Dans quelques heures, les Américains sauront qui du républicain Donald Trump ou du démocrate, Joe Biden, présidera aux destinées de leur pays, à l’issue du scrutin présidentiel tenu hier 3 novembre 2020. Mais, au-delà, c’est l’ensemble du monde entier qui attend impatiemment de savoir lequel des deux prétendants au bureau ovale de la Maison Blanche dirigera ce pays, considéré comme l’une des superpuissances mondiales. Le président Trump pourra-t-il rempiler pour un second mandat après une campagne apparemment discutée entre lui et son challenger ? En tous les cas, les différents sondages publiés çà et là laissent dubitatif sur les chances du champion des républicains, à conserver son fauteuil. Sur le continent africain, ce qui taraude les esprits, c’est de savoir de quoi sera faite la nouvelle politique étrangère américaine du futur président vis-à-vis de l’Afrique, de plus en plus courtisée par d’autres Etats comme la Chine et la Russie.
L’Afrique, toutes proportions gardées, aura été la grande absente des débats et dans les discours des deux candidats à la présidentielle américaine.
D’ailleurs, l’on retiendra que depuis son accession au pouvoir en 2016, jusqu’à son mandat finissant, le président sortant, Trump, n’a pas daigné effectuer de visite sur le continent, excepté celles de son épouse et de son secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, en février dernier. Toute chose qui a laissé libre court à toutes sortes d’élucubrations sur les mobiles d’une telle politique américaine de l’Afrique durant les quatre dernières années. Qu’est-ce qui peut sous-tendre un tel désintérêt, ce d’autant plus que nombre de ses prédécesseurs ont maintes fois foulé le sol africain ? Du point de vue de certains observateurs, une analyse poussée de cette attitude sonne comme un manque de considération pour le continent noir, pourtant berceau de l’humanité, qui entretient des liens séculaires avec le pays de l’Oncle Sam. Bien que le pays ait maintenu sa présence sur le continent dans ses principaux axes de coopération, on aura vu aussi une administration américaine qui a prêté très peu d’attention à cette partie du monde, sauf quand il s’agit d’enjeux géostratégiques importants.
Face à cette situation, cette ère de gouvernance qui s’ouvre avec l’élection d’un nouveau président est aussi source d’espoir pour les peuples africains. Celle de voir le continent africain se positionner comme l’une des priorités de l’administration américaine, afin de l’aider à surmonter certaines difficultés. D’ailleurs, avec l’intérêt de plus en plus poussée de la Chine sur le continent, le prochain président américain gagnerait surtout à réorienter sa politique étrangère. Car, la pérennité de son hégémonie à l’échelle planétaire en dépend. Mais, face aux nombreux défis, notamment la COVID-19, le changement climatique, la concurrence avec la Chine, la prolifération nucléaire, le Moyen-Orient, la Russie, etc., il est fort à parier que l’Afrique soit certainement reléguée au second plan. Bien que les piliers traditionnels de la politique américaine en Afrique tels que la lutte contre l’instabilité, l’aide humanitaire, la promotion de la démocratie et des institutions soient toujours de mise, il est attendu du futur dirigeant, un regain d’intérêt pour la lutte contre le terrorisme, l’aide à la gouvernance démocratique et bien d’autres questions non moins importantes.
Espérons qu’avec la prochaine classe dirigeante américaine, les appuis dans ces domaines vont se renforcer au grand bonheur des Etats africains en leur permettant d’occuper la place qui est la leur dans le concert des nations.
Soumaïla BONKOUNGOU