L’AES contre vents et marées

Bamako, la capitale malienne, abrite, les 22 et 23 décembre 2025, la 2e session du Collège des chefs d’Etat de la Confédération des Etats du Sahel (AES) qui regroupe le Burkina, le Mali et le Niger. Faisant suite à celui de Niamey en juillet 2024, ce rendez-vous au sommet historique va permettre aux trois chefs d’Etat membres, le capitaine Ibrahim Traore, le général d’Armée Assimi Goïta et le général d’Armée Abdourahamane Tiani de faire le point du chemin parcouru par l’AES, depuis sa création le 16 septembre 2023.

Porté sur les fonts baptismaux sous la forme d’une Alliance pour ensuite devenir une Confédération, l’organisation est née dans un contexte de tensions géopolitiques, marquées par le retrait du Mali, du Niger et du Burkina de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) considérée comme un outil aux mains des impérialistes. Les Etats fondateurs de l’AES, confrontés au terrorisme, n’en pouvaient plus de l’incapacité de cette institution à les aider à juguler le phénomène et de sa mise sous ordre de certaines puissances étrangères comme la France.

Aussi, ont-ils décidé de se mettre ensemble pour lutter pour leur souveraineté et amorcer un véritable développement endogène.
En se donnant pour mission d’établir une architecture de défense collective face au terrorisme et à la criminalité organisée et de construire un espace politique et économique commun, l’AES a fait des pas de géant, alors que certains observateurs ne pariaient pas un sou sur sa crédibilité et sa longévité.

L’institution a déjoué les pronostics, en tissant sa toile dans l’espace régional, avec des résultats appréciables en deux ans d’existence. De nombreuses initiatives ont permis à l’AES de prendre corps. Parmi celles-ci, figurent l’instauration d’un passeport et d’une carte d’identité, la transformation de l’Autorité du Liptako-Gourma en un outil opérationnel, la création des commissions nationales de l’AES, d’une Cour pénale et des droits de l’Homme du Sahel, d’une Banque d’investissements avec un capital initial de 500 milliards F CFA, d’organes de médias (radio, télé et presse écrite) et d’une Force unifiée de 5 000 hommes pour lutter contre le terrorisme.

Plus spécifiquement dans le domaine de la diplomatie, l’organisation sahélienne est engagée dans des relations décomplexifiées et de diversification des partenariats. Il n’est plus question de paternalisme ou de diktat des puissances étrangères, qui décidaient de tout et de rien dans ces Etats. Le rêve nourri par l’AES de construire un Sahel uni et libre est en train de devenir réalité. Il reste à consolider les acquis et à dégager les perspectives, en vue de continuer sereinement la marche vers la souveraine voulue.

Le sommet de Bamako offre l’occasion aux dirigeants de se livrer à cet exercice hautement important, dans un contexte où l’AES est vue d’un mauvais œil par certains dirigeants occidentaux, habitués à décider du sort des Etats africains comme ils le voulaient.
Voir l’AES prospérer trouble manifestement le sommeil dans certaines chancelleries qui vont devoir pourtant s’accommoder de cette nouvelle donne géopolitique.

Dans ce mode en pleine évolution, l’Afrique ne peut plus être un simple spectateur. Elle ne peut plus demeurer dans l’éternelle assistance et la soumission. Elle doit pouvoir prendre en main son destin, discuter d’égal à égal avec les autres partenaires au plan mondial. A travers le difficile combat pour la liberté et la souveraineté qu’elle mène sans relâche, l’AES a tracé la voie à suivre…

Kader Patrick KARANTAO

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