Après avoir suspendu le Burkina Faso, le Niger et le Mali de toutes ses instances décisionnelles à l’instigation de ses patrons occidentaux en accord avec son valet ouest-africain, la CEDEAO, l’Union Africaine est en train d’attiser le feu et d’ouvrir la voie à une guerre des Grands lacs par sa pusillanimité et son alignement aveugle sur les décisions de ces mêmes Occidentaux.
En effet, à l’issue de son dernier sommet et relativement à la crise ouverte entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda qui est en train de se métastaser, l’organisation continentale est restée dans les lieux communs en appelant au dialogue entre les belligérants sans prendre une résolution claire et précise sur la question.
Or, il est de notoriété publique qu’au stade actuel du développement du conflit avec les rebelles du M23 qui sont en passe de prendre la capitale du Sud Kivu, Bukavu, aucune négociation ne peut amener ceux-ci et leur parrain rwandais, Paul Kagamé, à reculer,ce dernier ayant déclaré qu’il n’avait cure de toutes sanctions qui viendraient à être prises contre son pays.
En franchissant le rubicon du Sud Kivu, Kagamé ouvre irrémédiablement la voie à la régionalisation, puis à terme, à l’internationalisation du conflit avec l’implosion et l’exploitation sauvage du pays continent qu’est la RDC. En effet, le Burundi a déjà menacé de rentrer dans la danse pour sécuriser le Sud Kivu qu’il considère comme sa chasse gardée, tandis que le fils et successeur putatif de son père Yoweri Museveni à la tête de l’Ouganda promet de faire de même en Ituri pour contenir l’avancée « impérialiste rwandaise ».
Dans les grandes lignes, c’est le scénario de 1998 qui se dessine, avec un renforcement de la mainmise de ses trois pays sur les provinces Est du Congo (Kivu, Maniema, Ituri) et l’exploitation de leur immense potentiel économique avec la bénédiction des marchands d’armes et de minerais occidentaux. Une situation qui pourrait entraîner la « parcellisation » du pays, avec le Katanga son « ventre mou » qui peut se laisser tenter par les sirènes autonomistes. Le Congo Kinshasa serait ainsi le laboratoire grandeur nature de cette volonté impérialiste « d’exploser » les pays africains dans leur configuration actuelle pour en faire des micro-Etats taillables et corvéables à merci.
Le terrorisme suscité et entretenu au Sahel participe de cette volonté qui a déjà réussi dans la Corne de l’Afrique avec la sécession de l’Erythrée d’avec l’Ethiopie et l’éclatement de la Somalie en mini provinces. Le Soudan, déjà divisé en Nord et Sud est toujours dans l’œil du cyclone pour le faire retourner à sa situation de la fin du 18e et début du 19e siècle où il était divisé en « royaumes » distincts sous la coupe de condottieres esclavagistes.
Le Madhi, vainqueur de l’anglais Gordon a fini de se retourner dans sa tombe de dépit, et, il pourrait en être de même pour Lumumba, si Tshisekedi n’en finissait pas avec ses lamentations, pour assumer pleinement son rôle d’homme d’Etat froid et résolu face au danger.
De manière générale, tous les dirigeants africains devraient adopter cette posture plutôt que de se complaire dans leur rôle de valets locaux. Qu’un Bola Tunibu se souvienne par exemple que son pays a connu une guerre de sécession en 66-71 avec le Biafra comme cheval de Troie et que le scénario pourrait se répéter avec la paupérisation aiguë des masses populaires.
Globalement donc le continent africain fait face à une nouvelle invasion étrangère plus féroce que celle de 1885, car son potentiel était ignoré plus ou moins à cette époque. La réponse doit être coordonnée et intégrée comme le disait déjà les pères fondateurs de l’unité africaine. Hélas les héritiers semblent ne pas être à la hauteur de ce défi immense. Tristes tropiques.
Boubakar SY