Protection de l’enfant au Burkina Faso : le gouvernement fait le point sur la mise en œuvre de la stratégie nationale devant l’ALT

Le 1er vice-président de l’Assemblée législative de Transition, David Lompo, a présidé la séance plénière portant sur une question orale relative à l’état des lieux de la mise en œuvre de la Stratégie nationale de protection de l’enfant (SNPE) au Burkina Faso, mardi 29 juillet 2025 à Ouagadougou.

L’Assemblée législative de Transition (ALT) a accueilli, le mardi 29 juillet 2025, la ministre de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, Passowendé Pélagie Kaboré, venue répondre à une question orale avec débat sur la mise en œuvre de la Stratégie nationale de protection de l’enfant.

Le député Hermann Yelkouni, auteur de la question orale, a interpellé le gouvernement sur l’état des lieux de la mise en œuvre de la stratégie. Il a soulevé trois points majeurs à savoir la fin de la Stratégie nationale de protection de l’enfant (SNPE 2020-2024), dont l’évaluation est en cours ; le manque d’espaces aménagés pour les enfants, souvent détournés de leur usage initial ; la disparition des garderies populaires, remplacées par des structures privées inaccessibles à la majorité. M. Yelkouni a appelé à la réhabilitation des espaces publics et à la valorisation des savoirs traditionnels pour mieux soutenir les familles dans la prise en charge et l’éducation des enfants au Burkina.

Répondant à cette question orale, la ministre de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, Passowendé Pélagie Kaboré, a affirmé que cette session a permis de dresser un état des lieux précis de la stratégie qui repose sur quatre axes majeurs que sont la prévention, la mise en œuvre, le renforcement des capacités et le pilotage stratégique.

Elle a rappelé plusieurs avancées notables. « Plus de 200 000 personnes ont été sensibilisées aux droits de l’enfant à travers diverses campagnes menées sur l’ensemble du territoire national. En matière d’état civil, plus de 50 000 actes de naissance ont été délivrés à des enfants vulnérables, y compris des enfants handicapés et ceux victimes des pires formes de violences », a-t-elle relevé.

Par ailleurs, a affirmé la ministre Kaboré, des structures de prise en charge, notamment des espaces amis des enfants, ont été mises en place ou renforcées. Elle a également indiqué que le département a pu améliorer la prise en charge des enfants rencontrés lors des opérations de sécurisation du territoire, des enfants victimes de mutilations génitales féminines, de mariages forcés ou en situation de handicap. La ministre chargée de la Solidarité nationale a soutenu que certains ont bénéficié d’un accompagnement psychosocial, d’autres ont été orientés vers des familles d’accueil, des centres d’hébergement ou des établissements spécialisés, en fonction de leurs besoins. Des formations professionnelles ont aussi été dispensées pour favoriser leur réinsertion dans la société.

Des obstacles importants à lever

Malgré ces progrès, Passowendé Pélagie Kaboré a reconnu l’existence de contraintes majeures entravant l’exécution complète et dans les délais de la stratégie. Il s’agit principalement de la limitation des ressources financières, du contexte sécuritaire et humanitaire difficile, ainsi que du non-respect de certains engagements des partenaires techniques et financiers. « Ces facteurs ont ralenti la mise en œuvre de plusieurs actions prévues », a-t-elle souligné.

La ministre Passowendé Pélagie Kaboré a indiqué qu’il est de la responsabilité de chacun de construire un Burkina Faso sûr, protecteur et favorable à l’épanouissement de chaque enfant.

Pour ce qui concerne l’aménagement des aires de jeux pour enfants, Mme Kaboré a reconnu le retard. « L’aménagement reste encore embryonnaire et les rares infrastructures disponibles sont généralement privées, donc difficilement accessibles aux familles les plus vulnérables », a-t-elle indiqué. Toutefois, la ministre de la Solidarité nationale a précisé que le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat a désormais prévu l’intégration de ces aires dans les schémas directeurs d’urbanisation, avec l’espoir de voir leur réalisation concrète dans les années à venir.

La ministre Kaboré a également mis l’accent sur la nécessité de valoriser les mécanismes communautaires pour soutenir la petite enfance. Elle a évoqué des solutions telles que la redynamisation de la vie communautaire, la création d’espaces pour enfants dans les quartiers, la création et l’amélioration des associations de voisins solidaires, ainsi que la mise en place de brigades communautaires de prise en charge des enfants (des initiatives comme les brigades Kogl Kamba) afin de contribuer efficacement à la surveillance et à la protection des enfants, surtout dans un contexte où les deux parents doivent souvent s’absenter pour des raisons professionnelles.

La ministre de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale a rappelé enfin le caractère transversal et collectif de la protection de l’enfance. « Nous lançons un appel à l’ensemble des acteurs, société civile, partenaires techniques et financiers, collectivités territoriales, communautés pour conjuguer nos efforts », a-t-elle déclaré.

Wamini Micheline OUEDRAOGO
Joël Patrick Poukivilipba KOALA

 (Stagiaire)

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