Le mandat du Président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, a pris fin dans la nuit du 4 au 5 septembre 2025, conformément à son mandat constitutionnel. Toutefois, en l’absence d’une Transition pour conduire le pays jusqu’à la prochaine élection présidentielle, fixée pour le 23 novembre prochain, il demeure au pouvoir nonobstant les critiques diverses. C’est le cas de l’opposition politique qui appelle à une Transition démocratique. Mais, à la vérité, cette situation confuse, qui plonge le pays dans l’incertitude, ne surprend aucunement les observateurs avisés de la scène politique bissau-guinéenne. En effet, les élections auraient dû avoir lieu en février 2025 dernier.
Et, l’on se rappelle qu’en décembre 2023, le Parlement étant dominé par l’opposition, le Président Embalo, prétextant un « coup d’Etat », avait dissout l’Assemblée nationale alors que son mandat constitutionnel prenait fin, le 4 septembre 2025. Cela a entrainé le report de la tenue des élections. C’est dans ce climat de tensions que Umaro Sissoco Embalo a annoncé qu’il ne quittera pas ses fonctions avant l’élection présidentielle. C’est donc chose faite. Les Bissau-guinéens, du citoyen lambda aux responsables des partis politiques d’opposition en passant par les organisations de la société civile, soucieux d’une alternance dans leur pays, devraient encore prendre leur mal en patience.
A la tête du pays depuis 2020, Umaro Sissoco Embalo reste donc l’homme fort de Bissau en attendant que la voix des urnes ne décide de son sort, puisqu’il est candidat à sa propre succession. Ce qui taraude les esprits pour l’heure est de savoir comment se comportera l’opposition dans la suite du processus électoral. Elle qui, bien que fragilisée, rejette la « caporalisation » du pouvoir en accusant d’illégitime le locataire du palais présidentiel.
« Le président n’a plus aucun pouvoir en tant que chef de l’Etat », a martelé la semaine dernière, Baciro Djá, un des leaders de l’opposition, insistant sur la nécessité d’une passation pacifique du pouvoir pour éviter toute nouvelle crise.
Dans ce contexte, il est loisible de se demander ce qui pourrait advenir d’ici à la tenue de ces consultations électorales dans ce pays connu pour ses multiples crises politiques. C’est d’ailleurs, suite aux incompréhensions entre les acteurs politiques que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait dépêché une mission, du 21 au 28 février à Bissau, à l’effet de rabibocher les parties prenantes. Malheureusement, contre toute attente, celle-ci avait été refoulée par le Président Embalo, au grand dam de tous. Espérons qu’à quelques mois de l’échéance électorale, l’Institution sous régionale, en perte de crédibilité, reprendra, malgré tout, son bâton de pèlerin et travaillera pour que ces élections se déroulent dans un climat apaisé au bénéfice du peuple.
Dans cette dynamique, une coalition politique, baptisée Plateforme républicaine Nô Kumpu Guinée, composée de 16 partis, a été récemment lancée afin de garantir la stabilité du
climat politique qui risque de se détériorer. Pour leurs parts, les dirigeants du pays, avec Umaro Sissoco Embalo en tête, devront tous montrer des gages de bonne volonté pour renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale pour aller à des élections inclusives et apaisées. C’est en cela que la Guinée-Bissau, peut consolider les socles de son développement et de ses institutions.
Soumaïla BONKOUNGOU