Pour la deuxième fois consécutive, la communauté nationale a célébré le 8 août 2020 à Banfora, la Journée nationale de l’arbre. 200 000 plants ont été mis en terre en réponse à la perte de 3 200 hectares de forêt par an, selon les chiffres de 2009 de la Banque mondiale. Depuis la création d’un ministère chargé de l’environnement en 1976, à la suite de graves sècheresses et inondations successives, l’écologie s’est imposée au Burkina Faso. Et ce ne sont pas les politiques environnementales volontaristes qui ont manqué. Les plus emblématiques ont été conduites sous la période révolutionnaire. La révolution sankariste a impulsé des mesures courageuses, telles que « les trois luttes»: lutte contre les feux de brousse, lutte contre la divagation des animaux et lutte contre la coupe abusive du bois comme pendants d’un idéal d’intégrité. Ces combats ont été d’une grande contribution dans le changement de mentalités et de pratiques vis-à-vis de l’environnement en encourageant l’utilisation de foyers dits améliorés.
S’il est vrai que l’intégrité prônée par les révolutionnaires d’août reposait sur des valeurs comme la probité, la conscience citoyenne et l’amour de la patrie, il n’en demeure pas moins qu’un volet très important de celle-ci est souvent occultée dans notre vie de tous les jours. C’est ce que la Journée nationale de l’arbre, initiée par le gouvernement vient rappeler à notre souvenir en ce mois d’août. A travers le mois de l’arbre, l’exécutif entend faire face au plus grand défi, au cours de ce siècle qui, selon l’ancien secrétaire général des Nations unies, « est de prendre une idée qui semble abstraite-le développement durable – et d’en faire une réalité quotidienne pour tous les peuples du monde». Il s’agit de la sauvegarde de l’environnement afin de mieux affronter les défis du changement climatique. En somme, il s’agit de rendre plus viable et certainement plus vivable notre monde, aussi bien pour nous-mêmes que pour les prochaines générations, au regard de l’évidence que l’action de l’homme pèse sur les ressources terrestres. Pour ce faire, celui-ci doit jouer son rôle dans l’invention et l’appropriation de nouveaux modes de vie «écolo ».
Pays sahélien enclavé avec une urbanisation galopante, le Burkina Faso fonde essentiellement son développement sur les principales potentialités naturelles que sont les terres, l’eau, les ressources minières, forestières, fauniques et halieutiques. Les dérèglements climatiques étant de nature à compromettre l’atteinte d’un développement durable, il est indispensable d’intégrer cette réalité dans les orientations et politiques de développement. Outre l’incitation par l’exemple à la consommation des produits locaux, notamment le concept de Faso dan fani, ayant conquis le cœur des populations et donné de l’emploi à des milliers de tisserands, le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, en droite ligne de ses aînés révolutionnaires, s’est engagé «dans la construction d’une conscience nationale citoyenne pour la protection de l’environnement ». Ce qui s’est traduit, entre autres, par l’adoption en juin 2018, de la « Politique sectorielle Environnement Eau et Assainissement 2018-2027 » dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES) et, dans la foulée, de l’institutionnalisation de la Journée de l’arbre.
Au-delà des symboles et de la consolidation des actions déjà entreprises, cette journée a tout pour cultiver en chaque Burkinabè, le réflexe de planteurs avec l’ambition de laisser un « héritage vert » à la postérité. Car, aujourd’hui et plus qu’hier, il est évident que «nous empruntons la terre à nos enfants ». Ce qui nous oblige à plus de responsabilité dans nos rapports quotidiens avec la nature. C’est donc, peut-être, à raison que la «réaction diligente et définitive des autorités » est attendue à propos de deux sujets controversés : le projet de construction d’un hôpital devant empiéter sur une portion de la forêt classée de Kua à Bobo-Dioulasso et le projet de lotissement qui menace la forêt de Gourga appartenant au prix Nobel alternatif 2018, Yacouba Savadogo.
Par Mahamadi TIEGNA
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