Le Tribunal de grande instance Ouaga I a condamné, le samedi 8 juillet dernier, sept élèves à des peines de prison de 6 à 12 mois et à des amendes, le tout assorti de sursis, pour fraude et tentative de fraude à la session 2023 du Baccalauréat (BAC). La majorité des prévenus sont passés aux aveux, à l’exception d’un seul.
Une élève, parmi les candidats fautifs, qui avait caché son téléphone portable dans ses parties intimes, s’est fait prendre en flagrant délit de manipulation de l’appareil. « Quand je voulais aller déposer mon sac, j’ai pris mon téléphone. Je n’ai pas déposé mon téléphone. J’ai amené ça avec moi pour pouvoir exploiter les données », a-t-elle dit aux juges. Cette accusée, tout comme les autres, ont été reconnus coupables d’avoir triché, en faisant usage de leurs téléphones portables ou brouillons de composition, dans l’intention de décrocher le diplôme qui ouvre les portes de l’université.
On n’avait pas fini d’épiloguer sur cette affaire, qu’une autre mauvaise nouvelle relative au monde de l’enseignement est tombée. Le conseil de discipline du Centre de recherche panafricain en management pour le développement (CERPAMAD) a pris une sanction disciplinaire à l’encontre d’un groupe d’étudiants, reconnus coupables des faits de fraude et de tentative de fraude, le 14 juin dernier. Une note, datée du 10 juillet 2023, annule les résultats d’un semestre des étudiants concernés, dont le nombre n’a pas été communiqué.
Les premiers responsables du CERPAMAD, qui tiennent à préserver la réputation de leur établissement, ont souligné à l’occasion, qu’aucun comportement déviant ne saurait être toléré ni encouragé dans les enseignements. Ces deux situations regrettables, loin d’être des cas isolés, rappellent et instruisent à souhait sur la mentalité des élèves de nos jours : croire que tout s’obtient facilement dans la vie.
Nombre d’entre eux ne prennent pas au sérieux leur formation. C’est à croire, qu’aller à l’école est devenu un fardeau. Alors que les parents s’échinent pour payer des frais de scolarité, de plus en plus cher, des enfants se permettent de « sécher » les cours pour des activités pas catholiques. Au lieu de prendre le chemin du lycée, de l’institut ou de l’université, ils se retrouvent dans des maquis ou des bars à chicha, du reste interdits mais entretenus clandestinement.
Exit l’école, place à la débauche. L’alcool, la drogue, le sexe, la prostitution, tout y passe. Et c’est sans compter avec l’impolitesse des élèves ou étudiants qui s’adonnent à de telles pratiques. Comment des élèves, qui ont pris goût aux plaisirs de la vie, au point de paraitre indépendants, peuvent-ils être assidus aux cours et respecter leurs enseignants comme il se doit ? Dieu seul sait combien de fois des parents ont été convoqués au sujet de l’absentéisme ou de l’attitude désinvolte de leurs rejetons en classe.
Même si certains géniteurs ne sont pas blancs comme neige dans le comportement de leurs enfants, les mauvaises fréquentations y sont pour beaucoup. Les élèves, à la moralité douteuse, ne peuvent être que des tonneaux vides, qui se retrouvent dans toutes sortes de combines, quand vient le moment de l’examen. Ils consacrent plus de temps aux activités extrascolaires qu’à acquérir des connaissances, de sorte à trop courir à la derrière minute. Un examen ne se prépare pourtant pas à la veille, mais dès le début de l’année scolaire. Comprenons alors pourquoi certains élèves se font prendre pour des faits de fraude ou de tentative de fraude aux examens.
Absorbés par la débauche, ils ne se donnent pas les moyens pour affronter les examens, ce qui les incite à la triche. Quand on a fait preuve d’assiduité aux cours et d’un grand intérêt pour les enseignements, tout au long de l’année, on doit être confiant et ne pas avoir à l’esprit de tricher. Le parquet n’a-t-il pas interpellé l’un des sept candidats condamnés pour fraude en ces termes : « Si vous êtes arrivée en Terminale, cela veut dire que vous avez des connaissances. Il y a un minimum de fond en vous.
Pourquoi vous n’avez pas confiance en votre capacité à avoir le BAC ? Ou bien, au lieu de bosser vous êtes partie danser le djandjoba ? ». Le système éducatif n’est pas irréprochable, mais il faut savoir compter sur ses propres capacités aux examens. Tricher ne mène nulle part en vérité. Vous pouvez réussir à le faire et à avancer, mais vous serez rattrapé tôt ou tard. « Les tricheurs ne connaissaient pas la vraie joie de gagner », disait l’écrivain français, Maurice Sachs.
Kader Patrick KARANTAO