Quand l’Afrique consciente et le reste du monde sympathisant se mobilisent autour du capitaine Ibrahim Traoré, pour donner le ton du grand tournant, l’impérialisme est aux abois à la croisée de ses tourments. Comme le noyé qui se débat dans son combat désespéré contre la mort, les maîtres d’hier de l’Afrique soumise sont entrés en transe depuis que l’Alliance des Etats du Sahel (AES) a sonné le glas de l’indépendance factice des années soixante. Tout comme le noyé qui est prêt à s’agripper à un serpent pour espérer « sauver son nez », les condescendants marchands d’illusion se sont vite rendu compte qu’ils ne peuvent plus régner sur la conscience des peuples assujettis d’hier.
Après les vaines tentatives de collision identitaire, perpétrées par les manipulations du journalisme à fric d’une Jeune Afrique sur cric ; après les multiples fantasmes manqués de sédition et de déstabilisation, les sponsors du chaos ont compris à leur dépens qu’il ne s’agit plus d’être le plus fort pour faire le poids devant la dialectique de l’histoire. La poule aux œufs d’or ne veut plus pondre pour ses ravisseurs, elle ne veut plus céder un seul œuf de sa couvée, même pas un morceau de coquille. Naguère classés parmi les pays les plus pauvres de la planète, traités de Pays pauvres très endettés (PPTE), aujourd’hui, le Burkina Faso, le Mali et le Niger font l’objet de levée de boucliers des « grandes puissances » dont les ressources et les raisons du développement viennent en partie de ses trois pays et de façon générale d’Afrique. Pourquoi donc perdre son temps à s’époumoner sur le numéro mal à propos d’un général ?
Quand l’Afrique et le reste du monde se mobilisent autour d’un capitaine, pour dire non au pillage des ressources du continent africain, les colons d’hier sont aux abois. La pilule ne passe pas, parce que ces anciens colons ne peuvent pas nous laisser aller vers l’indépendance vraie. Non, notre or ne nous appartenait pas, notre uranium nous était étranger, notre pétrole n’était que le pactole du dol consenti par des régimes en camisole au service de la métropole.
Finalement et drôlement d’ailleurs, ce sont ces pays au sous-sol fade qui se jouent les plus développés avec des réserves d’or pillé sur le continent africain et gardé en lieu sûr pour la postérité. Ce sont ces pays dits développés qui pompent nos ressources avec la complicité de dirigeants africains au règne sans fin. Mais pour sa souveraineté, le Burkina Faso se battra jusqu’à la dernière goutte de son intégrité, parce qu’entre la patrie et la mort, il y a toujours une victoire à brandir. Parce que notre intégrité est l’indice immatériel du vrai développement. Parce que notre refus de baisser le froc est devenu un slogan d’affirmation de soi emprunté à tous les opprimés de la terre. Parce que « l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère », disait Thomas Sankara !
Quand l’Afrique et le reste du monde se transforment en un grand « Rond-point capitaine Ibrahim Traoré », ce n’est ni pour les beaux yeux de l’homme ni pour ses galons encore moins pour sa fière allure. Le monde ne se mobilise pas parce qu’il a pris de l’argent à cet effet ; il se mobilise parce que le message qui vient du Burkina Faso est constant et sans ambages : la vraie indépendance de l’Afrique ne viendra jamais d’ailleurs, elle est dans la tête et entre les mains de chaque Africain ! Cette mobilisation, au-delà du symbole, doit faire école partout où il y a des opprimés. Elle vient montrer aux yeux du monde qu’il ne suffit pas de vieillir ou mourir au pouvoir pour avoir été utile. Elle nous prouve à souhait que seule la volonté politique est la clé du succès.
Il suffit de regarder le double combat mené sur le champ de bataille contre le terrorisme et sur les chantiers du développement pour se convaincre que même dans l’adversité on peut continuer à bâtir la cité. Elle montre qu’au-delà de tout ce qui peut nous opposer à l’interne dans cette guerre, il faut savoir aller à l’essentiel. Il serait donc utopique de penser que cette mobilisation en Afrique et à travers le monde n’est qu’un épiphénomène gonflé à la loupe avec un groupuscule de manipulés soudoyés à 2000 ou à 5000 francs près. En tout état de cause, ce 30 avril 2025 sonnera comme une alerte au monde libre quant à l’urgence d’une veille citoyenne burkinabè, africaine et mondiale plus accrue pour la bonne marche de la dynamique de l’Alliance des Etats du Sahel et pour une Afrique véritablement libre et indépendante. Ce 30 avril rappelle surtout à la Transition qu’au regard des enjeux du moment, l’erreur n’est plus permise !
Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr