Le ministère de la Santé a tenu, le vendredi 9 octobre 2020 à Ouagadougou, sa 6e rencontre-bilan de la politique de gratuité des soins au profit des femmes et des enfants de moins de cinq ans. A l’occasion, les acquis engrangés et les difficultés rencontrées ont été dressés et des perspectives dégagées.
En cinq ans de mise en œuvre de la politique de gratuité des soins au profit des femmes et des enfants de moins de cinq ans, les centres de santé ont offert gracieusement près de 70 millions de prestations aux populations sur l’ensemble du territoire national. C’est le bilan dressé, le vendredi 9 octobre 2020 à Ouagadougou, par le ministère de la Santé. Selon le secrétaire technique chargé de la gratuité des soins, Dr Pierre Yaméogo, le coût total de cette gratuité supporté par l’Etat burkinabè s’évalue à plus de 120 milliards F CFA. M. Yaméogo a aussi indiqué que cinq biens et services sont concernés par la politique. Il s’agit des examens de radiographie et de sang, des explorations fonctionnelles, des médicaments et consommables médicaux, des frais de séjour pendant l’hospitalisation et des frais d’évacuations sanitaires. Pour la ministre de la Santé, Pr Claudine Lougué, ces mesures ont concerné au départ la gratuité du dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus, la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans, la gratuité des césariennes, la gratuité des soins pour les femmes enceintes et la gratuité des accouchements. L’opérationnalisation de cette décision emblématique, a-t-elle poursuivi, s’est voulue progressive, et a débuté le 2 avril 2016 dans trois régions-pilotes (Centre, Hauts-Bassins et Sahel) avant de s’étendre dès juin 2016 à toutes les régions du territoire national.
« Depuis le 26 décembre 2018, le gouvernement élargissait le paquet de soins couverts en intégrant la gratuité des soins et services de planification familiale. Cette mesure couvre aujourd’hui l’ensemble du territoire national », a soutenu la ministre. En termes d’autres acquis, le secrétaire technique chargé de la gratuité des soins s’est réjoui de la décision du gouvernement de supporter les frais de ces services. « S’il n’y avait pas cette gratuité, ce sont les familles qui allaient débourser 120 milliards F CFA. Ce qui n’est pas évident », a-t-il relevé. Avant la mesure, a-t-il justifié, un enfant par an fréquentait en moyenne les centres de santé. « Après la politique, nous sommes à 3 enfants par an. Ces acquis majeurs sont dus au fait que la barrière financière a été rompue », a-t-il déclaré.
Elargir le panier de gratuité
A ce propos, Mme Lougué a fait remarquer, que le choix porté sur la femme et l’enfant de moins de cinq ans est soutenu par des évidences scientifiques qui montrent que la mortalité est élevée au niveau de ces deux cibles vulnérables. « L’un des déterminants fondamentaux de cette mortalité est la difficulté d’accès à des soins de santé de qualité. Parmi les nombreuses barrières pouvant expliquer les difficultés d’accès à la santé, l’obligation faite à l’usager de payer les prestations de soins représente un obstacle de première ligne », a-t-elle expliqué. Pour l’ensemble des résultats engrangé, la ministre de la Santé a félicité les agents de santé impliqués.
Toutefois, elle les encourage à œuvrer à aplanir les difficultés relevées au cours de ces cinq dernières années. Ce sont, entre autres, les problèmes de rupture de stocks de médicaments et consommables médicaux, les rackets et surfacturations dont des agents indélicats se sont rendus coupables. Sur ce dernier point, le responsable en charge de la politique de gratuité des soins se veut rassurant. Avec le dispositif de contrôle mis en place, a-t-il confié, nous avons la certitude que sur 10 agents contrôlés, un ou deux sont indélicats. «Nous allons poursuivre nos efforts avec nos structures partenaires au niveau national et international pour étendre nos contrôles sur l’ensemble des formations sanitaires », a-t-il rassuré.
Au titre des perspectives, les autorités en charge de la gratuité souhaitent l’élargissement du panier de soins pour inclure la prise en charge des cancers du sein et du col de l’utérus qui coûte extrêmement cher. Aussi, ont-elles souhaité, la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA. « Les ARV et les examens complémentaires du VIH sont déjà gratuits. Nous voulons que les frais des examens spécifiques déboursés par les patients soient inclus dans la gratuité »,
a suggéré Dr Yaméogo.
Abdoulaye BALBONE
Alimatou COMPAORE
(Stagiaire)