
Le ministère de la Justice, des Droits humains chargé des Relations avec les Institutions a clos une série d’activités entrant dans le cadre de la promotion de l’enseignement religieux au profit des pensionnaires de la Prison de haute sécurité (PHS), jeudi 14 août 2025.
Pour permettre aux détenus de la Prison de haute sécurité (PHS) de Ouagadougou d’être armés d’un esprit critique, un enseignement religieux leur a été dispensé, couplé d’autres activités d’insertion. La fin de la formation a été célébrée, jeudi 14 août 2025, au sein de la prison sous la présidence du directeur de cabinet du ministre de la Justice, des Droits humains chargé des Relations avec les Institutions, Garde des sceaux Bepoadi Sinini.
Pour le directeur général de la PHS, Pinga Zongo, au regard des préoccupations actuelles du Burkina Faso, l’administration pénitentiaire s’est résolument engagée à mettre en œuvre des actions concrètes de prévention et de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent. Cela pour assurer une réinsertion socioéconomique et une réintégration sociocommunautaire réussie des personnes détenues pour faits de terrorisme. Il a estimé que la présente cérémonie est un témoignage d’une conviction profonde que l’éducation religieuse peut être un puissant moteur de changement et de rédemption.
« Dans le contexte carcéral où les espoirs peuvent parfois s’estomper, l’enseignement religieux se présente comme un phare », a-t-il poursuivi. M. Zongo a ajouté que l’objectif est de déconstruire les mauvaises interprétations des textes sacrés qui peuvent malheureusement mener à des dérives dangereuses. Le directeur général de la PHS a également confié qu’il s’agit de promouvoir une compréhension éclairée basée sur des valeurs de paix, de tolérance, du respect mutuel, essentielles à la réinsertion et à la construction d ’une société plus juste et sûre.
Le directeur général adjoint de l’administration pénitentiaire, Fréderic Ouédraogo, a salué l’initiative de cet enseignement, parce que la prise en compte des ex-combattants des groupes armées est essentiel pour le retour de la paix et de la stabilité du Burkina Faso. « Il ressort des récents travaux du comité d’évaluation, classification et reclassification de la PHS que grâce à l’enseignement religieux il a été observé une nette évolution et un changement. La plupart des détenus, autrefois très radicalisés, sont aujourd’hui porteurs de discours nouveaux, reconnaissant leur égarement », a-t-il déclaré.
Pour ce faire, il a fait savoir que cette première édition de l’enseignement religieux est une formidable occasion de promouvoir les bonnes pratiques et de développer des pensées plus réalistes pour déconstruire les mauvaises interprétations.
Le directeur de cabinet du ministre chargé de la Justice, Bepoadi Sinini, a souligné que cette activité a été exécutée avec l’accompagnement de l’ONG PAX et la communauté musulmane par le biais du Cercle d’étude de recherche et de formation islamiques (CERFI). « Le ministère travaille toujours pour permettre aux prisonniers radicalisés de se retrouver, d’avoir une conscience lucide, une lecture claire et juste des textes sacrés parce que c’est fondamentalement sur cette base d’interprétation erronée des textes religieux que certains ont été recrutés », a-t-il expliqué.
De son avis, l’enseignement religieux va se poursuivre à la PHS et dans d’autres établissements pénitenciers.
La cérémonie de fin de formation a été un moment de repenti pour certains détenus. C’est le cas de Abdramane Diallo pris pour fait de terrorisme dans les environs de
Ouahigouya. « C’est un grand regret d’être ici pour fait de terrorisme. Mais avec l’engagement des responsables de la PHS nous avons été sensibilisés par des causeries éducatives. Ces causeries m’ont permis de comprendre que je suis burkinabè et je ne dois pas prendre des armes pour saccager les mairies, les centres de santé ou contre les autres Burkinabè », a-t-il confié. Idem pour Drissa Ouédraogo un acteur des groupes armés. « Je regrette ces gestes de destruction et je demande pardon pour tous les actes terroristes auxquels j’ai participé au Burkina Faso et qui ont occasionné des dégâts matériels et des victimes en vie humaine », s’est-il confessé.
Evariste YODA