En République démocratique du Congo (RDC), l’avancée des rebelles du M23 sur le terrain inquiète. Après la prise de Goma, capitale du Nord-Kivu en janvier dernier, ils viennent encore de s’emparer d’une autre ville importante : Bukavu. Le chef-lieu de la province du Sud-Kivu, point de transit du commerce local de minerais, est tombé aux mains du M23, le dimanche 16 février 2025.
Ce groupe politico- militaire prouve, une fois de plus, sa supériorité sur les forces armées congolaises qui ont échoué jusque-là à apporter la riposte promise. Le M23 est désormais maitre du lac Kivu, l’un des plus grands d’Afrique qui renferme d’importantes ressources naturelles. S’achemine-t-on alors vers un morcellement de la RDC, comme le craint la communauté internationale qui appelle à un retrait immédiat des rebelles des territoires occupés ?
Même si on ne le souhaite pas, ce scenario est envisageable, vu la progression depuis plusieurs mois du M23 qui règne sur les localités conquises. Militairement, ce mouvement soutenu par le Rwanda qui s’en est toujours défendue d’ailleurs, réalise des exploits face à la 8e puissance militaire d’Afrique. La situation dans laquelle se trouve la RDC, pose véritablement question.
On constate une expansion de territoire sans précédent du M23 qui a repris du service en 2021, après une longue période d’inactivité. En temps normal, ce vaste pays d’Afrique centrale au sous-sol riche de nombreux minerais devrait pouvoir faire face à cette adversité. Malheureusement, son armée confrontée à des problèmes organisationnel et à la corruption, a du mal à contenir le M23 et son allié rwandais. Le régime de Felix Tshisekedi assiste impuissant au spectacle qui se joue dans l’Est de la RDC, où les rebelles étalent leurs ambitions à la face du monde.
La figure politique du M23 et coordonnateur de l’Alliance fleuve Congo, Corneille Nangaa n’a-t-il pas évoqué la possibilité de marcher sur la capitale, Kinshassa ? C’est dire à quel point ce groupe armé est décidé à secouer le pouvoir en place qui, malgré les difficultés au combat, n’entend pas dialoguer directement avec le M23. Excluant toute négociation avec les nouveaux maitres de Goma et de Bukavu, ce que plusieurs dirigeants de la région ont pourtant préconisé, le président congolais appelle à la prise de sanctions contre le Rwanda, soutien du mouvement rebelle.
Est-il entendu à ce sujet ? Ce n’est pas l’impression que l’on a. La communauté internationale ne semble pas bouger en la matière. Le Président, Paul Kagamé, reste droit dans ses bottes et n’a nullement l’air de se soucier d’éventuelles sanctions contre son pays. Les Européens discuteraient de mesures de rétorsion contre Kigali s’il ne retirait pas son aide au M23, mais encore faut-il les voir aller jusqu’au bout de leur projet. Il y a comme une sorte d’hypocrisie, pour ne pas dire une complicité de l’Occident avec le Rwanda, qui ne dit pas son nom.
Il est évident que le pays de Kagamé fait montre d’une flagrante ingérence dans les affaires intérieures de la RDC, pour ne pas dire, qu’il concourt à sa déstabilisation. Cette situation nécessite des mesures fermes des dirigeants de la planète, mais on est loin du compte. Ainsi vont les relations internationales avec leurs parts d’ombres et de mystères. Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. Cet adage pourrait bien illustrer le cas de la RDC, dont le pillage des ressources par le M23, sous le couvert de la guerre, profite en n’en point douter à des puissances étrangères. Triste sort…
Kader Patrick KARANTAO