Intégration africaine : l’exemple ghanéen

Au-delà de son label démocratique qui inspire plus d’un, le Ghana vient de réaffirmer, à la face du monde, sa ferme volonté pour une véritable intégration africaine. Depuis ce 1er janvier 2025, le pays a, en effet, supprimé l’obligation de visa pour tous les ressortissants du continent. La mesure s’inscrit dans le sillage de l’engagement pris par
le Président sortant, Nana Akufo-Addo, lors des Dialogues sur la prospérité en Afrique (APD 2024).

A cette occasion, l’ex-président avait exprimé sa volonté d’introduire une politique de libre circulation pour les citoyens de toutes les nations africaines. Une décision historique qui, en plus de favoriser l’intégration continentale, marque un pas important vers la libre circulation des biens et des personnes sur le continent. Pour mémoire, cet objectif a été longtemps l’un des combats de panafricanismes dont Amilcar Cabral, Kwamé N’krumah, le
père de l’indépendance ghanéenne, Cheick Anta Diop, Thomas Sankara
et bien d’autres.

Mais, face aux ambitions démesurées et au narcissisme de certains Etats, l’idéal panafricaniste a toujours été relégué au second plan, au grand dam de ses défenseurs. Il faut le dire, ce n’est que par une intégration sous régionale que le développement dans toutes ses dimensions, tant souhaité peut
être une réalité.

En s’inscrivant donc dans l’héritage de Kwamé N’krumah, le Ghana
met en exergue l’importance de l’unité et de la solidarité en Afrique. Bien plus, c’est une leçon de panafricanisme que les autorités ghanéennes donnent au reste des dirigeants africains qui met à jour la nécessité d’une coopération renforcée entre les nations. C’est du reste, ce sur quoi le père de l’indépendance ghanéenne, Kwamé N’krumah avait rêvé mais qui n’a jamais été une réalité.

Par ailleurs, c’est un pas important vers la promotion de la mobilité intra-africaine et de la coopération entre les pays du continent, conformément à l’objectif de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui « vise à créer un marché unique et homogène sur le continent afin de stimuler la croissance économique, générer des emplois et réduire la pauvreté ». Malheureusement, le choix du Ghana, salué par tous, est aux antipodes des politiques migratoires prohibitives, en vigueur dans certains autres Etats africains, au détriment des accords qui les lient.

C’est dire que les peuples africains, loin des prismes déformants et des préjugés dont ils font souvent l’objet, peuvent venir à bout de leurs tensions internes, relever les défis et asseoir les socles solides d’un développement harmonieux pour la postérité. Cela, le Ghana l’a bien compris. Il faut donc encourager les autres nations qui, à longueur de journée, chantent l’unité de l’Afrique, mais sans actes concrets, à emboiter le pas ghanéen si tant est qu’elles ambitionnent l’unité de l’Afrique.

Par cette politique migratoire, le Ghana rejoint ainsi les quatre autres Etats africains ayant déjà mis en place une telle mesure à savoir le Rwanda, les Seychelles, la Gambie et le Bénin qui facilitaient déjà l’accès à leurs territoires pour tous les Africains, réaffirmant leur rôle de leaders dans la promotion de l’intégration africaine et une coopération renforcée entre les pays du continent.
Il appartient donc au nouveau Président, John Dramani Mahama, qui vient de prêter serment, de consolider cet acquis en espérant voir d’autres Etats s’inscrire dans la même dynamique.

Soumaïla BONKOUNGOU

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