Pour une éducation à la patrie

Le Burkina Faso n’est pas un pays pauvre parce qu’il ne l’a jamais été. L’étiquette de pauvreté nous a été gravée dans la tête par ceux qui avaient intérêt à nous imposer une telle perception. Pendant des décennies, nous avons accepté d’entrer dans le moule de l’aliénation en nous abandonnant à la persécution mentale. Nous avons eu tort d’avoir laissé les prédateurs nous regarder en plongée et d’oser nous marcher dessus pour nous dépouiller jusqu’à notre dernier brin de fierté.

La fierté ou l’honneur, nous l’avions troqué avec la cupidité d’une partie des nôtres. Derrière la démocratie balbutiante aux relents de liberté piégée se tramait les péripéties suicidaires d’un peuple étranger à son propre destin. Sous la tutelle du maître à penser, nous avons mis en berne nos capacités propres, notre ingéniosité, voire notre créativité pour nous morfondre dans les cocons de l’assistanat qui secrète le développement. « On ne développe pas, on se développe », disait Joseph Ki Zerbo.

On peut développer un pays par la route, par l’industrie, par les ressources naturelles, mais lorsque l’approche de développement ne prend pas suffisamment en compte l’homme et ses valeurs socioculturelles et historiques comme un tout indissociable, c’est vain ! Pendant longtemps, nous avons subi des programmes de développement parfois conçus loin de nos réalités pour s’appliquer sans efficacité.

Mais, le Burkina Faso a décidé de prendre en main son destin en s’en prenant aux chaînes de la servitude. Et les dignes savent qu’il n’y a de voie salutaire que celle de la vraie indépendance. Il suffit de jeter un coup d’œil sur l’initiative Faso Mêbo pour se convaincre que les Burkinabè avaient soif de participer à l’édification de leur pays. Quand on aime son pays, on y apporte sa pierre ; on ne lui jette pas la pierre.

Faso Mêbo est devenue un symbole de solidarité patriotique qui fera certainement école et des émules ailleurs. Comme pour dire que nous aussi nous sommes capables de créer nos propres programmes de développement, sur fonds propres, avec une touche plus humaine et sociale, marquée du sceau de l’intégrité.

On a beau chercher la petite bête pour cracher le venin de la critique acerbe, l’initiative reste louable. Il reste à faire en sorte que les colporteurs de rumeurs meurent de leurs « tumeurs » sur l’autel de la vérité. En attendant, le pays fait la guerre en esquivant les crocs-en-jambe des siens propres, en encaissant les coups de l’inimitié fratricide, en se bâtissant coûte que coûte, vaille que vaille.

Il faut travailler à décentraliser l’initiative partout dans le pays pour donner la chance à tous les Burkinabè de laisser leur marque au pied de l’édifice national. Il suffit de voir l’immersion patriotique pour se rassurer que demain, il y aura des bras valides et des cœurs vaillants pour tenir ce pays et le prémunir des préconçus et autres préjugés. Finalement ceux qui criaient à la fatalité se sont plutôt rendus compte que l’enfer ce n’est pas que les autres. Il y a une part de feu en chacun de nous ; à chacun d’en faire un incendie ravageur ou un flambeau de lutte.

Les immergés ont reconnu l’utilité de l’initiative même si ce n’était pas de la sinécure. Mais qu’y a-t-il de facile dans la vie d’un homme en proie à l’adversité ? Qu’y a-t-il de plus banal dans l’histoire d’une nation qui se bat pour survivre à l’anéantissement ? Il n’y a rien de facile, point de banalité à négliger dans le destin d’un peuple. Ces jeunes bacheliers ressortent de leur immersion avec un parchemin plus brillant que le BAC, celui de l’initiation à l’amour de la patrie.

C’est aussi un défi et un appel à ces jeunes de rester constants dans le civisme et l’engagement patriotique afin que leur entourage soit irradié par leur nouvelle aura. C’est pourquoi l’éducation à la patrie doit être un concept qui secrète chez les Burkinabè le sens de la responsabilité en tant que citoyen. Chaque Burkinabè doit être un vecteur
de changement positif, un agent de développement qui sait qu’il a de la ressource et qu’il aime suffisamment son pays pour reculer face aux défis du moment.

Il y a une mission de développement en chaque citoyen, celle qui consiste à s’engager à toujours bien faire son travail et à agir dans la société avec le souci de préserver sa dignité. Et il suffit de voir le rang des inscriptions aux Camps vacances Faso Mêbo pour s’en convaincre.

Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr

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