depuis une semaine à l’hôpital Souro- Sanou.
Une mesure qui soulage
« Mon enfant a un problème au niveau de son poumon gauche. Les examens et les médicaments ont été pris en charge par l’hôpital. Je remercie les médecins et le gouvernement pour ce soutien qui nous soulage », a-t-elle soutenu. Christelle Pélagie Tuina est aussi venue au CHU pour une consultation prénatale. Elle tient en main une ordonnance de gratuité pour l’achat des médicaments prescrits par les agents de santé. Autre bénéficiaire de la mesure de gratuité, la femme de Seydou Ibrango, admise le 18 septembre au CHU Souro-Sanou où elle a accouché par césarienne. « Je n’ai rien payé à l’hôpital excepté les produits que j’ai été payé dehors à 13 000 F CFA. Je suis très content de voir que ma femme et mon enfant soient en bonne santé », s’est réjoui l’époux. Comme M. Ibrango, des malades sont obligés de débourser de l’argent pour des ordonnances complémentaires. Cette situation est due aux ruptures de stocks, surtout au niveau de la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG). Au CHU pédiatrique Charles-de-Gaulle, des partenariats sont noués avec d’autres structures pour pallier ces périodes de ruptures de stocks, a expliqué la DG, Céline Christine Kaboret/ Ouédraogo. « A cet effet, nous avons un comité thérapeutique qui se prononce sur les médicaments et qui valide la liste des médicaments », a-t-elle rassuré. Au CHU de Bogodogo, un dispositif pharmaceutique est mis en place. Au sein de la maternité, il existe une pharmacie hospitalière contrôlée par des pharmaciens hospitaliers pour faire en sorte que tous les intrants nécessaires à la prise en charge des complications de la grossesse et de l’accouchement soient disponibles sans pour autant qu’on donne une ordonnance complémentaire à un malade. Aussi, la CAMEG fait beaucoup d’efforts pour minimiser les ruptures de stocks de médicaments, a-t-elle dit. « Elles ont considérablement diminué comparativement au début de la mesure de gratuité », a signifié Mme Kaboret.
Abdoulaye BALBONE