Désormais et à compter de ce mercredi, le 15 mai de chaque année est consacré à la Journée des coutumes et traditions au Burkina. Et ce, en vue de « valoriser nos coutumes et traditions, réaffirmer la laïcité de l’Etat et permettre à la religion traditionnelle de retrouver sa place dans la société », selon le ministre Emile Zerbo, en charge des libertés et du culte.
Pour marquer cette première édition, le programme officiel de l’Exécutif annonce 48 heures de réflexions, les 13 et 14 mai, avec une communication introductive sur : « Pourquoi l’institution d’une journée des coutumes et traditions au Burkina Faso ? », deux panels et des travaux en atelier qui regrouperont des chercheurs et la sève des personnalités bien imprégnées de la question.
Au-delà de ces réflexions et pour cette première, les Burkinabè attendent de voir le contenu que les coutumiers et traditionnalistes vont donner à cette journée qui, déjà dans les intentions, les replongera dans ce qu’ils ont de plus naturel. Il faudrait certainement attendre de voir pour comprendre, pour une population restée longtemps attachée à des valeurs cultuelles et culturelles venues d’ailleurs.
A coup sûr, cette initiative invite les Burkinabè à regarder et puiser en eux-mêmes, les ressources endogènes pour bâtir ensemble leur pays à ce moment précis de son histoire. Vivement donc que ce 15 mai puisse offrir aux Burkinabè la possibilité de se réapproprier ces pans entiers d’une tradition qui ne professe pas la méchanceté, la médiocrité, la haine et la violence, et qui, bien au contraire, prône l’amour du prochain, la tolérance et le vivre-ensemble.
Le 15 mai ne devra donc pas être que vestimentaire où chacun sortira la tenue la plus imprégnée de mystère et d’objets mythiques. Il ne sera pas non plus, une concurrence entre ceux qui auront les doigts de la main les plus parés de toutes sortes de bagues. Le 15 mai ne doit pas enfin être une journée de diversion, mais plutôt une journée qui exprime la diversité d’un peuple attaché à ses valeurs ancestrales.
La plus grande victoire de ce moment d’introspection sera de permettre à la tradition, ce miroir du passé qui protège le présent et projette vers l’avenir. Les Burkinabè sont donc attendus et doivent faire de cette date, une orientation officielle et sans complexe de leur culture, comme cela se fait ailleurs sans perturber l’ordre des choses.
Du reste, c’est bien parce que l’Etat a décidé de donner un caractère national et solennel à ce rendez-vous en lui consacrant une journée chômée et payée. Sinon, le Burkinabè y est depuis des lustres avec les Nabasga, les sorties de masques, les rituels de début et de fin de saisons des pluies, les initiations, etc. Elles sont donc là ces valeurs qui ont besoin d’être connues par toutes les composantes de la société.
Déjà imaginer que cette date trône auprès des autres grandes dates qui magnifient d’autres fêtes religieuses est un choix judicieux pour interroger le sens de notre développement à travers nos réalités.
Assetou BADOH