Manga, capitale régionale du Centre-Sud, s’est métamorphosé après les festivités du 58e anniversaire de l’indépendance du Burkina Faso qu’elle a abritées. Loin des caricatures habituelles, la «cité de l’épervier» s’est dotée de nouvelles rues et d’infrastructures lui conférant un «charme» sans précédent.
Jeudi 14 février 2019. Il est 21 heures. L’amour est célébré comme chaque année à cette date. A Manga, capitale de la région du Centre-Sud, située à environ une centaine de kilomètres de Ouagadougou, les âmes sœurs ne manquent pas aussi d’initiatives pour se témoigner leurs sentiments. Pour rompre avec le traditionnel cadeau emballé ou la virée dans les maquis, des couples ont trouvé une idée plus «originale» : une soirée à deux au restaurant d’un nouvel hôtel de la place.
L’espace est un petit nid douillet taillé pour les moments spéciaux. Sous la lumière tamisée, des pots de fleurs aux pétales blancs trônent majestueusement sur des tables luxueuses. Pendant que l’écran plasma géant distille des sonorités tendances du moment jouées sur l’une des chaines internationales, un personnel mixte est aux petits soins des amateurs des plats des grands jours ou de simples crèmes glacées.
Douze mois plus tôt, il aurait été difficile pour les «Valentins» et «Valentines» de s’offrir une telle soirée dans «La cité de l’épervier». Un tel cadre n’existait pas dans la ville. En ce lieu de romance, les occupants se seraient retrouvés entre des butes de terre parsemées de souches d’herbes asséchées et d’arbres.
Il y a un an, en effet, l’espace où est érigé l’hôtel «trois étoiles», le plus grand de Manga, n’était qu’une portion d’une vaste clairière servant de culture de riz en saison hivernale. En désignant le Centre-Sud et particulièrement Manga comme hôte des festivités du 11- Décembre 2018, le gouvernement a changé positivement l’apparence de la ville.
Une nouvelle cité dans la cité
L’organisation de la fête du 11- Décembre 2018 a donné des couleurs à Manga.
La «petite ville» ou le «gros village» comme le quali-fiaient, à tort ou à raison, certains observateurs, a fait peau neuve grâce à la ribambelle d’infrastructures réalisées. Une prouesse de l’Etat et ses partenaires, mais également des forces vives de la région qui ont, elles aussi, mis la main à la pâte.
Des promoteurs de «Ramada Pearl Hôtel», la résidence hôtelière «La Grâce» et «Somkieta Plus» ont fait des investissements dans leur domaine, tandis que d’autres ont choisi le divertissement en construisant de nouveaux maquis ou des restaurants. D’autres encore se sont penchés sur le secteur du logement. La transformation de Manga dans ce domaine est d’ailleurs très significative.
Même si des travaux de finition sont encore en cours dans certains endroits, la cité des forces vives à la périphérie nord de la ville, par exemple, donne à voir aujourd’hui des demeures de divers standings. Là où jadis, on ne trouvait que des herbes et des arbres, s’étendent désormais des villas et des immeubles rivalisant de couleurs et d’architectures. Environ 200 maisons ont été construites sur ce terrain, selon les statistiques de la mairie de Manga.
Ces logements associés aux centaines d’autres construits par l’Etat, environ 300 logements sociaux et économiques, d’après la Direction régionale de l’Habitat et de l’Urbanisme du Centre-Sud (DRUH), ont transformé l’ancienne clairière de la périphérie nord de Manga en un quartier huppé. A l’image de Ouagadougou, la «cité de l’épervier» a désormais son «Manga 2018», son nec plus ultra avec ses immeubles et ses villas cossues.
Fin de calvaire
Le changement de Manga, c’est aussi ses rues bitumées. Il y’a peu, avant les festivités du 11- Décembre 2018, la route nationale n°29 (RN29), dont le bitume ne couvrait qu’environ quatre (4) kilomètres, n’était pas facile à emprunter. Les voies secondaires étaient toutes en terre, qui gravitaient autour de cette route principale.
Selon les données du département en charge des infrastructures du Centre-Sud, à l’occasion de la fête nationale, 40,8 kilomètres de voiries bitumées ont été réalisées pour un ensemble de 37 rues en enduit superficiel, une rue de 1,5 kilomètre en béton bitumineux et six kilomètres de routes en terre. Pour les usagers, la coulée de bitume sur ces voies sonnent la fin d’un long calvaire.
Finie la poussière aveuglante en saison sèche et la périlleuse boue en saison pluvieuse. Point besoin de grands détours pour les automobilistes pour rallier certains endroits de la ville, jadis difficilement accessibles surtout pendant l’hivernage. Le tronçon urbain de la RN29 est même méconnaissable dans son nouveau format. Il est passé d’une voie unique à une double voie large de huit (8) mètres chacune séparée d’un terre-plein central.
Les lampadaires solaires, dont il est maintenant doté, chassent l’obscurité qui le couve, la nuit tombée. Mieux, sur quatre des intersections de cette artère, ont été érigés des feux tricolores, les tout-premiers de Manga. Qu’il s’agisse de la RN29 ou des nombreuses voies bitumées qui caractérisent désormais la ville, des caniveaux ont été aussi réalisés sur leurs abords pour faciliter l’évacuation des eaux de ruissellement.
Une révolution dans le domaine de l’assainissement, car, la «cité de l’épervier»’ qui compte aujourd’hui un linéaire de 50,5 kilomètres de caniveaux exutoires en était complètement dépourvue.
Une kyrielle d’infrastructures
Avec les préparatifs de la 58e fête nationale de l’indépendance du Burkina Faso, Manga a bénéficié également de nouvelles bâtisses qui donnent aujourd’hui à la ville un aspect plus coquet. Les anciens bâtiments de rencontres et de spectacles rongés par l’usure ont fait place à des joyaux tout aussi reluisants que monumentaux, selon les termes de certains habitants. La salle polyvalente de 500 places en est une illustration.
L’édifice aux couleurs vives est, visiblement, dotée du nécessaire pour des spectacles ou des rencontres d’envergure : une vaste salle insonorisée et équipée de places assises confortables, une climatisation au point, une aire de parking… La place de la Nation avec sa tribune couverte, ses pavées et ses infrastructures connexes force également l’admiration. Un autre joyau qui ajoute une touche à la beauté de Manga est le stade régional.
Le repère des sportifs a connu un changement qualitatif avec un mur, des gradins, des pistes de courses… rénovés et un terrain de foot doté d’un gazon synthétique. A la liste des «belles » constructions, il faut adjoindre la maison de l’Appelé, de nouvelles stations de carburant, des sièges régionaux de structures comme la Chambre de commerce et d’industrie, des compagnies de téléphonie mobile et des banques. Le marché central de Manga, la maison de la Femme, des résidences d’autorités…sont également remis à neuf, donnant davantage à la ville un lustre sans précédent.
«Manga est devenu comme Paris»
Les habitants de la «cité de l’épervier» sont admiratifs du changement apporté dans leur ville. Si Pauline Ouédraogo, étudiante en 2e année d’économie à l’université Ouaga 1 Pr Joseph- Ki-Zerbo, trouve que la ville qui l’a vu naître est devenue «coquette» avec sa nouvelle cité, ses rues bitumées et ses grands centres, Yacouba Guigma, stagiaire dans une radio locale, estime que Manga n’a plus rien à envier aux autres grandes villes du pays et d’ailleurs.
«Manga est devenu comme Paris maintenant», s’exclame-t-il, tout sourire.
De toutes les réalisations, Yacouba Guigma se dit émerveillé par les rues bitumées et le nouveau «look» du stade régional. «En tant que jeune, c’est ce que j’apprécie le plus», fait-il savoir. Mais qu’importe l’âge et le sexe, les habitants de Manga, dans leur grande majorité, louent à souhait le coup d’accélérateur donné au processus d’urbanisation de la ville. Et même si certains s’attendaient à plus.
«Ceux qui sont contents sont plus nombreux que ceux qui ne le sont pas», soutenait Mgr Gabriel Sayaogo, évêque de l’église catholique de Manga, le samedi 12 janvier 2019. L’homme de Dieu s’exprimait ainsi à la prière commune organisée par les forces vives du Centre-Sud «pour remercier Dieu d’avoir permis le succès de l’organisation de la fête nationale à Manga ».
En attendant un Conseil des ministres…
Le maire de la commune, Jérôme Rouamba, s’estime lui aussi très comblé. Il reconnaît que «la cité de l’épervier» avait tant besoin de ces investissements pour répondre à sa qualité de chef-lieu de région. «Sans trop avoir honte de le dire, Manga était une des capitales régionales qui était un peu en deçà en matière de développement. Du coup, il y avait beaucoup à faire. Et tout ce qui a été réalisé était en priorité dans les attentes du conseil municipal et des populations», soutient-il.
Tout en saluant l’option du gouvernement de faire profiter les régions d’infrastructures socio-économiques à travers la commémoration tournante de la fête de l’indépendance du Burkina Faso, l’édile affirme avec force insistance que sa cité a franchi un cap qui lui permet de rivaliser désormais avec certains grands centres urbains du pays.
«Manga est devenu une ville d’attraction. Les infrastructures hôtelières ont gagné en capacité et en modernité. Nous sommes à même de pouvoir accueillir un conseil des ministres, aujourd’hui», argue-t-il. Toutefois, pour lui, il appartient aussi aux populations de prendre soin des infrastructures réalisées pour qu’elles profitent pendant longtemps à la ville et à la région.
Au demeurant, il en appelle au patriotisme des fils et filles de la localité résidant à l’étranger pour que chacun participe à la promotion de Manga ainsi qu’à son développement dont les bases sont maintenant posées.
Mamady ZANGO
mzango18@gmail.com
Pas de polémique !
Depuis la fin des travaux des premières infrastructures, des observateurs ont violemment critiqué leur qualité, estimant souvent que certaines d’entre elles ont été réalisées à la hâte et sans aucun sérieux. Pour le maire Jérôme Rouamba, ces polémiques n’ont pas de raison d’être. Car, les travaux ont été réalisés sous le contrôle assidu des services techniques. Il affirme également que les autorités et la société civile jouent conséquemment leur rôle de veille citoyenne pour que les infrastructures livrées soient de qualité. Quant au respect des délais, le maire a soutenu que le 11-Décembre n’est pas la date buttoir de la fin des travaux comme le pensent certains. «Même à Gaoua, il y a des travaux de finition qui sont toujours en cours. Ici aussi, les entreprises sont encore à pied d’œuvre même si l’intensité du travail a ralenti. Elles s‘appliquent tous les jours et nous sommes confiants qu’elles feront du bon boulot», affirme-t-il.
MZ
«La nature du bitume est une option»
Réagissant sur la nature de goudron réalisé sur les routes de Manga, le directeur régional des Infrastructures du Centre-Sud, Moussa Diallo, a déclaré qu’il ne s’agit pas d’un travail lapidaire exécuté mais une option du gouvernement. Il a affirmé que ce choix est surtout tributaire du volume de l’enveloppe allouée aux travaux. «Il ne faut pas oublier non plus que le budget voté n’est pas exclusivement réservé aux travaux d’aménagement des voiries, il y a également d’autres infrastructures à réaliser», a-t-il rappelé. Qu’à cela ne tienne, M. Diallo a estimé que l’enduit superficiel réalisé à Manga ne pose pas de problème compte tenu de la nature du trafic qui est moyenne. «C’est sur les routes empruntées par les gros porteurs avec un trafic dense qu’il faut nécessairement du béton bitumineux si non elles ne tiendront pas longtemps», argue-t-il. Toutefois, M. Diallo a précisé que pour que le bitume atteigne 15 ans comme le prévoient les études, il importe que les usagers adoptent de bons comportements pour éviter de l’altérer rapidement.
MZ